C'est en sacrifiant une poule noire à minuit, dans
un carrefour isolé, qu'on engage le diable à venir faire pacte. Il faut
prononcer une conjuration, ne se point retourner, faire un trou en terre, y
répandre le sang de la poule et l'y enterrer. Le même jour, et plus
ordinairement neuf jours après, le diable vient et donne de l'argent; ou bien
il fait présent à celui qui a sacrifié d'une autre poule noire qui est une
poule aux oeufs d'or. Les doctes croient que ces sortes de poules, données par
le diable, sont de vrais démons. Le juif Samuel Bernard, banquier de la cour de
France, mort à quatre-vingt-dix ans en 1739, et dont on voyait la maison à la place
des Victoires , à Paris , avait , disait-on, une poule noire qu'il soignait
extrêmement ; il mourut peu de jours après sa poule, laissant trente-trois
millions. La superstition de la poule noire est encore très répandue. On dit
en Bretagne qu'on vend la poule noire au diable, qui rachète à minuit, et paye
le prix qu'on lui en demande. Il y a un petit livre dont voici
le titre :« La
Poule Noire, ou la poule aux oeufs d'or, avec
la science des talismans et des anneaux magiques, l'art de la nécromancie et
de la cabale, pour conjurer les esprits infernaux, les sylphes , les ondins ,
les gnomes , acquérir la connaissance des sciences secrètes, découvrir les
trésors et obtenir le pouvoir de commander à tous les êtres et déjouer tous les
maléfices et sortiléges, etc. »
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