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LE DICTIONNAIRE DES SCIENCES  OCCULTES

 

D'après J.Collin de Plancy

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 TABLE D'EMERAUDE

Document d'origine égyptienne ou grecque, sur lequel se fondaient les alchimistes dans leurs recherches. On l'attribue à Hermès et le texte même de la table confirme cette origine, encore que cette origine soit difficile à situer historiquement. Voici le texte de la Table d'Emeraude

1. — Il est vrai, sans mensonge, très véritable.

2. — Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas pour faire des miracles d'une seule chose.

3. — Et comme toutes les choses ont été et sont venues d'Un, ainsi, toutes choses sont nées dans cette chose unique par adaptation.

4. — Le soleil en est le père, la lune en est la mère, le vent l'a porté dans son ventre, la terre est sa nourrice.

5. — Le père de Tout, le Thélème est ici. Sa force est entière si elle est convertie en Terre.

6. — Tu sépareras la Terre du Feu, le subtil de l'épais, doucement, avec grande industrie.

7. — Il monte de la Terre au Ciel et derechef, il descend en terre et il reçoit la force des choses supérieures et inférieures.

8. — Tu auras par ce moyen toute la gloire du monde et toute obscurité s'éloignera de toi.

9. — C'est la Force forte de toute force, car elle vaincra toute chose subtile et pénétrera toute chose solide.

10. — Ainsi le monde a été créé.

11. — De ceci seront et sortiront d'innombrables adaptations desquelles le moyen est ici.

12. — C'est pourquoi j'ai été appelé Hermès Trismégiste, ayant les trois parties de la Philosophie du Monde.

13. — Ce que j'ai dit de l'opération du Soleil est accompli et parachevé.

 

Le treizième verset, qui ne figure pas sur la majorité des reproductions, est très douteux.

On y retrouve l'expression du principe d'analogie, de la polarité (bi­naire, ternaire, etc...), de l'évolution et de la purification. Néanmoins, les spécialistes eux-mêmes sont indécis sur le plan auquel s'adaptent les préceptes de la Table d'Emeraude et sur l'interprétation de bien de ses points. Pour Allendy, le sens primaire peut être découvert assez facilement ; nous le résumons ci-dessous :

1. — La même chose y est exprimée sous trois formes pour marquer la triplicité fondamentale de l'unité (voir Philosophie chinoise, Kabbale, Théo­logie, etc...). Ce verset prône la vérité d'observation, expérimentale et essen­tielle (elle peut être matérielle. physiologique, spagyrique ou spirituelle d'ailleurs).

2. — Principe de dualité apparente de l'unité et de 1'inséparabilité des parties. C'est une expression du Principe d'Analogie.

3. — Si l'unité est susceptible de devenir ternaire, inversement, le ter­naire est l'organisation de l'unité (schéma d'adaptation de Mercure qui est hermaphrodite). C'est aussi le ternaire dialectique.

4. — Les quatre éléments de la nature, qui sont aussi les quatre phases du cycle.

5. — Ce verset définit la cinquième essence de la nature (Spiritus, Se­mence ou Quintessence, Akasa des Indiens, Aither des Platoniciens). C'est la théorie énergétique de la matière. Mais l'énergie est d'autant plus con­densée que la matière est plus épaisse (si elle est convertie en terre).

Jusque-là, la Table d'Emeraude donne une genèse métaphysique de la vie : individualité, différenciation, adaptation, cyclicité, énergie. A partir de là, il s'agit du Grand Œuvre.

6. — La purification. Perfectionnement personnel ou universel. Epuration.

7. — C'est l'aspir et le respir de la création. Il est le Thélème (Spiritus Mundi). On peut aussi penser aux réincarnations successives, ce qui permet-trait d'interpréter : « Il reçoit la force des choses supérieures et inférieures. »

8. — Réalisation ou béatification ou libération karmique.

9. — Le grand fluide universel (Mulaprakriti représenté par le serpent Suroboros qui entoure le monde, le Koïlon). Le Thélème est en quelque sorte la force, et le Koïlon, le champ. En fait, le Koïlon serait plutôt une résistance. C'est en elle que les bulles et les tourbillons qui constituent la matière s'éva­nouiront lors du prayala. C'est Yesod.

10. — C'est Malchut, l'unité finale purement statique.

11. — Le nombre onze représente l'effort de l'individualité dans le cos­mos qui la contient.

12. — Rappel des trois plans (nature matérielle, nature vivante, nature spirituelle). 12 a d'ailleurs pour valeur secrète 3.

Par ailleurs, il est bien évident que la Table d'Emeraude, répartie en douze versets, a des correspondances symboliques avec les signes du Zodiaque. Celle-ci comme ceux-là traduisent en effet le déroulement naturel des choses, sur tous les plans. Telle qu'elle se présente, la Table d'Emeraude a servi de fil conducteur aux alchimistes dans leurs travaux. Cela seul devrait démontrer que l'alchimie n'était pas un tâtonnement préchimique comme on le dit trop souvent.

 TABLES TOURNANTES

On sait que les spirites ont coutume d'interroger les guéridons qui doivent, dans la règle, être légers et avoir trois pieds. Il ne faut pas confondre cette pratique avec les expériences menées par les métapsychistes et qui ont pour but de provoquer la lévitation. Ce dernier phénomène peut être obtenu avec des tables extrêmement lourdes, ou avec toutes sortes d'objets qui ne sont pas des tables, ou avec des tables qui n'ont pas trois pieds.

