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LE DICTIONNAIRE DES SCIENCES  OCCULTES

 

D'après J.Collin de Plancy

1391 Articles

                                                             

 

AARON

Magicien du Bas-Empire, qui vivait du temps de l’empereur Manuel Comène. On conte qu’il possédait les Clavicules de Salomon, qu’au moyen de ce livre il avait à ses ordres des légions de démons, et se mêlait de nécromancie. On lui fit crever les yeux ; après quoi on lui coupa encore la langue. Mais n’allez pas croire que ce fût une victime de quelque fanatisme ; il fut condamné comme bandit : car on trouva chez lui un cadavre qui avait les pieds enchaînés, le cœur percé d’un clou, et d’autres abominations.

ABADIE ( Jeannette )

Jeune fille du village de Sibourne, en Gascogne.

Delancre, dans son Tableau de l’inconstance des démons, raconte que Jeannette Abadie, dormant, un dimanche, pendant la messe, dans la maison de son père, un démon profita du moment et l’emporta au sabbat ( quoiqu’on ne fit le sabbat ni le dimanche ni aux heures des saints offices, temps ou les démons ont peu de joie ).

Elle trouva au sabbat grande compagnie et vit que celui qui présidait avait  la tête deux visages, comme Janus.

Du reste, elle ne fit rien de criminel et fut remise à son logis par le même moyen de transport qui l’avait emmenée.

Elle se réveilla alors et ramassa une petite relique que le diable avait eu la précaution d’ôter de son cou avant de l’emporter.

Il paraît que le bon curé à qui elle confessa son aventure lui fit comprendre qu’elle n’avait fait qu’un mauvais rêve ; car elle ne fut aucunement recherchée, quoique Delancre dise qu’elle avait commencé là le métier de sorcière. 

ABADIR ou BETHYLE ou BAETILES

Pierre fabuleuse que Cybèle emmaillota pour faire croire à Saturne, son époux, qu'elle lui présentait leur fils Jupiter (dans le but de permettre à ce dernier d'échapper au sort commun, qui était d'être dévoré par Saturne).

ABARIS

Magicien scythe et grand-prêtre d’Apollon, qui lui donna une flèche d’or sur laquelle il chevauchait par les airs avec la rapidité d’un oiseau ; ce qui a fait que les Grecs l’ont appelé l’Aérobate.

Il fut, dit-on, maître de Pythagore, qui lui vola sa flèche, dans laquelle on doit voir quelque allégorie.

On ajoute qu’Abaris présidait l’avenir, qu’il apaisait les orages, qu’il chassait la peste ;

On conte même qu’il vivait sans boire ni manger.

Avec les os de Pélops, il fabriqua une figure de Minerve, qu’il vendit aux Troyens comme un talisman descendu du ciel : c’est le Palladium qui avait la réputation de rendre imprenable la ville ou il se trouvait.

ABDEEL ( Abraham )

Appelé communément Schoenewald ( Beauchamp ), prédicateur à Crustin, dans la marche de Brandebourg, fit imprimer à Tham, en 1572, le Livre de la parole cachetée, dans lequel il a fait des calculs pour trouver qui est l’antéchrist et à quelle époque il doit paraître.

Cette méthode consiste à prendre au hasard un passage du prophète Daniel ou de l’Apocalypse, et à donner à chaque lettre, depuis A jusqu'à Z, sa valeur numérique.

A vaut 1, B vaut 2, C vaut 3 et ainsi de suite. Abdeel déclare que l’antéchrist est le pape Léon X. Il trouve de la même manière les noms des trois anges par lesquels l’antéchrist doit être découvert.

Ces trois anges sont Huss, Hutheu et un certain Noé qui nous est inconnu.

Ces trois insensés ne s’en doutaient probablement pas.

A la fin de son livre, Abdeel prend l’engagement de découvrir le vrai nom de ce certain Noé, ainsi que d’autres secrets, par les nombres cabalistiques du prophète Daniel ; Il ne paraît pas qu’il n’est jamais rempli cette promesse.

ABDEL-AZIS

Astrologue arabe du dixième siècle, plus connu en Europe sous le nom d’Alchabitius.

Son Traité d’astrologie judiciaire a été traduit en latin par Jean de Séville.

L’édition la plus recherchée de ce livre : Alchabitius, cum commento, est celle de Venise, 1503, de 140 pages.

ABDIAS DE BABYLONE

On attribue à un écrivain de ce nom l’histoire du combat merveilleux que livra saint Pierre à Simon le magicien.

Le livre d’Abdias à été traduit par Julius Aficanus, sous le titre : Historia certaminis apostolici, 1566.

ABEILARD

Il est plus célèbre aujourd’hui par ses tragiques amours que par ses ouvrages théologiques, qui lui attirèrent justement les censures de saint Bernard, et qui étaient pleins d’erreurs très dangereuses.

Il mourut en 1142.

Vingt ans après, Héloïse ayant été ensevelie dans la même tombe, on conte qu’à son approche la cendre froide d’Abeilard se réchauffa tout à coup, et qu’il étendit les bras pour recevoir qui avait été sa femme.

Leurs restes étaient au Paraclet, dans une précieuse tombe gothique que l’on a transportée à Paris en 1799, et qui est présentement au cimetière du Père-la-chaise.

ABEILLES

La mythologie gréco-latine donne à l'abeille le titre de Nourrice de Jupiter. Des ruches d'abeilles étant dans l'antre de Dictée et risquant d'y être dérobées, Jupiter lança ses foudres et fit gronder son ton­nerre contre les sacrilèges. Elles symbolisent l'activité, la vigilance et la pu­reté. En France, quand le maître d'un rucher meurt, il est de coutume de voiler chaque ruche d'un crêpe et de prononcer à voix basse : « Le maître est mort », sinon les abeilles meurent aussi ou du moins s'enfuient.

Des paysans sensés et objectifs, interrogés sur ce point, prétendent que c'est rigoureusement exact. Par contre, dans les grands élevages apicoles, on ne constate rien de semblable, mais il est évident que les conditions ne sont pas absolument comparables. Comme nous ne savons rien du psychisme des abeilles, il est superflu de rejeter un fait de ce genre sous prétexte que nous ne le comprenons pas alors que nous admettons, parce que nous avons l'impression de les comprendre, des faits beaucoup plus extraordinaires concernant le chien ou le chat.

L'Empire français a pris, on le sait, l'abeille pour emblème. Certaines compagnies d'assurances aussi. Tout cela relève à la fois d'une symbolique primaire dérivée du naturalisme moderne, et d'un fonds commun apparenté aux considérations qui précèdent. L'abeille fournit mystérieusement le miel, nourriture pure et parfumée d'où l'on tire l'hydromel, boisson des Dieux. A ce titre, elle est à la fois le travail sacré d'affinement et de distillation.

Les animaux se divisent en effet en plusieurs classes du point de vue de l'imagination collective. Ceux qui tuent (carnivores), ceux qui mangent sans élaborer (rongeurs), ceux qui ne mangent ni n'élaborent (poissons), ceux qui mangent et élaborent (bovidés, etc.), ceux qui ne mangent pas et élaborent (abeilles, etc.). On comprend par là que depuis les temps les plus reculés (magie de l'Inde antique), les véhicules sacrés soient, outre l'eau : le miel, le lait et le beurre.

En un mot, l'abeille symbolise le travail, mais singulièrement sa forme la plus noble (elle est nourrice des Dieux) : la distillation des essences et la synthèse en une nourriture parfaite.

ABEL

Fils d’Adam.

Des docteurs musulmans disent qu’il avait quarante-huit pieds de haut.

Il se peut qu’ils aient raisonné d’après un tertre long de cinquante-cinq pieds, que l’on montre auprès de Damas, et qu’on nomme la tombe d’Abel.

Les rabbins ont écrit beaucoup de rêveries sur le compte d’Abel. Nos anciens, qui croyaient tant de choses, lui attribuent un livre d’astrologie judiciaire qui lui aurait été révélé et qu’il aurait renfermé dans une pierre.

Après le déluge, Hermès-Trismégiste le trouva : il y apprit l’art de faire des talismans sous l’influence des constellations. Ce livre est intitulé : Liber de virticubus planetarum et monibus rerum mundanarum virtutibus.

