POSSESSION
La possession désigne le fait qu'un être humain
soit habité par un démon (ou plusieurs). La notion de possession est très
ancienne. Les Evangiles nous montrent le Christ chassant les démons du corps
des possédés. Le Moyen Age eut ses possédés et le phénomène fut d'une extrême
fréquence jusqu'à la Révolution. Lorsqu'on interrogeait un possédé, c'était le
démon lui-même qui répondait ; il déclinait son nom. Pour les tribunaux
ecclésiastiques, le possédé était une victime, mais nullement un responsable.
En cas de sortilège, il permettait même de savoir qui s'était rendu coupable de
sorcellerie et comme tel, interrogé. (Strictement... c'était le démon qui était
interrogé ! Curieux témoignage pour un tribunal ecclésiastique, et piètre
garantie pour la Justice !). On connaît la scandaleuse histoire des Ursulines
de Loudun, dans laquelle l'hystérique et vindicative Supérieure Jeanne de
Belciel (soeur Jeanne des Anges !) conduisit au supplice de la question
ordinaire et extraordinaire, puis au bûcher, Urbain Grandier, prêtre de Loudun
(début du xvlle siècle). Or, des histoires de possessions collectives et
individuelles couraient perpétuellement la France et l'étranger.
Il y a encore des possédés. On peut les observer,
dans les asiles d'aliénés où ils sont le plus souvent. Il leur arrive de «
parler des langues inconnues », « de révéler des choses justes et lointaines »
(qui n'arrivent pas), de « faire paraître des futures au-dessus de la nature
humaine » — comme disait le Rituel en énumérant les signes assurés de la
possession ; mais « ils ne s'élèvent pas dans les airs et n'y restent pas
suspendus sans aucun appui » (les possédés de la belle époque non plus,
d'ailleurs). Le nombre de ces malheureux est limité ; il y a trois ou quatre
cents ans, ils étaient infiniment plus nombreux, parce que les mythomanes,
hystériques, 'etc... et simulateurs venaient grossir les rangs.
Comment, dès lors, interpréter les possessions dont
il est parlé dans les Evangiles ? A notre avis, de la façon suivante : les
Ecritures rapportent, selon le vocabulaire et les croyances du temps, des faits
que Jésus n'a jamais pris le soin d'expliquer aux Apôtres. En fait, Jésus,
semble-t-il, savait ce qu'il faisait, faute de quoi il n'aurait pas eu ce taux
d'efficacité. Ce qui marque en tout cas l'erreur du Moyen Age et au-delà, c'est
que jamais l'Eau bénite n'a chassé un seul démon, sauf chez les simulateurs.
Par ailleurs, et enfin la notion de Démons (voir ce mot) est assez proche de
celle d'Entité, et par conséquent d'Entité morbide (nous ne forçons pas les
mots ; voir Essai sur la Guérison, du Dr Allendy). Dans ces conditions, on peut
parler de Démons pour parler des maladies, alors que l'Eglise ignore dans la
possession une maladie.
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