Pour faire parler les tables, les assistants font la chaîne et « chauffent » le guéridon. Sous les pressions inconscientes des mains, ce dernier penche alors d'un côté ou de l'autre. Quand il revient à sa place, le pied qui était soulevé vient frapper le sol. On compte les coups successifs en attribuant la valeur a à un coup, b à deux coups, c à trois coups, etc... Dans la tra­dition, on compte aussi, après une question alternative posée : un coup pour oui, deux coups pour non. L'opérateur requiert le silence. Dès que la table donne des signes d'activité, on demande à l' « esprit » s'il est là et s'il a une communication à faire. Si la table se soulève d'une façon nette, on pose des questions, ou on sollicite un message. Les messages obtenus ont une qualité extrêmement variable. Ils peuvent être excellents si l'un des opéra­teurs est doué de voyance. Dans le cas contraire, il est le produit de l'inconscient collectif  y compris de celui des personnes présentes même si elles ne touchent pas la table.

Nous avons vu personnellement, au cours de telles séances, un de nos amis doué d'un pouvoir de suggestion d'ailleurs assez moyen dans la géné­ralité des cas, se tenir dans un coin de la pièce, silencieux et effacé, et faire dire à l'esprit tout ce qu'il désirait faire dire au guéridon et qu'il annonçait d'avance au petit groupe des personnes que nous formions près de lui. Faut-il pour autant proscrire la pratique du guéridon ? Non. Parce que dans bien des cas, c'est pour certains un moyen d'interroger leur inconscient. Par ailleurs, il est des cas où la tension psychique est telle, qu'indépendamment des intentions et curiosité des opérateurs, des phénomènes de lévitation se produisent qui les effraient parfois. Comme ces phénomènes sont diffi­ciles à produire, il faut se réjouir de pouvoir les constater et penser qu'ils peuvent constituer une aide aux efforts de la métapsychique.

 TACITURNITE

Le diable jette souvent un sort sur ses suppôts, que l'on appelle le sort de taciturnité. Les sorciers qui en sont frappés ne peuvent répondre aux demandes qu'on leur fait dans leur procès. Ainsi Boullé garda le silence sur ce qu'on cherchait à savoir de lui, et il passa pour avoir reçu le sort de taciturnité

 TACOUINS

Espèce de fées chez les mahométans; leurs fonctions répondent quelque­fois à celles des Parques chez les anciens. Elles secourent plus habituellement les hommes contre les démons et leur révèlent l'avenir. Les romans orientaux leur donnent une grande beauté, avec des ailes comme celles des anges.

 TAINGAIRI

Esprits aériens chez les Kalmouks. Ils animent les étoiles, qui passent pour autant de petits globes de verre. Ils sont des deux sexes.

 TALISSONS

Prêtres des Prussiens aux siècles de l'idolâtrie. Ils faisaient l'oraison funèbre du mort, puis, regardant au ciel, ils criaient qu'ils voyaient le mort voler en l'air à cheval, revétu d'armes brillantes, et passer en l'autre monde avec une grande suite.

 TAILLETROUX (JEANNE)

Femme de Pierre Bonnevault, sorcière que l'on accusa  à Montmorillon en Poitou (année 1599), d'avoir été au sabbat. Elle avoua dans son in­terrogatoire que son mari l'ayant contrainte de se rendre à l'assemblée infernale , elle y fut et continua d'y aller pendant vingt-cinq ans ; que la première fois qu'elle vit le dia­ble, il était en forme d'homme noir ; qu'il lui dit en présence de l'assemblée : Saute! saute! qu'alors elle se mit à danser ; que le diable lui demanda un lopin de sa robe et une poule, etc. Convaincue par témoins d'avoir, au moyen de charmes, malélicié et fait mourir des personnes et des bestiaux, elle fut condamnée à mort ainsi que son mari.

 TALYS

Ttalismans employés dans les mariages chez les Indiens. Dans quelques castes, c'est une petite plaque d'or ronde, sans empreinte ni figure ; dans d'autres, c'est une dent de tigre; il y en a qui sont des pièces d'orfévrerie materielles et informes.

 TALAPOINS

Magiciens qui servent de prêtres aux habitants du royaume de Lao, en Asie, et qui sont très-puissants.

Les Langiens (peuples de Lao) sont fort entêtés pour la magie et les sortilèges. Ils croient que le moyen le plus sûr de se ren­dre invincibles est de se frotter la tête d'une certaine liqueur composée de vin et de bile humaine. Ils en mouillent aussi les tempes et le front de leurs éléphants. Pour se procurer cette drogue, ils achètent des talapoins la permission de tuer. Puis ils chargent de cette commission des mercenaires qui en font leur métier. Ceux-ci se postent au coin d'un bois et tuent le premier qu'ils rencontrent, homme ou femme, lui fendent le ventre et en arrachent le fiel. Si l'assassin ne rencontre personne dans sa chasse, il est obligé de se tuer lui-même, ou sa femme, ou son enfant, afin que celui qui l'a payé ait de la bile humaine pour son argent.

Les talapoins profitent avec adresse de la crainte qu'on a de leurs sortiléges, qu'ils donnent et qu'ils ôtent à volonté, suivant les sommes qu'on leur offre.

On lit dans Marini beaucoup d'autres dé­tails, mais la plupart imaginaires, l'auteur ayant voulu faire quelquefois assez méchantment, sous le manteau des talapoins, des allusions misérables aux moines chrétiens.

 TALISMANS

Un talisman (du mot arabe Tilsam) est un objet destiné à protéger celui qui le porte ou à lui conférer certains pouvoirs. Il en existe de toutes sortes (objets, bijoux gravés, tablettes de bois portant des inscriptions, gemmes, herbes, parchemins couverts de formules, etc...). L'ac­tion magique réelle ou supposée des talismans procède dans quelques cas d'un raisonnement rudimentaire. Ainsi, en Egypte antique, on portait un écheveau de filasse pour se protéger des mauvais esprits. Ces derniers étaient censés devoir en compter tous les fils avant de s'attaquer au porteur, tâche au bout de laquelle ils ne parvenaient jamais. Au Moyen Age, en Europe, on retrouve la même pratique contre le Diable. Mais l'art des talismans s'en­richit considérablement des éléments de la Kabbale. C'est, en quelque sorte, l'ère scientifique du talisman, qui va l'apparenter au pantacle.