ABEL DE LA RUE

En l'année 1582, Abel de Larue, surnommé le Casseur, savetier, domicilié à Coulommiers, comparut devant Nicolas Quatre-Sols, lieutenant civil et criminel au bailliage de Coulommiers, comme prévenu d'avoir noué l'aiguillette le jour du mariage de Jean Moureau avec Phare Fleuriot.

Après quelques hésitations, il finit par en convenir; il avoua qu'ayant été mis par sa mère au couvent des Cordeliers de Meaux, il s'était fâché furieusement contre Caillet, maître des novices, qui l'avait battu, et que, pendant qu'il songeait à se venger, un barbet noir lui avait apparu, et lui avait promis de ne lui faire aucun mal, pourvu qu'il se donnât à lui; que ce chien noir, qui était un démon, le conduisit dans une chambre du couvent appelée la Librairie, et qu'il disparut après lui avoir dit qu'il l'aiderait toujours.

Il avoua encore, dans l'interrogatoire, que, six à sept semaines après, un grimoire s'était présenté à lui, dans la sacristie du couvent; qu'il l'avait ouvert, et qu'à peine en avait-il lu quelques lignes, qu'un grand homme, blême de visage, d'un effroyable aspect, le corps sale et l'haleine puante, de moyenne stature, vêtu d'une longue robe noire à l'italienne, et ayant devant l'estomac et les deux genoux comme des visages d'hommes, de pareille couleur que les autres, avec des pieds de vache, lui avait demandé ce qu'il faisait, et qui lui avait conseillé de l'appeler. A quoi Abel fit réponse qu'il avait ouvert le grimoire de son propre mouvement; qu'alors le diable l'enleva et le transporta sur le palais de justice de Meaux; qu'il lui dit de ne rien craindre; qu'il s'appelait maître Rigoux; que lui, Abel de Larue, lui témoigna le désir de fuir du couvent; et que, pour lors, le diable le reporta dans la sacristie.

« A mon arrivée, dit-il, Pierre Berson, docteur en théologie, et Caillet, me reprirent aigrement d'avoir lu dans le grimoire, et me menacèrent du fouet. Tous les religieux descendirent à la chapelle, et chantèrent un Salve. On me fit coucher entre deux novices. Le lendemain, comme je descendais pour aller à l'église, maître Rigoux m'apparut et me donna rendez-vous sous un arbre qui est près de Vaulxcourtois, sur le chemin de Meaux à Coulommiers.

«  Je repris les habits que j'avais à mon entrée dans le couvent, et j'en sortis par une petite porte de l'écurie. Rigoux m'atten­dait; il me mena chez maître Pierre, berger de Vaulxcourtois. Maître Pierre me reçut fort bien; j'allais conduire les troupeaux avec lui. Deux mois après, ce berger me promit de me mener à l'assemblée, parce qu'il n'avait plus de poudre. L'assemblée devait se tenir dans trois jours, et nous étions dans l'avent de Noël 1575. Maître Pierre envoya sa femme coucher dehors, et me fit mettre au lit à sept heures du soir; je ne dormis guère. Il avait mis au coin du feu un balai de genet, long et sans manche.

Vers les onze heures du soir, j'entendis un grand bruit; maître Pierre me dit qu'il fallait partir : il prit de la graisse, s'en frotta les aisselles et me mit sur le balai. Maître Rigoux enleva mon maître par la cheminée, je le tenais au milieu du corps. La nuit était obscure, mais un flambeau nous précédait : je vis dans cette course aérienne l'abbaye de Rebets. Nous descendîmes dans un lieu herbu, où nous trouvâmes une grande assemblée; j'y reconnus plusieurs personnes, et notamment une sorcière qui avait été pendue à Lagny.

Le diable ordonna, par la bouche d'un vieillard, de nettoyer la place. Maître Rigoux se transforma en un grand bouc noir, lequel commença à gronder, et à tourner autour de l'assemblée. qui se mit aussitôt à danser à revers, le visage dehors et le cul tourné vers le bouc... »

Alors le bailli demanda au prévenu si on ne chantait point; Abel de Larue répondit que non; mais qu'après la danse qui dura deux heures, on avait adoré le bouc et qu'ensuite, « il vit que » le bouc courba ses deux pieds de devant, et leva son cul en » haut, et alors que certaines menues graines, grosses comme » têtes d'épingles, qui se convertissaient en poudres fort puantes, » sentant le soufre et la poudre à canon, étaient tombées sur » plusieurs drapeaux, et que le plus vieux de ladite assemblée » avait commencé à marcher à genoux, du lieu où il était, et » s'était incliné vers le diable, et avait icelui baisé en la partie » honteuse de son corps; et que, cela fait, ledit vieil homme recueillit son drapeau, qui contenait des poudres et des «  graines. »

Abel de Larue avoua encore que chaque personne de l'assem­blée avait fait de même, et qu'à son tour il s'était approché du bouc, qui lui avait demandé ce qu'il voulait de lui; qu'il avait répondu qu'il voulait savoir nouer l'aiguillette à ses ennemis; que le diable lui avait indiqué maître Pierre comme pouvant lui enseigner cette science, et qu'il l'avait apprise; que, depuis, le diable avait voulu le noyer, lorsqu'il allait à Saint-Loup, près Provins, en pèlerinage, et qu'il avait tout fait en connaissance de cause; qu'il s'en repentait, et criait merci à Dieu, au roi, à monseigneur et à justice.

Sur les conclusions du procureur fiscal, Larue fut condamné à être brûlé vif, le vendredi 6 juillet 1582. Il en appela au par­lement de Paris, qui rejeta le pourvoi. L'arrêt porte qu'Abel de Larue a noué l'aiguillette à plusieurs personnes, lors de la réception du sacrement de mariage; qu'il a prêté consentement au diable, communiqué plusieurs fois avec lui, assisté aux assem­blées nocturnes et illicites; que, pour réparation de ces crimes, la cour condamne l'appelant à être pendu et étranglé à une potence qui sera dressée sur le marché de Coulommiers; et qu'elle renvoie Abel de Larue au bailli pour faire exécuter le jugement, et brûler le corps du sorcier après sa mort. Cet arrêt du 20 juillet 1582 fut exécuté le 23 par le maître des hautes oeuvres de la ville de Maux, au marché de Coulommiers.

ABEN-RAGEL

Astrologue arabe, né a Cordoue, au commencement du cinquième siècle.

Il a laissé un livre d’horoscope d’après l’inspection des étoiles, traduit en latin sous le titre De Judiciis seu fatis stellarum, Venise, 1485 ; Très rare.

On dit que ses prédictions, quand il en faisait, se distinguaient par une certitude très estimable.

ABLUTION

Dans la tradition rabbini­que, et pour les Juifs modernes, l'ablution rituelle a lieu au lever et avant le repas. Elle consiste à se mouiller les mains et le visage le matin, les mains seules avant le repas. Il est prescrit de ne pas jeter à terre l'eau qui a servi, de peur que quelqu'un ne se souille à son contact. Il ne s'agit aucunement d'une prescription d'hygiène. Le Roi du Tonkin se baignait solennellement en rivière, suivi de tous ses courtisans, le dernier jour de l'année ; alors qu'au Siam, la cérémonie était populaire et générale le premier jour de la pleine lune du cinquième mois de l'année. Aux Indes, on sait quelle place tient le bain rituel dans le Gange. Ceux qui habitent loin se procurent de l'eau du fleuve et en mouillent la terre sur une longueur correspondant à leur stature, après quoi ils s'étendent au sol à même l'endroit mouillé et récitent les prières rituelles. Dans les civilisations primitives, on retrouve sous d'autres formes le même culte de l'eau purificatrice. Les Talapoins lavent leurs idoles, à l'exception de la tête, après quoi ils lavent leurs prêtres et, dans leur famille, se lavent entre eux. Certains nègres de la côte de Guinée se lavent tous les matins en l'honneur de leurs fétiches.

