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I

 

LE DICTIONNAIRE DES SCIENCES  OCCULTES

 

D'après J.Collin de Plancy

1391 Articles

                                                             

I

La lettre i symbolisait chez les Grecs l'astre du jour. Platon lui attribue un sens mystérieux et la dit propre à expliquer les choses délicates. On sait aussi que Jésus, d'après les traductions en grec, parle du iota comme du plus petit détail et cette expression est restée avec son sens dans notre langage.

IALYSIENS

Peuple dont parle Ovide, et dont les regards avaient la vertu magique de gâter tout ce qu'ils fixaient. Jupiter les chan­gea en rochers et les exposa aux fureurs des flots.

IAMEN

Dieu de la mort chez les Indiens.

IBIS

Oiseau d'Egypte, qui ressemble à la cigogne. Quand il met sa tête et son cou sous ses ailes; dit Elien, sa figure est à peu près celle du coeur humain.

On dit que cet oiseau a introduit l'usage des lavements, honneur qui est réclamé aussi par les cigognes. Les Egyptiens autrefois lui rendaient les honneurs divins, et il y avait peine de mort pour ceux qui tuaient un ibis, même par mégarde. De nos jours, les Egyptiens regardent encore comme sa­crilège celui qui tue l'ibis blanc, dont la pré­sence bénit, disent-ils, les travaux champê­tres , et qu'ils révèrent comme un symbole d'innocence.

ICHNEUMON

Rat du Nil, auquel les Egyptiens rendaient un culte particulier; il avait ses prêtres et ses autels. Buffon dit qu'il vit dans l'état de domesticité, et qu'il sert comme les chats à prendre les souris. Il est plus fort que le chat, s'accommode de tout, chasse aux oiseaux, aux quadrupèdes, aux serpents et aux lézards.

Pline conte qu'il fait la guerre au croco­dile, qu'il l'épie pendant son sommeil, et que, si ce vaste reptile était assez imprudent pour dormir la gueule ouverte, l'ichneumon s'introduirait dans son estomac et lui rongerait les entrailles. M. Denon assure que c'est une fable. Ces deux animaux n'ont jamais rien à démêler ensemble, ajoute-il, puis­qu'ils n'habitent pas les mêmes parages. On ne voit pas de crocodiles dans la basse Egypte on ne voit pas non plus d'ichneumons dans la haute.

ICHTHYOMANCIE

Divination très an­cienne qui se pratique par l'inspection des entrailles des poissons. Polydamas, pendant la guerre de Troie, et Tirésias s'en sont servis.

On dit que les poissons de la fontaine d'Apollon à Miré, étaient prophètes, et Apulée fut aussi accusé de s'en être servi.

IDA

On voit dans la légende de la bien­heureuse Ida de Louvain quelques pâles ap­paritions du diable, qui cherche à la trou­bler et qui n y parvient pas. (Bollandistes, 13 avril.)

IDATOSCOPIE

Autre nom donné à l'hydromancie. On réserve plus particulièrement ce nom à la forme d'hydromancie qui utilisait l'eau de pluie.

IDIOT

En Ecosse, les gens du peuple ne voient pas comme un malheur un enfant idiot dans une famille. Ils voient là, au contraire, un signe de bénédiction. Cette opinion est partagée par plusieurs peuples de l'Orient. Nous nous bornons à la mentionner sans la juger.

IFURIN

Enfer des Gaulois. C'était une région sombre et terrible, inaccessible aux rayons du soleil, infectée d'insectes veni­meux, de reptiles, de lions rugissants et de loups carnassiers.

Les grands criminels étaient enchaînés dans des cavernes encore plus horribles, plongés dans un étang plein de couleuvres et brûlés par les poisons qui distillaient sans cesse de la voûte. Les gens inutiles, ceux qui n'avaient fait ni bien ni mal, résidaient au milieu des vapeurs épaisses et pénétran­tes, élevées au-dessus de ces hideuses pri­sons. Le plus grand supplice était un froid très rigoureux.

INCUBES

Démons qui séduisaient les femmes. Servius Tullius, qui fut roi des Ro­mains, était le fils d'une esclave et de Vul­cain, selon d'anciens auteurs; d'un salamandre, selon les cabalistes; d'un démon incube, selon les démonographes.

INCUBO

Génie gardien des trésors de la terre. Le petit peuple de l'ancienne Rome croyait que les trésors cachés dans les en­trailles de la terre étaient gardés par des esprits nommés Incubones, qui avaient de petits chapeaux dont il fallait d'abord se sai­sir. Si on avait ce bonheur, on devenait leur maître, et on les contraignait à déclarer et à découvrir où étaient ces trésors. Ces esprits sont nos gnomes et nos lutins.