 TAMBOUR MAGIQUE

C'est le principal instrument de la magie chez les Lapons. Ce tambour est ordinairement fait d'un tronc creusé de pin ou de bouleau. La peau tendue sur ce tambour est couverte de figures symboliques que les Lapons y tracent avec du rouge.

 TANAQUIL

Femme de Tarquin l'Ancien. Elle était habile dans la science des au­ures ; on conservait à Rome sa ceinture, à laquelle on attribuait de grandes vertus.

 TANCHELM ou TANCHELIN

De 1105 à 1123, cet hérétique dissolu fut en si grande vénération à Anvers et dans les contrées voisines, qu'on recherchait ses excréments comme des préservatifs, charmes et phylactères .

 TARENTULE

On prétend qu'une seule piqûre de la tarentule suffit pour faire danser. Un coq et une guêpe piqués de cette sorte d'araignée ont dansé, dit-on, au son du violon et ont battu la mesure. Si l'on en croit certains naturalistes, non-seulement la tarentule fait danser, mais elle danse elle-même assez élégamment. Le docteur Saint-André certifie qu'il a traité un soldat napolitain qui dansait tous les ans quatre ou cinq jours de suite, parce qu'une tarentule l'avait piqué. Ces merveilles ne sont pas encore bien expliquées.

 TARNI

Formules d'exorcisme usitées chez les Kalmouks. Ecrites sur du parchemin et suspendues au cou d'un malade, elles passent pour avoir la vertu de lui rendre la santé.

 TARTARE

Enfer des anciens. Ils le plaçaient sous la terre, qu'ils croyaient plate, à une telle profondeur, dit Homère, qu'il est aussi éloigné de la terre que la terre l'est du ciel. Virgile le dépeint vaste, fortifié de trois enceintes de murailles, et entouré du Phlégéton. Une haute tour en défend l'entrée. Les portes en sont aussi dures que le diamant; tous les efforts des mortels et toute la puissance des dieux ne pourraient les briser. Tisiphone veille toujours à leur gar­de, et empêche que personne ne sorte, tandis que Rhadamanthe livre les criminels aux furies. L'opinion commune était qu'il n'y avait plus de retour pour ceux qui se trouvaient une fois précipités dans le Tartare. Platon est d'un autre avis : selon lui, après qu'ils y ont passé une année, un flot les en retire et les ramène dans un lieu moins douloureux.

 TARTINI

Le célèbre musicien Tartini se couche ayant la tête échauffée d'idées musi­cales. Dans son sommeil lui apparaît le diable jouant une sonate sur le violon. Il lui dit: — Tartini, joues-tu comme moi? Le musicien, enchanté de cette delicieuse harmonie, se réveille, court à son piano et compose sa plus belle sonate, celle du diable.

 TATIEN

Hérétique du deuxième siècle, chef des encratites, qui attribuaient au démon la plantation de la vigne et l'institution du mariage.

 TAUPE

Elle jouait autrefois un rôle im­portant dans la divination. Pline a dit que ses entrailles étaient consultées avec plus de confiance que celles d'aucun autre animal. Le vulgaire attribue encore à la taupe certaines vertus. Les plus merveilleuses sont celles de la main taupée, c'est-à-dire qui a serré une taupe vivante jusqu'à ce qu'elle soit étouffée. Le simple attouchement de cette main encore chaude guérit les douleurs de dents et même la colique. Si on enveloppe un des pieds de la taupe dans une feuille de laurier, et qu'on la mette dans la bouche d'un cheval, il prendra aussitôt la fuite, saisi de peur. Si on la met dans le nid de quelque oiseau, les oeufs deviendront stériles.

De plus, si on frotte un cheval noir avec de l'eau où aura cuit une taupe, il deviendra blanc  

 TAUREAU

Le symbolisme du Taureau procède de la solidité, de la fécondité et du printemps. C'est la force végétative placide et féminine, l'instinct dans son sens le plus terrestre incluant la lenteur de la maturation et la toute puissance de l'obsti­nation. C'est l'économie opposée à la légèreté comme à l'avarice, le paysan opposé à tous les autres hommes et professions, la pondération opposée à l'enthousiasme. Correspondances : Terre, Froid, Sécheresse, Nuit, Printemps, Féminité, Fécondité. Parties du corps : le cou et la nuque. Planètes : Vénus y a son domicile nocturne et Proserpine son domicile ; la Lune y est en exal­tation ; Mars y est en exil. Métaux : bronze, laiton. Minéraux : albâtre, corail blanc, agate. Couleur : le blanc.

 TAVIDES

Caractères que les insulaires des Maldives regardent comme propres à les garantir des maladies. Ils s'en servent aussi comme des philtres, et prétendent, par leur moyen, inspirer de l'amour.

 TELCHINES

Magicien et enchanteur a qui les Grecs attribuaient la création de plusieurs arts. Il habitait Péloponèse ou l’île de Rhodes.

 TELERGIE

La Télergie désigne l'ensemble des phénomènes dans lesquels la force psychique développe un travail matériel. En termes plus simples, la télergie désigne l'action à distance sur les objets. Outre le cas de déplacements d'objets au cours du dédoublement, il est arrivé maintes fois dans des séances expérimentales, que les chaises soient projetées en tous sens et les expérimentateurs et témoins bousculés, sans qu'on ait pu déceler de supercherie. Mais des expériences systématiques ont été faites sur la lévitation (objets soulevés sans contact) et par des expérimentateurs aver­tis (des physiciens comme Crookes ou Branly, des physiologistes comme Charles Richet, par exemple), avec des résultats positifs. Quant au dépla­cement spontané d'objets de tous poids et solidement fixés, on en a enregistré de tous les temps. Maxwell cite une série de faits contrôlés par une plu­ralité d'observateurs.