En un mot, et sans allonger cette liste, et sans parler de l'Aspersion, du Lavabo et du Baptême, on voit que l'ablution procède d'une acception quasi universelle. Le retour des impuretés, des fautes, du Mal par le canal de l'eau correspond à une remise en circulation de ce mal dans le courant universel. C'est une forme du « retour à la terre » des électriciens. Il est bon de noter qu'il est universellement et expérimentalement constaté chez les psychistes, quelle que soit leur spécialité, que l'eau débarrasse des « fluides ». C'est-à-dire que la manoeuvre de l'ablution n'est peut-être pas seulement ou purement analogique.

ABOU-RYHAN

Autrement appelé Mohammed-ben-Ahmed, astrologue arabe, mort en 330, qui passe pour avoir possédé à un très haut degré le don de prédire les choses futures.

On lui doit une introduction à l’astrologie judiciaire.

ABRACADABRA

Avec ce mot d'enchantement, qui est très-célèbre, on faisait, surtout en Perse et en Syrie, une figure magique à laquelle on attribuait le don de charmer diverses maladies et de guérir particulièrement la fièvre. Il ne fallait que porter autour du cou cette sorte de philactère, écrit dans une disposition trian­gulaire.

ABRAHAM

Tout le monde connaît l’Histoire de ce saint patriarche, écrite dans les livres sacrés ; mais on ignore peut-être les contes dont il a été l’objet.

Les Orientaux voient dans Abraham un habile astrologue et un puissant magicien.

Suidas et Isidore lui attribuent l’invention de l’alphabet et de la langue des Hébreux.

Les rabbins font encore Abraham auteur d’un livre de l’explication des songes, que Joseph, disent-ils, avait étudié avant d’être vendu par ses frères.

On met aussi sur son compte un ouvrage intitulé Jetzirah, ou la création, que plusieurs disent écrit par le rabbin Akiba. Les arabes possèdent ce livre cabalistique, qui traite de l’origine du monde : ils l’appellent le Sepher.

ABSALON

On a écrit bien des choses supposées à propos de sa chevelure.

Lepeltier, dans sa dissertation sur la grandeur de l’arche de Noé, dit que toutes les fois qu’on coupait les cheveux à Absalon, on lui en ôtait trente onces……..

ACHEMA

Acquisitio. — Figure de géomancie (voir ce mot), dont le nom français est le gain, le nom populaire le fortuné, et le nom populaire arabe : la poignée rentrante. Elle exprime l'idée d'expansion, d'accroissement tant sur le plan matériel que sur le plan moral, social ou spirituel, de bénéfices, de réussite. — Correspondances : Air - Jupiter.

ACHERON

Fleuve de douleur dont les eaux sont amères ; l’un des fleuves de l’enfer des païens.

Dans des relations du moyen-âge, l’Achéron est un monstre.

ACHERUSIE

Marais, d’Egypte près d’Héliopolis. Les morts le traversaient dans une barque, lorsqu’ils avaient été jugés dignes des honneurs de la sépulture.

Les ombres des morts enterrés dans le cimetière voisin erraient, disait-on, sur les bords de ce marais, que quelques géographes appellent un lac.

ACHMET

Devin arabe du neuvième siècle, auteur d’un livre De l’interprétation des songes, suivant la doctrine de l’Orient.

Le texte original de ce livre est perdu ; mais Rigault en a fait imprimer la traduction grecque et latine à la suite de l’Onirocritique d’Artémidore, Paris 1603.

ACONCE (Jacques)

Curé du diocèse de Trente, qui, poussé par la débauche, embrassa le protestantisme en 1557, et passa en Angleterre. La reine Elisabeth lui fit une pension. Aussi il ne manqua pas de l'appeler diva Elisabetha, en lui dédiant son livre Des Stratagèmes de Satan. Mais nous ne mentionnons ce livre ici qu'à cause de son titre : ce n'est pas un ouvrage de démonomanie, c'est une mauvaise et détestable diatribe contre le catholicisme.

ADALBERT

Hérétique qui fit du bruit dans les Gaules au huitième siècle, regardé par les uns comme un habile faiseur de miracles, et par les autres comme un grand cabaliste. Il distribuait les rognures de ses ongles et de ses cheveux, disant que c'étaient de puissants préservatifs; il contait qu'un ange, venu des extrémités du monde, lui avait apporté des reliques et des amulettes d'une sainteté prodigieuse. On dit même qu'il se consacra des autels à lui-même et qu'il se fit adorer. Il prétendait savoir l'avenir, lire dans la pensée et connaître la confession des pécheurs rien qu'en les regardant. Il montrait imprudemment une lettre de Notre Seigneur Jésus-Christ, disant qu'elle lui avait été apportée par saint Michel ; et il enseignait à ses disciples une prière qui commençait ainsi :

-- « Seigneur, Dieu tout-puissant, père de Notre Seigneur Jésus-Christ, Alpha et Oméga, qui êtes sur le trône souverain , sur les chérubins et les séraphins, sur l'ange Uriel, l'ange Michel, sur l’ange Inias, l’ange Tabuas, l'ange Simiel et l’ange Sabaoth, je vous prie de m'accorder ce que je vais vous dire. »

C'était, comme on voit, très ingénieux. Dans un fragment conservé des mémoires qu'il avait écrits sur sa vie, il raconte que sa mère, étant enceinte de lui, crut voir sortir de son côté droit un veau ; ce qui était, dit-il, le pronostic des grâces dont il fut comblé en naissant par le ministère d'un ange. 0n arrêta le cours des extravagances de cet insensé en l'enfermant dans une prison, où il mourut.

ADAM

Le premier homme. Sa chute devant les suggestions de Satan est un dogme de la religion chrétienne.

Les Orientaux font d'Adam un géant démesuré, haut d'une lieue; ils en font aussi un magicien, un cabaliste ; les rabbins en font de plus un alchimiste et un écrivain. 0n a supposé un testament de lui; et enfin les musulmans regrettent toujours dix traités merveilleux que Dieu lui avait dictés. Il avait aussi inventé l'alphabet.

ADAM (L'ABBÉ)

Il y eut un temps où l'on voyait le diable en toutes choses et partout, et peut-être n'avait-on pas tort. Mais il nous semble qu'on le voyait trop matériellement. Le bon et naïf Césaire d'Heisterbach a fait un livre d'histoires prodigieuses où le diable est la machine universelle; Il se montre sans cesse et sous diverses figures palpables. C'était surtout à l'époque où l'on s'occupait en France de l'extinction des Templiers. Alors un certain abbé Adam, qui gouvernait l'abbaye du Vaux-de-Cernay, au diocèse de paris, avait l'esprit tellement frappé de l'idée que le diable le guettait, qu'il croyait le reconnaître à chaque pas sous des formes que sans doute le diable n'a pas souvent imaginé de prendre.

 - Un jour qu'il revenait de visiter une de ses petites métairies, accompagné d'un serviteur aussi crédule que lui, l'abbé Adam racontait comment le diable l'avait harcelé dans son voyage. L'esprit malin s'était montré sous la figure d'un arbre blanc de frimas, qui semblait venir à lui. - C'est singulier ! dit un de ses amis; n'étiez-vous pas la proie de quelque illusion causée par la course de votre cheval?

-Non, c'était Satan. Mon cheval s'en effraya; l'arbre pourtant passa au galop, et disparut derrière nous, il laissait une certaine odeur qui pouvait bien être du soufre.

 - Odeur de brouillard, marmotta l'autre.

- Le diable reparut et, cette fois, c'était un chevalier noir qui s'avançait vers nous pareillement.

- Eloigne-toi,lui criai-je d'une voix étouffée. Pourquoi m'attaques-tu? II passa encore, sans avoir l'air de s'occuper de nous. Mais il revint une troisième fois ayant la forme d'un homme grand et pauvre, avec un cou long et maigre. Je fermai les yeux et ne le revis que quelques instants plus tard sous le capuchon d'un petit moine. Je crois qu'il avait sous son froc une rondache dont il me menaçait.

-- Mais, interrompit l'autre, ces apparitions ne pouvaient-elles pas être des voyageurs naturels?

- Comme si on ne savait pas s'y reconnaître ! Comme si nous ne l'avions pas vu de rechet sous la figure d'un pourceau, puis sous celle d'un âne, puis sous celle d'un tonneau qui roulait dans la campagne, puis enfin sous la forme d'une roue de charrette qui, si je ne me trompe pas, me renversa, sans toutefois me faire aucun mal.