INFERNAUX

On nomma ainsi, dans le seizième siècle, les partisans de Nicolas Gallus et de Jacques Smidelin, qui soutenaient que, pendant les trois jours de la sépulture de Notre-Seigneur, son âme, descendue dans le lieu où les damnés souffrent, y avait été tourmentée avec ces malheureux.

INFIDELITE

Quand les hommes de certaines peuplades d'Egypte soupçonnaient leurs femmes d'infidélité, ils leur faisaient avaler de l'eau soufrée , dans laquelle ils mettaient de la poussière et de l'huile de lampe, prétendant que, si elles étaient coupables, ce breuvage leur ferait souffrir des douleurs insupportables : espèce d'épreuve connue sous le nom de calice dit soupçon.

INFLUENCE DES ASTRES

Le Taureau domine sur le cou; les Gémeaux sur les épaules; l'Ecrevisse sur les bras et sur les mains; le Lion sur la poitrine, le coeur et le diaphragme; la Vierge sur l'estomac, les intestins, les côtes et les muscles; la Balance sur les reins; le Scorpion sur les parties secrètes; le Sagittaire sur le nez et les excréments; le Capricorne sur les genoux; le Verseau sur les cuisses; le Poisson sur les pieds.

Voilà en peu de mots ce qui regarde les douze signes du Zodiaque touchant les diffé­rentes parties du corps. Il est donc très dan­gereux d'offenser quelque membre, lorsque la lune est dans le signe qui le domine, parce que la lune en augmente l'humidité, comme ou le verra si on expose de la chair fraîche pendant la nuit aux rayons de la lune : il s'y engendrera des vers, et surtout dans la pleine lune.

INIS-FAIL

Nom d'une pierre fameuse at­tachée encore aujourd'hui sous le siège où l'on couronnait, dans l'église de Westminster, les rois de la Grande-Bretagne. Cette pierre du destin, que dans la légende hé­roïque de ces peuples les anciens Ecossais avaient apportée d'Irlande, au quatrième siècle, devait les faire régner partout où elle serait placée au milieu d'eux.

IGNISPICIUM

Divination par le feu (voir au mot PYRO­MANCIE) .

ILLUMINISME

Doctrine fondée sur la possibilité de recevoir la lumière divine sans le secours de l'eglise. Cette prétention coûta la vie à beaucoup de braves gens, notamment sous Louis XIII, qui la réprima sévèrement. Plus tard, l'illuminisme, qui s'honorait de noms tels que ceux de Swedenborg et Claude de Saint-Martin, prit corps sous le nom de Maçonnerie Occulte et son action se prolongea, en Allemagne et en France, jusqu'au XIXème siècle à supposer qu'elle soit éteinte. Il y a, dans l'illuminisme, deux choses bien différentes ; d'une part, un schisme diffus, soutenu par des illuminés au bon ou mauvais sens du mot, selon le cas ; d'autre part, une philosophie de la Connaissance extrêmement belle, cohérente et valable, soutenue par de grands esprits.

INCUBES

Esprits malfaisants venant la nuit troubler le sommeil des hommes et des femmes, en leur suggérant notamment des rêves érotiques (voir aussi SUCCUBES).

INFLUX

Les astrologues, les psychistes, les radiesthésistes, les physiciens se trouvent en permanence devant des phénomènes constatables, mais inexplicables par voie mécaniste. Cela tient à ce qu'ils en sont à un stade où le principe de causalité prend les dimensions d'un complexe de causalité. Pour masquer leur désespoir, ils improvisent des influx. En fait, l'influx astral, l'influx nerveux, l'influx magnétique sont des abstractions destinées à cacher notre indigence d'esprit. Cer­tains phénomènes sont concomitants parce que l'ordre du monde est ainsi fait. L'influx (ce qui a une « influence ») n'est là que pour boucher un trou dans nos systèmes. Mieux vaudrait abandonner les systèmes fondés sur la causalité ce qui se produira d'ailleurs inéluctablement.

INITIATION

Le mot Initiation, popularisé par la mauvaise littérature occultiste, n'a rien de mystérieux, ni d'ailleurs rien de commun avec ce qu'on en raconte.

Il faut souligner que l'initiation n'a rien de commun avec ce qu'on appelle l'initiation aux mathématiques ou à la broderie anglaise. Dans ces derniers cas, il s'agit de l'acquisition d'un savoir, alors que l'Initiation comporte une transformation de la personnalité.