 TELLEZ (GABRIEL)

Plus connu sous le nom de Tirso de Molina, auteur du Diable prédi­cateur, drame dans le génie espagnol. A cinquante ans, ce poëte dramatique renonça au théâtre et se lit religieux de l'ordre de la Merci. Nous faisons cette remarque parce qu'à propos de quelques plaisanteries un peu libres semées dans ses pièces, les critiques philosophes l'ont traité de moine licencieux, oubliant qu'il n'était pas moine quand il écri­vait pour la scène.

 TEMPETES

On croit, sur les bords de la Baltique, qu'il y a des sorciers qui, par la force de leurs enchantements, attirent la tempête, soulèvent les flots et font chavirer la barque du pêcheur.

 TEMPS

Il était dans la nature des choses que le temps soit d'abord inaperçu, puis découvert et considéré comme un absolu, puis qu'on découvre sa corrélation avec l'espace. Kant est venu remettre les choses en place en faisant du temps et de l'espace des formes pures a priori de l'intuition sensible c'est-à-dire des catégories de la sensibilité. Il fallait pourtant que bien des années s'écoulent encore pour qu'on en vienne à consi­dérer la relativité du temps : cela a demandé les travaux d'Einstein, les dis­cussions célèbres de l'ère bergsonnienne autour du temps vécu, etc..., etc... Nous en arrivons présentement à imaginer (mais pas encore à concevoir) l'indépendance de la notion de temps par rapport à la notion d'existence.

Il y a belle lurette que la sagesse orientale a donné des noms à l'univers intemporel et aux états situés hors du temps. Les esprits forts d'Occident ont voulu voir là des artifices littéraires ou de spéculation gratuite. Or, il existe, expérimentalement, des états psychologiques dans lesquels la notion de temps disparaît sans que pour cela disparaisse la connaissance bien au contraire, puisque, dans cet état, ce sont les articulations de l'univers qui apparaissent à la conscience, débarrassée de toute contingence égocentrique de relation temporelle. Caricaturalement, on retrouve quelque chose d'analogue lorsqu'on pense à n'importe quelle loi de déroulement : la succession des jours et des nuits, la loi de Joule, ou toute autre. Pour la loi de joule, cela veut dire que je connais l'échauffement d'un conducteur succédant au fait qu'il est parcouru par un courant : cela ne porte ni date, ni lieu, cela est vrai pour le passé comme pour l'avenir, c'est une structure du monde. Lors-qu'on en arrive à penser le monde par sa structure, tous les déroulements possibles y sont sous-entendus et cela relève d'un état psychologique connu.

Si l'infirmité de notre cerveau faisait que le temps crée des barrières infranchissables en tous sens, on pourrait encore comprendre que l'idée d'une réalité intemporelle déconcerte. Mais, à bien y réfléchir, lorsque nous tour­nons nos regards vers le passé, nous découvrons bien le monde des souve­nirs et des documents, choses dont la nature nous échappe, mais qui sont absolument dégagées du temps. Au surplus, on ne voit pas pourquoi il sem­ble tout naturel de connaître l'univers intemporel du passé, et si inconcevable un univers intemporel du futur !

Le Temps est non seulement une catégorie de la sensibilité (et, à ce titre, dépassable), mais encore et à cause de cela il frappe à toutes les conceptions humaines d'ambivalence. Parce que l'homme est fait d'étages superposés voués à des interdits différents, chaque notion nous apparaît à la fois sous sa forme temporelle et manifestée et sous la forme de son principe intemporel. C'est cette ambivalence qui a déchaîné le monde autour des querelles d'Aristote contre Platon, de saint Thomas contre saint Augustin, de Kirkegaard et des existentialistes contre les idéalismes modernes. Le mo­ment est d'ailleurs proche où l'on situera la question sur un plan plus sain à l'avènement de ce que Ranamaarshi appelle l'homme nouveau.

Dieu merci, la science prépare le chemin et son intervention est précieuse puisqu'elle parle précisément le langage que les cerveaux actuels entendent. De la science, ils acceptent, faute de pouvoir faire autrement, la merveil­leuse histoire du « Boulet de Langevin », selon laquelle un observateur s'éloignant de la terre à une vitesse proche de celle de la lumière et revenant à son point de départ après deux ans, retrouverait la terre vieillie de deux cents ans. Pour le moment, tout cela a l'attrait du mystère pour les uns, et l'at­trait du casse-tête pour les autres. Un jour vient où l'on s'apercevra que c'est tout naturel. Cette cécité qui frappe l'homme a des conséquences pra­tiques invraisemblablement variées. Le Temps est un aspect du démon, car il lie l'homme aux misérables conditions de son égo. Pour être juste, il faut dire aussi qu'il est une source d'enrichissement, puisqu'il nous permet de participer à la manifestation ; le tout est de ne pas être dupe de ce leurre.

 TEPHRAMANCIE ou TEPHROMANCIE

Divination par laquelle on se servait de la cendre du feu qui, dans les sacrifices, avait consumé les victimes.