- Après tant d'assauts, la route s'était achevée sans autres malencontres;

ADAMANTIUS

Médecin juif, qui se fit chrétien à Constantinople, sous le règne de Constance, à qui il dédia ses deux livres sur la Physiognomonie ou l'art de juger les hommes par leur figure.

Cet ouvrage, plein de contradictions et de rêveries, a été imprimé dans quelques collections, notamment dans les Scriptores physiognomonioe veteres, grec et latin, cura J.-G.-F. Franzii ; Altembourg, 1780,in-8

ADAMIENS ou ADAMITES.

Hérétiques du second siècle, dans l'espèce des Basilidiens. Ils se mettaient nus et professaient la promiscuité des femmes. Clément d'Alexandrie dit qu'ils se vantaient d'avoir des livres secrets de Zoroastre, ce qui a fait conjecturer à plusieurs qu'ils étaient livrés à la magie.

ADELITES

Devins espagnols qui se vantaient de prédire, par le vol ou le chant des oiseaux, ce qui devait arriver en bien ou en mal.

ADELUNG ( Jean-Christophe )

Littérateur allemand, mort à Dresde en 1806. Il a laissé un ouvrage intitulé: Histoire des folies humaines ou Biographie des plus célèbres nécromanciens, alchimistes, devins, etc….

ADEPTES

Nom que prennent les alchimistes qui prétendent avoir trouvé la pierre phi­losophale et l'élixir de vie. Ils disent qu'il y a toujours onze adeptes dans ce monde; et, comme l'élixir les rend immortels, lorsqu’un nouvel alchimiste a découvert le secret du grand oeuvre, il faut qu'un des onze anciens lui fasse place et se retire dans un autre des mondes élémentaires.

ADHAB-ALGAB

Purgatoire des musul­mans où les méchants sont tourmentés par les anges noirs Munkir et Nékir.

ADRIEN

Se trouvant en Mésie, à la tète d'une légion auxiliaire, vers la fin du règne de Domitien, Adrien consulta un devin ( car il croyait aux devins et à l'astrologie judi­ciaire), lequel lui prédit qu'il parviendrait un jour à l'empire. Ce n’était pas, dit-on, la première fois qu'on lui faisait cette promesse. Trajan, qui était son tuteur, l'adopta, et il régna en effet.

On lui attribue en Ecosse la construction de la muraille du Diable.

Fulgose, qui croyait beaucoup à l'astrologierapporte, comme une preuve de la solidité de  cette science, que l'empereur Adrien, très-habile astrologue, écrivait tous les ans, le premier jour du premier mois, ce qui lui devait arriver pendant l'année, et que, l'an qu'il mourut, il n'écrivit que jusqu'au mois de sa mort, donnant à connaître par son silence qu'il prévoyait son trépas. Mais ce livre de l’empereur Adrien, qu'on ne montra qu'après sa mort, n’était qu’un journal.

AEGIR ou AEGOR

Mythologie nordique, Dieu germanique de la haute mer, marié à Ran, sa propre soeur, qu'il invite souvent à ses banquets. Ils eurent neuf filles-vagues. Son pére est Fornjotr.

Aegir aurait appartenu à une génération plus ancienne que les Aesirs et même les Vanirs. Il est représenté sous la forme d'un trés vieil homme aux cheveux blancs et aux doigts crochus.
Son culte était craint des marins car il était connu qu'Aegir déchirait la surface des eaux pour prendre ou détruire les navires, leurs frets et même leurs équipage. Pour s'assurer sa passivité, quelques sacrifices de prisonniers n'étaient pas rares. Il habite un scintillant palais sous-marin d'où ils dirigent les vagues tourbillonnantes par l'intermédiaire de ses filles, les vierges des flots. D'ailleurs la tumultueuse mer du Nord était surnommée "la bouilloire d'Aegir". Cette résidence serait située sur l’ile d’Hlesey, d’où le rapport avec son autre nom Hler.

Il est dit qu'un jour, Thor se montra plus malin qu'Aegir en lui ordonnant de brasser de la bière, ce dernier ayant refusé sous le prétexte de manquer de chaudron. Thor récupéra alors le chaudron d'Hymir, Géant de glace. Celui-ci était si large qu'il lui arrivait aux chevilles une fois mis sur ses épaules ! Une fois débarassé du géant à l'aide de son marteau magique, le dieu fut récompensé par l'humiliation d'Aegir, rageant de devoir fournir autant de biére !

Mais une fête organisé par Aegir tourna mal, le malfaisant Loki poignardant le serviteur du dieu de la mer, Fimafeng, tout en insultant les invités...

AEROMANCIE

Art de prédire les choses futures par l’examen des variations et des phénomènes de l’air.

C’est en vertu de cette divination qu’une comète annonce la mort d’un grand homme.

Cependant ces présages extraordinaires peuvent rentrer dans la tératoscopie.

Francois de la Torré-Blanca dit que l’aéromancie est l’art de dire la bonne aventure en faisant apparaître des spectres dans les airs, les événements futurs dans un nuage, comme dans une lanterne magique. Quand aux éclairs et au tonnerre, ajoute t’il, ceci regarde les augures, et les aspects du ciel et des planètes appartiennent a l’astrologie.

AESIR ou  ASE

Mythologie nordique, Ce sont des guerriers divins vivant à Asgard. Ils s'opposent aux Vanirs, une race ainée de Dieux bien qu'ils soient parfois assimilés aux Aesirs. On trouve parmi pour les hommes, avec Odin à leur tête, Balder, Bragi, Forsete, Freyr, Heimdall, Holder, Loki, Njord, Thor, Tyr, Vili, Ve et Vidar.
Il est intéressant de noter que ces Dieux étaient à figures humaines et symbolisait la vie, la nature et ses secrets, de plus ceux-ci étaient mortels donc proche des préoccupations humaines.

AETITE

Espèce de pierre qu'on nomme aussi pierre d'aigle, selon la signification de ce mot grec, parce qu'on prétend qu'elle se trouve dans les nids des aigles.

On lui attribue la propriété de faciliter l'accouchement lorsqu'elle est attachée au-dessus du genou d'une femme, ou de le retarder, si on la lui met à la poitrine.

Dioscoride dit qu'on s'en servait autrefois pour découvrir les voleurs. Après qu’on l'avait broyée, on en mêlait la cendre dans du pain fai exprès; on en faisait manger à tous ceux qui étaient soupçonnés. On croyait que si peu d'aélite qu'il y eût dans le pain, le voleur ne pou­vait avaler le morceau.

AFFLICTION

Dans le vocabulaire astrologique, on dit qu'une planète est affligée pour exprimer le fait qu'elle est en mauvais aspect.

AGABERTE

«Aucuns parlent, dit Torqué­mada, d'une certaine femme nommée Agaberte, fille d'un géant qui s'appelait Vagnoste, demeurant aux pays septentrionaux, laquelle était grande enchanteresse. Et la force de ses enchantements était si variée qu'on ne la voyait presque jamais en sa propre figure : quelquefois c'était une petite vieille fort ridée, qui semblait ne se pouvoir remuer, ou bien une pauvre femme malade et sans forces; d'autres fois elle était si haute qu'elle paraissait toucher les nues avec sa tête. Ainsi elle prenait telle forme qu'elle voulait, aussi aisément que les auteurs écrivent d'Urgande la Méconnue. Et, d'après ce qu’elle faisaitle monde avait opinion qu'en un instant elle pouvait obscurcir le soleil, la lune et les étoiles, aplanir les monts, renverser les montagnes, arracher les arbres, dessécher les rivières, et faire autres choses pareilles, si aisément qu'elle semblait tenir tous les diables attachés et sujets à ses vo­lontés.