Il est difficile de faire saisir en quoi consiste le travail initiatique. On peut seulement indiquer, à titre de directions très générales, qu'il comporte :

1 °) Un travail d'analyse sur soi-même, tendant à la consciencialisation totale et dont la psychanalyse nous offre une image rudimentaire.

2 °) Un travail de découverte des différents plans de l'être habituellement inconscients ou non explorés.

3 °) Une expérimentation de ces différents plans, orientée vers le but d'en tirer une plus grande participation à l'univers et de saisir intui­tivement et avec évidence les rapports réels de cet univers avec l'individu et avec le moi. Ce qu'on appelle épreuves ne sont que des symboles rituels de cette expérimentation.

4 °) La conduite d'un maître parce que le travail «  psychanalytique » ne peut pas se faire seul, par définition ; et parce que toute expérimentation suppose la surveillance d'un guide plus expérimenté. Tout le travail correspondant à ce programme ne suit pas un protocole fixe. Car la nature de ce travail varie avec chaque individu. On a le tort de s'imaginer par exemple qu'il y a cinq yoghas, une' initiation égyptienne, etc... Non : il y a une infinité de voies. L'esprit les ramène à quelques schémas par pure commodité et parce qu'il existe des langages propres à certaines catégories d'initiations. Enfin, une des grosses erreurs à déraciner est de croire que l'initiation con­ditionne une vie douce et de méditation, une alimentation parfumée à la rose et un décor saint-sulpicien. L'initiation commande souvent une vie rude, tou­jours une vie concrète. Elle est impensable sans un sens solide des réalités, une aptitude à la bataille, une puissance instinctive à toute épreuve. Le rose pâle et le bleu pâle sont les attributs de l'émasculation et non ceux de l'en­treprise la plus ardue qu'un homme fort puisse oser.

IRLANDE

Parmi beaucoup d'opinions poétiques ou bizarres, les Irlandais croient qu'une personne qui doit mourir naturellement ou par accident, se montre la nuit à quelqu'un, ou plutôt son image, dans un drap mortuaire. Cette apparition a lieu dans les trois jours qui précèdent la mort an­noncée.

ISIS

Il est impossible de décrire ici, même sommairement, tout ce qui se rapporte au mythe d'Isis  épouse d'Osiris dans la mythologie égyptienne. Notons toutefois :

1 °) Que la mythologie gréco-latine a abusivement naturalisé Isis sous le nom de Io (transformée en vache par Jupiter, etc...) ; mais que cette circonstance donne un jeu de correspondances du plus haut intérêt.

2 °) Qu'Isis a pour em­blèmes : une coiffure de feuillages, le globe, une cruche, le croissant de lune, l'enfant qu'elle allaite, la robe allant jusqu'aux pieds, le cistre, la faucille, la croix égyptienne ce qui l'apparente directement à la Vierge (voir MELENIS, VIERGE NOIRE).

3 °) Que l'histoire montre la parfaite continuité du culte d'Isis au culte de la Vierge.

4 °) A noter enfin qu'Isis avait pour nom égyptien Ah. Mos signifiant fils, Ahmos, c'est-à-dire Moise, signifie : Fils d'Isis (Génésius : Thésaurno, p. 824 ; Emile Ferrière : Etymologie, p. 134, etc...).

ISLE EN JOURDAIN (MAINFROY DE L')

Ha­bile devin qui découvrit par l'astrologie l'horrible conduite de deux chevaliers, Philippe et Gauthier d'Aunoy,lesquels étaient amants, l'un de Marguerite de Navarre , femme de Louis le Hutin, et l'autre de Blanche, femme de Charles le Bel; on prouva encore qu'ils envoûtaient les maris de ces deux darnes. C'étaient les deux frères de Philippe de Valois. Le roi Philippe en fit justice : les deux chevaliers furent écorchés vifs et pendus, et les deux dames périrent en prison.

ISPARETTA

Idole principale des habitants de la côte du Malabar. Antérieurement à toute création, Isparetta se changea en un oeuf d'où sortirent le ciel et la terre et tout ce qu'ils contiennent. On le représente avec trois yeux et huit mains, une sonnette pendue au cou, une demi-lune et des serpents sur le front.

ITHYPHALLE

Nom d'une espèce d'amu­lettes que l'on pendait au cou des enfants et des vestales; on lui attribuait de grandes vertus. Pline dit que c'était un préservatif pour les empereurs mêmes, qu'il protégeait contre les effets de l'envie.

IWANGIS

Sorciers des îles Moluques, qui font aussi le métier d'empoisonneurs. On prétend qu'ils déterrent les corps morts et s'en nourrissent, ce qui oblige les Moluquois à monter la garde auprès des sépultures, jus­qu'à ce que les cadavres soient pourris.

 

 

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