 TERAPHIM

La Tradition considère les Téraphims comme des idoles automatiques, animées d'une âme, capables de rendre des oracles lors-qu'elles étaient consultées. Elles étaient souvent consacrées en figures hu­maines ou animales. Ex.: un cavalier en bronze couvert de son bouclier, la lance à la main, qui se tournait de lui-même du côté où le danger mena­çait, laissait tomber sa lance pour indiquer le moment de l'attaque, ou res-tait immobile et fixe quand nul danger ne se présentait. Ex.: un bélier d'ai­rain portant un coq aux ailes déployées, qui se tournait du côté d'où venaient les ennemis, le coq agitant ses ailes, chantant dès qu'un péril menaçait.

D'après Balthazar Beckker, théologien protestant du xvn° siècle, les Téraphims se rattachent à une effroyable cérémonie nécromantique. Pour en obtenir un, il fallait assassiner le premier de ses enfants, et sa tête ouverte, frottée de sels d'ammoniaque et d'huile, entourée de cierges, répondait aux questions posées sur l'avenir, pourvu qu'on ait placé sous sa langue une lame d'or vierge tracée de caractères magiques tels que Belzébuth. Asmodée, Samaêl, etc... Il semblerait que cette version ait eu quelque vérité puisqu'au Moyen Age de nombreux meurtres rituels commis sur des enfants furent découverts, principalement exécutés par des juifs sur leurs propres enfants. Il existe, à la Bibliothèque de l'Arsenal, le livre de Kabbale d'Abraham le Juif, dans lequel une enluminure figure des juifs recueillant le sang des en­fants non juifs, pour leurs opérations magiques.

On accusa les Templiers d'adorer dans leurs cérémonies secrètes une tête monstrueuse de Baphomet qui, aux termes des accusations du procès, aurait été un Théraphim. On accusa aussi Gilles de Rais, en 1440, de commerce avec les puissances infernales ainsi que d'avoir à cet effet, commis des centaines de meurtres d'enfants qui furent égorgés par lui avec des raffinements sadiques. Il reconnut publiquement ses forfaits et fut condamné à être pendu et brûlé.

On peut difficilement faire la part des choses dans un domaine aussi confus où le meurtre rituel se mêle au sadisme ou à la naïveté. Quant à la divination par les statues animées ou non, elle rappelle par certains côtés la divination par la contemplation de portraits, telle qu'elle se pratique couramment chez ceux « qui sont guidés par leurs morts ». Le fond émo­tionnel et la présence occulte de la mort ouvrent les portes devant l'intuition et la projection de l'inconscient s'opère alors quelquefois collectivement. La littérature nous offre l'exemple imaginé du Portrait de Dorian Grey, qui est célèbre. Sous une forme plus élevée, il faut mentionner aussi la techni­que des statuettes de méditation donnant le don de voyance. Un des cou-vent du Mont Athos, aujourd'hui disparu, avait poussé cette technique assez loin, et pratiquait la voyance sur des figures abstraites, dont la structure n'était d'ailleurs pas quelconque, mais fixée comme était fixée traditionnelle-ment la forme des téraphims.

 TERATOSCOPIE

Divination qui tire des présages de l'apparition de quelques spectres vus dans les airs, tels que des armées de cavaliers et autres prodiges, dont parlent les chroniqueurs.

 TERRESTRES ou SOUTERRAINS

Espèce de démons que les Chaldéens regardaient comme menteurs, parce qu'ils étaient les plus éloignés de la connaissance des choses divines.

 TERVAGANT

Démon fameux au moyen âge, comme protecteur des Sarrasins.

 TERVILLES

Démons qui habitent la Norwege. Ils sont méchants, fourbes, indiscrets, et font les prophétiseurs.

 TESPESION

Enchanteur qui, pour montrer qu'il pouvait enchanter les arbres, commanda à un orme de saluer Apollonius de Tyane; ce que l'orme fit d'une voix grêle.

 TETE DE SAINT JEAN

Un devin s'était rendu fameux dans le dix-septième siècle, par la manière dont il rendait ses oracles. On entrait dans une chambre éclairée par quelques flambeaux. On voyait sur une table une représentation qui figurait la tête de saint Jean-Baptiste dans un plat. Le devin affectait quelques cérémonies magiques ; il conjurait ensuite cette tête de répondre sur ce qu'on voulait savoir, et la tête répondait d'une voix intelligible, quelquefois avec une certaine exactitude. Or, voici la clef de ce mystère : la table, qui se trouvait au milieu de la chambre, était soutenue de cinq colonnes, une à chaque coin et une dans le milieu. Celle du milieu était un tuyau de bois; la prétendue tête de saint Jean était de carton peint au naturel, avec la bouche ouverte, et correspondait, par un trou pratiqué dans le plat et dans la table, à la cavité de la colonne creuse. Dans la chambre qui se trouvait au-dessous, une personne, parlant par un porte-voix dans cette cavité, se fai­sait entendre très-distinctement : la bouche de la tète avait l'air de rendre ces réponses.

 TETES DE SERPENT

Passant par Hambourg, Linné, encore fort jeune, donna une preuve de sagacité, en découvrant qu'un fameux serpent à sept tètes, qui appartenait au bourgmestre Spukelsen , et qu'on regardait comme un prodige, n'était qu'une pure supposition. A la première inspection, le docte naturaliste s'aperçut que six de ces tètes, malgré l'art avec lequel on les avait réunies, étaient des museaux de belettes, couverts d'une peau de serpent.

 TEUSARPOULIER

Génie redouté des Bretons des environs de Morlaix. Il se présente sous la forme d'un chien, d'une vache ou d'un autre animal domestique.

 TEUSS

Genie bienfaisant, révéré dans le Finistère; il est vêtu de blanc et d'une taille gigantesque , qui croît quand on l'approche. On ne le voit que dans les carrefours, de minuit à deux heures. Quand vous avez besoin de son secours contre les esprits malfaisants, il vous sauve sous son manteau. Souvent, quand il vous tient enveloppé, vous entendez passer avec un bruit affreux le chariot du diable, qui fuit à sa vue, qui s'éloigne en poussant des hurlements épouvantables, en sillonnant d'un long trait de lumière l'air, la surface de la mer, en s'abîmant dans le sein de la terre ou dans les ondes.