AGATE

Pierre précieuse a laquelle les anciens attribuaient des qualités qu’elle n’a pas, comme de fortifier le cœur, de préserver de la peste et de guérir les morsures du scorpion et de la vipère

AGDISTIS

Génie revêtant une forme humaine ayant à la fois les deux sexes. Né de la pierre des Agdus dans un songe de Jupiter, ce monstre fut la terreur des Dieux qui le mutilèrent. Le fruit de cette mutilation fut un amandier. Passa la fille du fleuve Sangar qui cueillit des amandes et les mit dans son sein, ne les retrouva pas, mais fut enceinte. L'enfant fut si beau qu'Agdistis lui-même s'en éprit. Sur le point de se marier avec la fille d'un roi, Adys (l'enfant de l'amandier) se castra lui-même sous l'effet d'un prodige d'Agdistis. Le Roi en fit autant. Agdistis repentant alla demander à Jupiter que le corps d'Adys fat à jamais préservé de la flétrissure et de la putréfaction. Nous soumettons cette légende peu connue à la sagacité des psychanalystes. Son sens est assez clair et mérite qu'on y prête attention.

AGE

La mythologie assigne aux premiers temps de l'humanité le nom d'âges, qui se sont succédé depuis la création du monde. Le premier est l'âge d'or auquel succède l'âge d'argent, l'âge d'airain et l'âge de fer. Cette série commence par l'âge d'or ou règne de Saturne, âge heureux à tous les points de vue. C'est le mythe de l'enfance heureuse, tel qu'il existe dans la pensée populaire en ce qui concerne les en­fants, tel que l'humanité en projette le mythe dans les temps reculés. Le Paradis terrestre des Chrétiens procède du même mécanisme psychosociolo­gique. Le mythe de l'enfance heureuse correspond à l'état de béatitude de ce qui se trouve avant le temps ou en dehors du temps c'est-à-dire l'en­fance d'avant le souvenir, la jouissance sexuelle, la béatitude mystique et la mort. Tout comme dans la destinée individuelle, il est dans le destin des peu­ples de ne pas pouvoir rester en dehors du temps et le retour au temporel engendre les problèmes moraux et le rachat nécessaire par les sacrifices avant d'en revenir à l'aisance sans angoisse. Le mythe de l'âge d'or n'est donc pas seulement une fable, mais correspond au cadre psychologique nor­mal de la pensée humaine.

Par ailleurs, il se trouve que la succession des âges correspond aussi à une réalité historique, à une tout autre échelle d'ailleurs. L'or, l'argent, l'ai­rain et le fer auquel on ajoute, selon d'autres mythologies, l'argile et divers métaux correspond à Ta succession des civilisations et des empires. Telle est l'interprétation du Colosse dont parle Dante dans son Enfer, et de tels Dragons fondus de plusieurs métaux, de la légende chinoise.

AGE D’AIRAIN

On appelle ainsi l'époque mythique située après le règne de Saturne. Le libertinage et l'injustice commencèrent alors d'envahir la terre. L'emblème de l'âge d'airain est une femme richement vêtue, portant un casque et s'appuyant sur un bouclier.

AGE D’ARGENT

On appelle ainsi le temps que Saturne passa en Italie, où il enseigna l'art de cultiver la terre qui refusait de produire parce que les hommes commençaient à devenir méchants. L'emblème de l'âge d'ar­gent est une jeune femme pesant sur le soc d'une charrue et tenant à la main une gerbe de blé.

AGE DE FER.

C'est le nom qu'on donne à l'époque mythique postérieure au règne de Saturne, et au cours de laquelle les crimes les plus effroyables furent commis. A l'âge de fer, la terre ne produisait plus rien parce que les hommes étaient exclusivement occupés à se tromper et à se quereller. On représente cet âge sous la forme d'une femme d'un aspect farouche et menaçant, coiffée d'un casque surmonté d'une tête de loup ou de renard. Elle tient une épée nue d'une main et un bouclier de l'autre.

AGE D’OR

On appelle ainsi une époque mythique à laquelle on donne aussi le nom de Règne de Saturne. A l'Age d'Or, les hommes vivaient dans l'innocence, la terre produisait elle-même les fruits et tous les produits nécessaires à la vie. L'emblème de l'âge d'or est une vierge parfaitement belle couronnée de fleurs et tenant à la main une corne d'abondance. Elle est assise près d'un olivier, symbole de la paix, sur lequel est un essaim d'abeilles.

AGLA

Mot cabalistique auquel les rabbins attribuent le pouvoir de chasser l’esprit malin. Ce mot se compose des premières lettres de ces quatre mots hébreux : ATHAH, GABOR LEOLAM, ADONAI. < Vous êtes puissant et éternel, Seigneur.> Ce charme n’était pas seulement employé par les juifs et les cabalistes, quelques chrétiens hérétiques s’en sont armés souvent pour combattre les démons. L’usage en était fréquent au seizième siècle, et plusieurs livres en sont pleins, principalement l ’ENCHIRIDION, attribué ridiculement au pape Léon III.

AGLAOPHOTIS

Sorte d’herbe qui croit dans les marbres de l’Arabie, et dont les magiciens se servaient pour évoquer le démons .Ils employaient ensuite l’anancitide et le syrrochite, autre ingrédients qui retenaient les démons évoqués aussi longtemps que l’on voulait.

AGNAN

Démon qui tourmente les Américains par les apparitions et des méchancetés ; il se montre surtout au Brésil et chez les Topinamboux, et paraît sous toutes sortes de formes, de façon que ceux qui veulent le voir peuvent les voir partout.

AGNI

Divinisation hindoue du feu, qui répond à Vulcain. On la désigne souvent par le mot pavaca, celui qui purifie. C'est le second des Dieux protecteurs des huit coins du monde dont il soutient la partie sud-est. Agni est représenté avec quatre bras, tenant de deux un écrit, la tête entourée de flam­mes et monté sur un bélier. Pendant l'ère du Bélier d'ailleurs, on célèbre en bien des points du monde le culte du feu. Le principe de Aor-Agni est à la base d'un certain nombre de religions primitives. Il fait également partie des formes ésotériques de maintes religions plus évoluées (Aor : lumière en hébreu).

AGNUS DEI

Pour remplacer les talismans païens, l'Eglise institua les « Agnus Dei », petits morceaux de cire bénits et moulés en forme de bulle avec un agneau pascal et une pieuse invocation ; parfois ce sera une bulle d'or ornée d'une croix. Cette croix fut longtemps l'antique Tau. Marie, reine d'Ecosse, possédait deux Agnus Dei, l'un en cristal de roche avec une image de Neptune à l'intérieur, et l'autre non décrit.

AGOBARD

Archevêque de Lyon  au neuvième siècle. Il a écrit contre les épreuves judiciaires et contre plusieurs superstitions de son époque.

AGRAFENA-SHIGANSKAIA

L’une des maladies les plus générales sur les côtes nord-est de la Sibérie, surtout parmi les femmes, est extrême délicatesse des nerfs. Cette maladie, appelée mirak  dans se pays, peut être causée par le défaut absolu de toute nourriture végétale, mais la superstition l’attribue à l’influence d’une magicienne nommée Agraféna-Shiganskaia, qui bien que morte depuis plusieurs siècles, continue à répandre l’effroi parmi les habitants et passe pour s’emparer de la maladie.

M. de Wrangel, qui rapporte ce fait dans l’écrit de son expédition au nord-est de la Sibérie, ajoute que parfois on trouve aussi aux hommes qui souffrent du mirak ; mais ce sont des exceptions.

AGRIPPA (Henri-Corneille)

Médecin et philosophe, contemporain d’Erasme, l’un des plus savants hommes de sont temps, dont on l’a appelé le Trismégiste, mais doué d’extravagance ; né a Cologne en 1486 mort en 1535, après une carrière orageuse, chez le receveur générale de Grenoble, et non à Lyon, ni dans un hôpital, comme quelques un l on écrit. Il avait été lié avec tous les princes de son époque. Chargé souvent  de négociations politiques, il fit de nombreux voyages, que Thevet, dans ses vies des hommes illustres, attribue à la manie <de faire partout des tours de sont métier de magicien ; ce qui le faisait reconnaître et chasser incontinent>.

Les démonologues, qui sont furieux contre lui, disent qu’on ne peut le représenter que comme un hibou, à cause de sa laideur magique ; et de crédules narrateurs ont écrit gravement que, dans ses voyages, il avait coutume de payer ses hôtes en monnaie, fort bonne en apparence, mais qui se changeait au bout de quelques jours, en petits morceaux de cornes, de coquille ou de cuir, quelquefois en feuilles d’arbres.