 TEUTATÈS

Le Pluton des Gaulois. On l'adorait dans les forêts. Le peuple n'entrait dans ces forêts mystérieuses qu'avec un sen­timent de terreur, fermement persuadé que les habitants de l'enfer s'y montraient, et que la seule présence d'un druide pouvait les empêcher de punir la profanation de leur demeure. Lorsqu'un Gaulois tombait à terre, dans une enceinte consacrée au culte, il de­vait se hâter d'en sortir, mais sans se rele­ver et en se traînant à genou, pour apaiser les êtres surnaturels qu'il croyait avoir irrités.

 THALIE

Voici, à propos de ce nom, un des contes populaires de la vieille mythologie.

La nymphe Thalie, se voyant grosse de Jupiter, craignit la colère.de Junon, et pria la terre de l'engloutir. Sa prière fut exaucée et elle y accoucha de deux garçons jumeaux, qui furent appelés Palices, parce qu'ils naquirent deux fois : la première fois de Thalie, et la seconde, de la terre, qui les rendit au jour. Il se forma deux lacs, formidables aux parjures et aux criminels, dans l'endroit où Ils naquirent.

 THALMUD

Livre qui contient la doctrine, les contes merveilleux, la morale et les tra­ditions des juifs modernes. Environ cent vingt ans après la destruction du temple, le rabbin Juda–Haccadosch, que les juifs appe­laient notre saint maître, homme fort riche et fort estimé de l'empereur Antonin le Pieux, voyant avec douleur que les Juifs dispersés commençaient à perdre la mémoire de la loi qu'on nomme orale, ou de tradition, pour la distinguer de la loi écrite, composa un li­vre où il renferma les sentiments, les con­stitutions, les traditions de tous lus rabbins qui avaient fleuri jusqu'à son temps. Ce re­cueil forme un volume in–folio ; on l'appelle spécialement la Misaine ou seconde loi. Cent rabbins y ont joint des commentaires dont la collection se nomme Gémare. Le tout em­brasse douze volumes in-folio.

Les Juifs mettent tellement le Thalmud au-dessus de la Bible, qu'ils disent que Dieu étudie trois heures par jour dans la Bible, mais qu'il en étudie neuf dans le Thalmud.

 THAUMATURGE

Faiseur de miracles. La thaumaturgie est une magie blanche et elle se caractérise par le miracle en ce sens qu’on l’apparente aux opérations du plan divin, par opposition à la magie qui, plus spécialement, procède des forces de la nature.

 THÈME CELESTE

Ce terme d'astrologie se dit de la figure que dressent les astrologues lorsqu'ils tirent l'horoscope. Il représente l'état du ciel à un point fixe, c'est-à dire le lieu où sont en ce moment les étoiles et les planètes. Il est composé de douze triangles enfermés entre deux carrés ; on les ap­pelle les douze maisons du soleil.

 THEOCLIMÈNE

Devin qui descendait en ligne directe de Mélampus de Pylos, et qui devinait à Ithaque dans l'absence d'Ulysse

 THEOMANGIE

Partie de la cabale qui étudie les mystères de la divine majesté et recherche les noms sacrés. Celui qui possède cette science sait l'avenir, commande à la nature, a plein pouvoir sur les anges et les diables, et peut faire des prodiges. Des rabbins ont prétendu que c'est par ce moyen que Moïse a tant opéré de merveilles ; que Josué a pu arrêter le soleil ; qu'Elie a fait tomber le feu du ciel et ressuscité un mort; que Daniel a fermé la gueule des lions ; que les trois enfants n'ont pas été consumés dans la fournaise, etc.

 THEMURA

Partie de la Kabbale.

 THEOSOPHIE

Le nom de cette doctrine signifie étymologiquement connaissance de la Sagesse Divine. Il pourrait s'appliquer à toutes les religions rationnelles. Celle-ci pourtant fait une grande place à l'Amour, sous forme de fraternité humaine. C'est pour rappeler au monde ce prin­cipe de la Fraternité Humaine et combattre le matérialisme que fut fondée, en 1875, la Société Théosophique. Les points les plus fixes de la doctrine théosophique sont les suivants :

1 °) La notion de Divinité correspond à un principe impersonnel: l'Intelligence-Sagesse, mais on l'appelle aussi le Créateur ou de tout autre nom symbolisant ses divers attributs.

2 °) La vie uni­verselle est basée sur l'Evolution et tend vers l'Harmonie.

3 °) L'Univers est matière et Esprit ; on peut y distinguer sept mondes dans lesquels la matière a des degrés de densité divers, jusqu'à l'immatérialité totale.

4 °) La connaissance de l'Univers doit se faire par la Science et la Religion.

5 °) La Théosophie a pour dogme la Connaissance des grandes lois de la nature, l'Evolution, la Réincarnation, la Justice et la Fraternité qu'elle éclaire à la lumière des symboles et de la tradition. Les Religions ne sont que des filières traditionnelles et leur rôle est intégré dans l'Evolution générale.

6 °) Les notions de corps matériel, corps éthérique, de prahna, etc... expliquent la vie sous tous ses aspects courants. C'est d'elles et de leur interjeu que se dédui­sent les prescriptions hygiéniques et alimentaires propres à la Théosophie.

7 °) Le corps causal est le « quelque chose » qui relie une existence à l'autre. Les théosophes le font quelquefois correspondre à la notion de « Soi ».