Il est vrai qu’à vingt ans il travaillait à la chrysopée ou l’alchimie ; mais il ne trouva jamais le secret du grand œuvre. Il est vrai aussi qu’il était curieux de choses étranges,et qu’il aimait les paradoxes : son livre de la Vanité des Sciences , que l’on considère comme son chef-d’œuvre, en est une preuve . Mais au chapitre XIII de ce livre, il déclame contre magie et arts superstitieux. Si donc il fut obligé plus d’une fois de prendre la fuite pour se soustraire aux mauvais traitements de la populace ;qui l’accusait de sorcellerie, n’est-il pas permis de croire ou que son esprit caustique ,et peut-être ses mœurs mal réglées,lui faisaient des ennemis, ou que sont caractère d’agent diplomatique le mettait souvent dans des situations périlleuses,ou que la médecine empirique , qu’il exerçait , l’exposait à des catastrophes ; à moins qu’il ne faille croire , en effet, que cet homme avait réellement étudié la magie dans ces universités mystérieuses dont nous ne savons pas encore les secrets ? Quoi qu’il en soit, Louise de Savoie, mère de François 1er, le prit pour son médecin. Elle voulait  qu’il fût aussi son astrologue, ce qu’il refusa. Et pourtant on soutient qu’il prédisait au trop fameux connétable de Bourbon des succès contre la France. Si cette allégation est vrais, c’était semer la trahison, et Agrippa était un fripon ou un fourbe.

Mais on établit encore l’éloignement d’Agrippa pour le charlatanisme des sorciers en rappelant ce fait, que, pendant le séjour qu’il fit à Metz, remplissant les fonctions de syndic ou avocat général ( car cet homme fit tous les métiers), il s’éleva très vivement contre le réquisitoire de Nicolas Savin, qui voulait faire brûler comme sorcière une paysanne.

La spirituelle et vive éloquence d’Agrippa fit absoudre cette fille. A cela les partisans de la sorcellerie d’Agrippa répondent qu’il n’est pas étonnant qu’un pareil compère ait défendu ceux qui pratiquaient la magie, puisqu’il la pratiquait lui même.

-Ils ajoutaient que tandis, qu’il professait à l’université de Louvain, il infecta ses écoliers d’idées magiques. <Un de ses élèves, lisant auprès de lui un certain livre de conjurations, fut étranglé par le diable. Agrippa, craignant qu’on ne le soupçonnât d’être l’auteur ou la cause de cette mort arrivée dans sa chambre, commanda à l’esprit malin d’entrer dans le corps qu’il venait d’étouffer, de ranimer le jeune homme et de lui faire faire avant de le quitter sept ou huit tours sur place publique. Le diable obéit ; le corps du jeune étranglé après avoir paradé pendant quelques minutes, tomba sans vie devant la multitude de ses camarades, qui crurent que ce n’était là qu’une mort subite.

AIGLE

Oiseau consacré à Jupiter depuis le jour où, ayant con­sulté les oracles, parut un aigle qui fut d'un heureux présage. Selon la fable, ce fut un aigle qui porta de l'ambroisie à Jupiter enfant. On le figure souvent portant la foudre dans ses serres. Les Indiens le vénèrent sous le nom de « l'oiseau Tonnerre » (Wakinyan), ce qui procède d'une symbolique analo­gue. On sait que ce symbolisme n'est pas seulement international, mais universel (l'Aigle de l'Empire et de tous les empires, l'écusson de l'Empereur du Tarot, etc.). Il n'offre pas, dans l'inter­prétation, de difficulté particulière lorsqu'on songe à ses caractères zoologi­ques bien connus (il plane, il fond comme l'éclair sur sa proie, il est rapace, il est de dimension imposante, etc...).

AIGLE DE SANG

Mythologie nordique, Supplice consistant à inciser le dos de la victime entre les côtes pour lui extraire les poumons et les déployer comme des ailes. Ce rituel sacrificiel aurait été pratiqué pour le culte d’Odin.

AIGUILLETTE

La Tradition française du Moyen Age donne ce nom à la fois au phallus et à sa signification fonctionnelle. Nouer l'aiguillette voulait dire frapper d'impossibilité l'exercice de la vie sexuelle par un sortilège. On employait quelquefois le même sortilège contre la femme. Dénouer l’aiguillette était au contraire combattre la magie du noeud et rendre la vie sexuelle à nouveau possible.

Il est certain que la vie superstitieuse et paranoïaque des foules crédules du Moyen Age ou des populations rurales contemporaines de quelques-unes de nos campagnes se prête éminemment à rejeter sur le sortilège de l'aiguil­lette maintes inappétences et vicissitudes sexuelles émanant de toutes autres causes. Mais, par ailleurs, soit que le « sorcier » agisse par suggestion, soit qu'il utilise des philtres, soit qu'il emploie des procédés magiques vrais, le noeud de l'aiguillette est une réalité de fait. Les techniques opératoires sont extrêmement variées.

AIL

Etait considéré comme une plante sacrée par les Egyptiens, qui en faisaient une divinité. En Grèce, au contraire, l'entrée du temple de la Mère des Dieux était interdite à celui qui en avait mangé. Rabelais, inci­demment, attribue à une botte d'aulx située derrière une porte manoeuvrée par aimantation, le pouvoir de contrecarrer les effets de l'aimant. Ce rôle antidotique de l'attraction universelle n'est pas venu sous sa plume d'une façon gratuite. On sait que l'ail tue les parasites et aide à l'élimination des auto-toxines, ce qui en fait le médicament de certaines hypertensions.

Ces très diverses propriétés procèdent de ce que l'ail a à la fois les qualités d'un antibiotique et d'un purificateur. Aussi est-il généralement pros­crit dans les cultes aux déesses fécondes et prôné dans les cultes aux Dieux : il ouvre les portes mais en rompant le cycle naturel et peut être considéré à cet égard comme agent de la mutation non continue.

Les traditions populaires ont souvent conservé le souvenir de ces deux sens ; la science elle-même a souvent couvert un peu légèrement le préjugé, comme lorsque les accoucheurs interdisent l'ail pendant l'allaitement. (Si ce prétexte était valable, comme le remarque un accoucheur de Paris, il y a beau temps que le Midi serait dépeuplé !)

AIMANT

Il lui est attribué des propriétés nombreuses et mira­culeuses telles que celles de resserrer les noeuds de l'amitié, de l'union conjugale, de faire parler les femmes infidèles durant leur sommeil, de servir aux opérations magiques. Les Basilidiens s'en servaient pour faire les pierres magiques dites Abraxas et gravaient sur les aimants les noms des génies favora­bles. Le nom même de l'aimant, ses propriétés physiques, expliquent sa sym­bolique sans autre commentaire.

AIR

Les Grecs adoraient l'air tantôt sous le nom de Jupiter, tantôt sous le nom de Junon. Dans le premier cas, c'était l'air pur et, dans le second, l'air grossier qui nous entoure. Quant à l'air en tant qu'Elément, voir ce mot.

AIRAIN

Ce métal, alliage de cuivre, d'étain et d'argent, est considéré comme un purificateur des souillures. Aux fêtes et aux mystères d'Osiris, il était déjà utilisé durant les sacrifices, dans de petites cloches ; il servait aussi sous cette forme, dans les Bacchanales. L'âne de Silène porte une cloche au cou. La clochette d'airain est aussi un des attributs de Priape. Les gonds sur lesquels est posée la porte de l'enfer sont aussi d'airain.

On sait que dans le culte judaïque, le Tabernacle comportait la <. Mer d'Airain », bassin contenant l'eau de purification. Enfin, le catholicisme utilise l'airain à l'exclusion de tout autre métal pour la confection des cloches destinées à appeler les fidèles à l'église.

AITHESIS

Nom donné quelquefois à la faculté de voyance, nommée aussi septième sens

ALBERICH

Mythologie nordique, « Elfe puissant » (autres traduction des histoires d'Andvari dans les gestes Noroise de Sigudr) Alberich est un Roi Nain et il a son château dans la roche souterraine d'une grotte géante orné de gemmes et de métals rares. Il garde le trésor de Nibelung (eau) et celui de Schilbung (brumes) à l'aide de sa puissante magie. Il donna l'épée Balmung à Siegfried ainsi qu'une cape d'invisibilité-« Torn Kappe ou cape flottante en ancien Français »-. Freyja reçu le collier Brisingamen ainsi que Draupnir, l'anneau d'Odin et l'épée magique Tyrfing.
Il forgea un anneau magique avec l'or volé aux Vierges du Rhin ce qui attira les Dieux et les Géants. Deux de ces derniers, Fafner et Fasolt le réclamérent comme paiement de la construction du Valhalla et prirent Freyja en otage.
Remarque : voir Andvari, leur histoire étant vraisemblablement identique mais narré differemment. Alberich est présenté soit comme un elfe ou un nain bien que ce dernier soit plus crédible.

ALBUS

Figure de géomancie dont le nom français est le Blanc, le nom populaire, la Judicieuse, et le nom populaire arabe, la blancheur.

Elle exprime l'idée de pureté et de purification, de sérénité, de calme et d'apaisement, de mysticisme. Correspondences : Eau, Vénus.

ALCHIMIE

Selon la définition en usage dans les milieux pri­maires, l'alchimie serait la forme élémentaire et, en quelque sorte, prémo­nitoire, de la chimie. Sans être fausse en soi, cette assertion est à côté du problème. Selon une autre définition, les alchimistes auraient eu pour but la transformation des métaux en or ; on oublie qu'ils cherchaient parallèlement (pour s'en tenir au pied de la lettre) l'Elixir de longue vie, l'Or végétal, la Panacée universelle, etc... C'est-à-dire que le point de vue chimique pur était assez étranger à tout cela. Réaliser le « Grand Oeuvre », tel était exac­tement l'objectif des alchimistes. Or, le Grand Oeuvre, ainsi dénommé, est d'une appellation qui n'évoque ni une simple astuce physico-chimique, ni une découverte bio-médicale.

L'histoire de l'alchimie montre par ailleurs, au travers d'approximations et de discussions insolubles, qu'elle a pris naissance au confluent égypto­gréco-romain, moins porté vers les études chimiques ou de la nature, que vers la spéculation métaphysique. On en suit la trajectoire à travers le Moyen Age, où elle fait plutôt figure de philosophie que de science. Aujourd'hui enfin, les physiciens ont opéré la transmutation des métaux en or, et il est évident que cela n'intéresse absolument pas les alchimistes — ni personne d'ailleurs.

Laissons donc aux esprits simples leurs points de vue simplistes et essayons de situer l'alchimie sur un plan plus authentique. L'Univers a une structure et, parce que l'analogie est à la fois le principe de cette structure et la voie de sa découverte, on ne peut accéder à la Réalisation, c'est-à-dire à la Participation au Réel, sans avoir saisi les articulations de ce Réel par le dedans. Le Grand Oeuvre, c'est la Réalisation de l'Homme ; mais alors que la voie mystique se propose généralement (en pays chrétien) la Réalisation par la Sainteté, la Réalisation envisagée selon les autres voies (Bouddhisme, Zen, Radja-Yoga, Djnana Yoga, etc...) vise à la Participation par la connaissance.

L'Analogie est une occasion de processus logique (comme dans l'induc­tion amplifiante de la logique classique) aussi longtemps que l'homme n'a pas dépassé le plan poétique, moment à partir duquel la connaissance du Réel lui est donnée avec clarté et évidence. Ce chemin, on peut le parcourir en se pénétrant de l'esprit analogique dans n'importe quel domaine. C'est pourquoi les initiations partent, selon les époques et les cas, d'épreuves inspirées des situations mythologiques, de la dialectique propre à une cosmogonie donnée, de la découverte psychanalytique, ou de réflexions à propos de la Nature expérimentalement étudiée. En alchimie, les lois de la matière, de sa dégra­dation et de sa purification, analogiquement considérées, étaient la trame du cheminement que doit suivre non pas le métal pour devenir or, mais l'homme pour accéder à la considération poétique des clefs structurales.

Autrement dit, l'alchimie n'est pas une technique scientifique, mais une ascèse initiatique. Il ne s'agit en aucun cas d'alchimiser les métaux, mais de s'alchimiser. Sans quoi, pourrait-on comprendre pourquoi les esprits émi­nents qui se sont consacrés à l'alchimie, distinguent l'Or de l'Or des philo­sophes ? Si c'était d'un corps matériel qu'il s'agisse, comment pourrait-on con­cevoir que des esprits sensés aient pu formuler des phrases telles que : « La Pierre philosophale donne le détachement des choses de ce monde... »

Cela étant compris, il faut avouer qu'autour de l'alchimie ainsi entendue, deux causes d'erreur excusent les vulgarisations à courte vue : 1 °) La voie alchimique, comme toutes les autres voies initiatiques, suscite autour de sa lumière la gravitation massive des simples d'esprit, amoureux du mystère par impuissance à vivre dans le concret, des abstracteurs de quintessence théorisant faute de sensibilité et autres variétés de non-valeurs. Tous ceux-Ià ont imité sans comprendre tout en croyant comprendre — un peu comme font les ingénieurs lorsqu'ils entreprennent d'avoir des théories artistiques et de les appliquer. Ceux-là ont transcrit, codifié, déformé, simplifié ou com­pliqué. De sorte que, transmis par eux, l'enseignement alchimique est devenu une caricature chimico-nébuleuse. 2°) L'alchimie, si elle est une voie d'acces­sion à la Réalisation, est aussi une chimie, et elle est aussi une technique de transmutation matérielle. Voici comment :

La chimie proprement dite a d'abord été qualitative. Puis, après les expé­riences classiques que l'on sait et l'invention de la chimie moléculaire, elle est devenue quantitative. La chimie physique moderne la laisse quantitative. Si les propriétés qualitatives y sont considérées (affinités, caractères analyti­ques, réactifs, etc...) ce n'est qu'en rapport avec le plan physico-chimique. Or, on peut considérer le corps étudié par la chimie sous l'angle de leurs carac­téristiques qualitatives extra-physiques (vertus thérapeutiques sur le plan biologique, vertus psychiques sur le plan animique, etc... — car il y a une suite). De cela, le commun n'a plus la notion; alors que les alchimistes, avec les faibles moyens de leur temps, en détenaient au moins le principe. De cette chimie plus complète est sortie la médecine spagyrique, dont on redé­couvre progressivement la valeur, et bien d'autres monuments que la science « positive » n'est pas lasse de redécouvrir.

Par ailleurs, et parce que les enchaînements qualitatifs de la chimie permettent d'accéder aux clefs de structure — et par là à l'action « magique » — l'alchimiste, à l'issue de son ascèse (et non à l'issue de ses recherches de laboratoire), a effectivement la vertu de transformer le plomb en or, de pren­dre la vie d'un être et de la donner à un autre, et toutes opérations dont on trouve la description au rang des « pouvoirs », quelle que soit l'initiation choisie. Les « pouvoirs » sont d'ailleurs des acquisitions accidentelles et ceux qui y parviennent n'en font pas grand cas.

On comprend que ces deux derniers éléments (le fait qu'autour de l'al­chimie aient gravité de pauvres gens et le fait que l'alchimie soit aussi une chimie supérieure) aient semé la confusion dans les esprits ; que le tout, trafiqué par les vulgarisateurs, soit devenu un monument d'incohérence risible. Mais un dernier élément, le plus profond, déroute et déroutera encore le profane : l'alchimie, ascèse par l'analogie, vise à la Réalisation par la connaissance — c'est-à-dire en dehors des voies chrétiennes et scholastiques. Il n'est que d'évoquer l'atmosphère panique du Moyen Age pour compren­dre que les alchimistes avaient tout intérêt, s'ils voulaient sauvegarder et transmettre leurs clefs, à les déguiser sous les dehors les plus abscons. Malgré toutes leurs précautions, on sait combien d'alchimistes sont morts sur le bûcher ou rôtis vivants dans des cages de fer, ou pendus, ou suppliciés. Cer­tains le furent parce qu'ils ne voulaient pas divulguer le secret de l'or — tout comme Jésus fut abandonné au supplice par les Juifs à qui il avait imprudemment parlé du Royaume et que les Juifs étaient déçus d'apprendre finalement que le Royaume devait être conquis par l'intérieur. Malgré toutes les précautions possibles, et l'hermétique en est une, on ne peut empêcher que l'amoureux de la Connaissance soit par principe maudit et en fait immolé.