8 °) Nous sommes aidés dans notre évolution par des Esprits généraux ou supérieurs (le Manou, le Christ ou Bouddha, les Sept Grands Esprits plané­taires, les Gardiens de l'Humanité, etc...) combattus eux-mêmes par des Entités inverses de contre-évolution. A préciser que ces notions sont prises dans leur sens profond et valable par les théosophes éclairés, et dans un sens un peu suspect par le théosophe moyen-de-bonne-volonté.

9 °) Nos passages sur terre sont soumis à la loi du Karma.

Autour d'un noyau de conceptions valables, empruntées d'ailleurs aux philosophies orientales et particulièrement au Bouddhisme, la Théosophie a sécrété une sauce sentimentale qui rend l'ensemble de l'édifice assez suspect. Par contre, et même si le sentimentalisme y est pour quelque chose, la Théosophie groupe les gens de bonne volonté, enseigne la douceur et la tolérance et doit, dans cette mesure, être louée. On peut déplorer que les théosophes soient non seulement des pacifistes, mais souvent aussi des crédules, ce qui a quelquefois permis à certains courants de politique mondiale de les utiliser sans qu'ils s'en doutent. En outre, il faut déplorer que le pacifisme du théosophe moyen procède si souvent d'un manque congénital de virilité — alors que la sagesse veut la guerre autant que la paix, comme le développe le livre célèbre de Bhagavat-Gita. Citons, pour terminer, les noms des fondateurs de la Théosophie : Mme Blavatsky, le colonel Alcott, puis Anne-Marie Besant et Leadbeater.

 THESSALIENNES

La Thessalie possédait un si grand nombre de sorciers, et surtout de sorcières, que le nom de sorcière et de Thessalienne étaient synonymes.

 THEURGIE

Art de parvenir à des connaissances surnaturelles et d'opérer des miracles par le secours des esprits ou génies que les païens nommaient des dieux, et que les Pères de l'Eglise ont appelés avec raison des démons. Cet art a été recher­ché et pratiqué par un grand nombre de philosophes. Mais ceux des troisième et quatrième siècles, qui prirent le nom d'éclectiques ou de nouveaux platoniciens, tels que Porphyre, Julien, Jamblique, Maxime, en furent principalement entêtés. Ils se per­suadaient que, par des formules d'invocation, par certaines pratiques, on pouvait avoir un commerce familier avec les esprits, leur commander, connaître et opérer par leurs secours des choses supérieures aux forces de la nature. Ce n'était, dans le fond, rien autre chose que la magie, quoique ces phi­losophes en distinguassent deux espèces, savoir: la magie noire et malfaisante, qu'ils nommaient goétie, et dont ils attribuaient les effets aux mauvais démons, et la magie bien-faisante qu'ils appelaient théurgie, c'est-à-dire opération divine par laquelle on invo­quait les bons esprits.

 THOU

Il arriva, en 1598, une aventure assez singulière au président de Thou. Il se trouvait depuis peu de temps dans la ville de Saumur. Une nuit, qu'il était profondément endormi, il fut réveillé tout à coup par le poids d'une masse énorme qu'il sentit se poser sur ses pieds. Il secoua fortement ce poids, et le fit tomber dans la chambre... Le président ne savait encore s'il était bien éveillé, quand il entendit marcher tout auprès de lui. Il ouvrit alors les rideaux de son lit, et, comme les volets de ses fenêtres n'étaient point fermés, et qu'il faisait clair de lune, il vit distinctement une grande figure blanche qui se promenait dans l'appartement... Il aperçut en même temps des hardes éparses sur des chaises, auprès de la cheminée. Il s'ima­gina que des voleurs étaient entrés dans sa chambre; et voyant la figure blanche s'approcher de son lit, il lui demanda d'une voix forte : Qui êtes-vous? — Je suis la reine du ciel, répondit le fantôme, d'un ton solennel... Le président, reconnaissant la voix d'une femme, se leva aussitôt; et, ayant appelé ses domes-tiques, il leur dit de la faire sortir, et se recoucha sans demander d'éclaircissement. Le lendemain, il apprit que la femme qui lui avait rendu une visite nocturne était une folle qui, n'étant point renfermée, courait çà et là, et servait de jouet au peuple. Elle était entrée dans la maison, qu'elle connaissait déjà, en cherchant un asile pour la nuit. Personne ne l'avait aperçue, et elle s'était glissée dans la chambre du président, dont elle avait trouvé la porte ouverte. Elle s'était déshabillée auprès du feu, et avait étalé ses habits sur des chaises. Cette folle était connue dans la ville sous le none de la reine du ciel, qu'elle se donnait elle-même.

 TOUR DE MONTPELLIER

II y a à Montpellier une vieille tour, que le peuple de cette ville croit aussi ancienne que le monde; sa chute doit précéder de quelques minutes la déconfiture de l'univers.

 TOPAZE

Gemme dédiée à Apollon. Cette pierre participe du symbolisme du soleil, mais avec un sens différent qui est dévolu à l’or. La tradition le fait en effet correspondre aux alliages de l'or; mais, moins solaire que ce dernier, il a un sens plus subtil en raison de sa transparence. Notam­ment, il s'y attache un sens de principe masculin moins absolu que celui de l'or. Ceci posé, comme le diamant et l'ambre, la topaze gouverne l'oeil droit, l'équilibre de la circulation artérielle et la force du coeur. Dans le domaine de l'activité, cette pierre donne traditionnellement la confiance en soi et le prestige qui en est la contre-partie. Il est d'ailleurs intéressant de constater que dans la symbolique chinoise, la couleur de la topaze est en correspon­dance avec la foi. Outre la confiance en soi-même et dans les causes que l'on défend, cette gemme favorise et protège le mariage ; toutefois, l'appli­cation de cette dernière vertu est conditionnée par les aspects de Vénus dans la signature planétaire.

 TOTEM

Dans les civilisations primitives, chaque tribu fait remonter son existence à un ancêtre mythique, dans l'immense majorité des cas, un animal. Etant donné l'état de participation magique qui caractérise le stade correspondant de leur pensée, il ne s'agit pas d'une filiation généalogique comme un civilisé est tenté de le croire. Pour les Bo­roros, dont le Totem est l'arara (un perroquet), il n'y a, rapporte Levy-Bruhl, aucun problème : « Les Bororos sont des araras, les araras sont des Bororos. » La tribu procède des vertus essentielles de l'être auquel elle s'identifie. C'est un peu comme si le Français s'enorgueillissait d'avoir la combativité, la vanité et le côté bruyant du coq, à supposer que cet animal fût un totem et non un emblème.

L'interdit du meurtre, valable seulement à l'intérieur de chaque tribu, fait que l'animal totémique est Tabou. Lorsque les tribus s'organisent, l'inter-jeu des Tabous devient extrêmement complexe. Sans entrer dans les détails, nous croyons nécessaire de signaler seulement ce qui se passe à un stade infiniment plus avancé, ce qui s'est passé dans la haute antiquité égyptienne, par exemple. Le Totem est plus ou moins devenu un Dieu à tête d'animal ou même une personnification plus évoluée. Dès lors, et toujours en vertu de la prévalence de la pensée animique, les différents pays ne s'imaginent pas les autres par des relations géographiques, niais par des rapports qualita­tifs entre les Totems de clans et les interdits leur correspondant. Une des grandes tâches des premiers Pharaons fut d'homogénéiser le système mythico­féodal résultant de cette genèse.

On est souvent surpris, dans l'histoire des pays d'Orient, de voir com­bien se mêlent étroitement le nom de l'ancêtre, le nom du Dieu, le nom du peuple. Israël en est un exemple parmi bien d'autres ; on voit d'ailleurs qu'à l'intérieur d'Israël, Dan, Nephté, Zabulon, Ruben, etc... désignent à la fois un ancêtre, une tribu et un pays. L'étude de la symbolique montre que les rapports définissant ces noms interdisent qu'on puisse jamais faire une dis­tinction entre ces trois significations qui sont dans la pensée primitive une seule et même chose. Pour conclure, la difficulté que nous éprouvons à comprendre la notion de Totem vient de sa complexité, dont la triplicité ci-dessus prise en considération n'est qu'un aspect. (Les lois d'exogamie notam­ment interviennent au premier chef.)

 TOURTERELLE

Elle symbolise la fidélité conjugale. Cet oiseau ne s'unit jamais qu'au même mâle ou à la même femelle, et si l'un meurt, l'autre observe une perpétuelle chasteté. On prétend que pendant ce veuvage, la tourterelle ne se pose plus jamais sur une branche verte.

 TRANSE

La transe désigne un état psychologique et physiologique très particulier, qu'on peut rattacher aux états hypnotiques. Mais le terme est pris par les spirites et amateurs divers dans un sens extrêmement élastique. Certains appellent transe le fait de fermer les yeux en prenant un air inspiré. La transe véritable suppose en fait une perte de la conscience adaptative, avec ralentissement du pouls et de la respiration, abaissement de la température, etc... Cet état développe indirectement les facultés médiumniques en libérant l'inconscient du contrôle mental — résultat qui, avec de l'entraînement, peut être obtenu sans cette préparation.

 TRANSMISSION DE PENSEE

La transmission de pensée fait partie des phénomènes réunis sous le nom de télépsychie. Il faut la distinguer de la lecture de pensée, autre phénomène télépsychique qui procède de la voyance. Néanmoins, et dans la mesure où les expériences courantes ne s'appliquent pas à distinguer la suggestion exercée par l'opérateur de la voyance du sujet, on peut considérer la transmission de pensée comme une notion expérimentale de fait. Elle consiste en ceci : une personne, sans faire usage de ses sens habituels, sait instantanément tout ce que voit, lit et pense une autre personne. Dans la pratique, les faits de transmission de pensée relèvent de processus variés et correspondant par conséquent à des dispositifs expérimentaux également variés.

 TRIPUDIUM

Mode de divination par les poulets.

 TRISTITIA

Figure de Géomancie, dont le nom français est la tristesse, le nom populaire, la gron­deuse et le nom populaire arabe, le renversé. Elle exprime la dépression physique et morale, l'apathie, l'idée de restriction, de spleen, de scrupules, de désespoir. Elle indique aussi l'insuccès des entreprises, la forme analytique de pensée, l'inquiétude sous toutes ses formes. Correspondances : Terre, Saturne.

 TURQUOISE

Gemme dédiée à Perséphone en Grèce, Proserpine à Rome, et parfois à Junon. Elle symbolise la terre et son éternel renouveau, elle a aussi les vertus d'un talisman de force contre le mauvais oeil. Dans la chrétienté, elle symbolise la Vierge Marie dans son aspect d'astre du jour et de la nuit. La turquoise dirige la vingt-quatrième heure du jour dans la tradition égyptienne. Par son symbole de terre, elle est le talisman des marins. Dans la tradition géomantico-astrologique, elle est favorable à l'odorat et agit sur le cervelet. On la portera avec intérêt contre le désé­quilibre du grand sympathique, contre le coryza, la rhinite, la sinusite, le rhume des foins, etc... C'est en liaison avec les pouvoirs préservatifs qu'on lui attribue, que les Anciens, s'imaginant que les démons pénétraient par les narines, considèrent la turquoise comme un talisman les protégeant contre les mauvais esprits.

 TYROMANCIE

Mot venant d'un mot grec signifiant fromage. Il sert à désigner un mode de divination dans lequel le support de voyance était constitué par du fromage.

 

 

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