Toutes ces causes étant comprises, les effets furent non seulement d'exci­ter l'imagination populaire, mais, en aggravant la confusion, de permettre aux aventuriers de prendre le manteau de l'alchimiste. Les « faiseurs d'or » pullulèrent, qui étaient le plus souvent d'habiles escrocs teintés d'alchimie. De nos jours, l'escroquerie à l'alchimie a pris la forme de la vulgarisation par les livres, où, sous un style abscons et mystérieux, des « mages » accumulent des mots prestigieux et incompréhensibles à l'usage d'un public étendu et médiocre qui paie bien. De sorte que le discrédit est entretenu par l'her­métisme et tout le monde est content. L'alchimie vraie, maudite et précieuse, ne s'en porte pas plus mal. A certains égards, la sottise et la vindicte pater­naliste lui font un précieux bouclier. Et tout cela est dans l'ordre.

ALCI

Mythologie nordique, Décrit par Tacite comme des Dieux jumeaux en référence à ceux Romains qui seraient symbolisés par Frey et Freyja ou d’autres divinités androgynes.

ALDON

Deux seigneurs lombards, nommés Aldon et Granson, ayant déplu à Cunibert, roi de Lombardie, ce prince résolut de les faire mourir. Il s'entretenait de ce projet magnanime avec son favori, lorsqu'une grosse mouche vint se planter sur son front, et le piqua vivement; Cunibert chassa l'insecte, qui revint à la charge, et qui l'importuna jusqu'à le mettre dans une grande colère. Le favori, voyant son maître irrité, ferma la fenêtre pour empêcher l'ennemi de sortir, et se mit à poursuivre la mouche, pendant que le roi tirait son poignard pour la tuer. Après avoir sué bien longtemps, Cunibert joignit l'insecte fugitif, le frappa; mais il ne lui coupa qu'une pate, et la mouche disparut.

Au même instant Aldon et Granson, qui étaient ensemble, virent apparaître devant eux une espèce d'homme qui semblait épuisé de fatigue et qui avait une jambe de bois. Cet homme les avertit du projet du roi Cunibert, leur conseilla de fuir, et s'évanouit tout aussitôt. Les deux seigneurs rendirent grâces à l'esprit de ce qu'il faisait pour eux; après quoi ils s'éloignèrent, comme l'exigeaient les circonstances.

ALECTRYOMANCIE ou ALECTROMANCIE

Divination par le moyen du coq, usitée par les anciens .Voici quelle était leur méthode.

On traçait sur le sable un cercle que l’on divisait en vingt-quatre espaces égaux. On écrivait dans chaque se ces espaces une lettre de l’alphabet ; on mettait sur chaque lettre un grain d’orge ou de blé ; on plaçait  ensuite,  au milieu du cercle, un coq dressé a ce manége ; on observait sur quelles lettres il enlevait le grain ; on en suivait l’ordre, et ces lettres rassemblées formaient un mot qui donnait la solution de ce que l’on cherchait a savoir. Des devins, parmi lesquels on cite Jamblique, voulant connaître le successeur de l’empereur Valens, employèrent l’alectryomancie ; le coq tira les lettres Théod …. Valens, instruit de cette particularité, fit mourir plusieurs des curieux  qui  s’en étaient  occupés, et se défit même, s’il faut en croire Zonaras, de tous les hommes considérables dont le nom commençait par les lettres fatales. Mais, malgré ses efforts, son sceptre passa à Théodose le Grand. Cette prédiction a été faite après coup.

ALEUROMANCIE

Divination qui se pratiquait avec de la farine. On mettait des billets roulés  dans un tas de farine ; on les remuait neuf fois confusément. On  partageait ensuite la masse aux différents curieux, et chacun se faisait un thème selon les billets  qui lui est échus. Chez les païens , Apollon était appelé ALEUROMANTIS , parce qu’il présidait a cette divination .Il en reste quelques vestiges dans certaines localités , ou l’on emploie le son au lieu de la farine. C’est une amélioration.

ALFRIDARIE

Espèce de science qui tient de l’astrologie et qui attribue successivement quelque influence sur la vie aux diverses planètes, chacune régnant a son tour un certain nombre d’années

ALGOL

Des astrologues arabes ont donné se nom au diable.

ALFAHEIM

Mythologie nordique, (ou Alfheim signifiant la demeure des elfes ou alfes) C'est un des Neuf Mondes situé sur le plan le plus haut de l'Univers au même niveau que les mondes d'Asgard et de Vanaheim. C'est le lieu de résidence de Freyr et la terre des elfes de lumières. Ces derniers et leurs semblables, les elfes noirs, ne s'occupent des affaires divines ou humaines.

ALFRODULL

Mythologie nordique, "la gloire des elfes" ; certainement la déesse Sol) C'est le nom du Soleil porté dans le char d'une fille tiré par deux chevaux, Arvak et Alsvid. Poursuivie par le loup Skoll, elle les méne à toute allure. Avant la fin des Mondes, elle aura une fille et quand Skoll la dévorera, cette dernière prendra sa place. Le Soleil ne donne pas la lumière mais la chaleur, c'est la crinière des chevaux qui illuminent l'Univers.

ALOMANCIE

Divination par le sel, dont les procédés sont peu connus. C’est en raison de l’alomancie, qu’on suppose qu’une salière renversée est un mauvais présage.

ALOPECIE

Sorte de charme par lequel on fascine ceux à qui l’on veut nuire. Quelques auteurs donnent le nom d’alopécie à l’art de nouer l’aiguillette.

ALPHITOMANCIE

Divination par le pain d’orge. Cette divination importante est très ancienne. Nos pères, lorsqu’ils voulaient dans plusieurs accusés reconnaître le coupable et obtenir de lui l’aveu de son crime, faisaient manger a chacun des prévenus un rude morceau de pain d’orge. Celui qui l avalait sans peine était innocent : le criminel se trahissait par une indigestion .C’est même de cet usage, employé dans les épreuves du jugement de Dieu qu’est venue l’imprécation populaire : Je veux, si je vous trompe, que ce morceau de pain n’étrangle !

ALUDEL

Dans le vocabulaire des alchimistes, l'Aludel est le vase dit aussi vase philosophique où s'accomplit le grand oeuvre. Il était fait, d'après Philalèthe, non de verre, mais de terre ; d'après d'autres, d'un beau verre clair et épais, hermétiquement fermé. Sceller l'Aludel signifie : fixer le mercure. Toutes les expressions de cet ordre, et qu'il est inutile d'énumérer, ont évidemment un sens concret et un sens caché, bien visible si l'on consi­dère par exemple la Table d'Emeraude (voir ce mot) ou des documents du même ordre. (Voir au mot ALCHIMIE.)

ALVIS

Mythologie nordique, (le-Trés-Sage ou « qui-sait-tout ») Alvis était un Nain qui fut vaincu par la ruse Thor. Auparavent, les Dieux avaient proposé la main de la fille de Thor, Thrud, au Nain comme paiement d'armes commandées. Mais Thor n'étant pas d'accord fit passer un test à Alvis. Celui-ci devait répondre à une série de questions prouvant qu'il méritait une telle union malgré sa petite taille. Répondant sagement à toutes, il fut toutefois surpris par les premiers rayons de Soleil et se transforma en pierre, sa race ne vivant que sous la terre ou la nuit. A noter que les questions portaient sur les noms de la Terre, la Lune, le Ciel, le Soleil, les Nuages, le Vent, la Mer, le Feu, les Forêts, la Nuit, les Céréales et la Biére.

AMARANTHE

Fleur que l’on admet parmi les symboles de l’immortalité. Les magiciens attribuent aux couronnes faites d’amaranthe de grandes propriétés, et surtout la vertu de  concilier les faveurs et la gloire a ceux qui les portent.

AMASIS

Hérodote raconte qu’ Amasis, roi d’Egypte, eut l’aiguillette nouée, et qu’il fallut employer les plus solennelles imprécations de la magie pour rompre le charme.

AMBIVALENCE

L'ambivalence est un fait psychologique profond en vertu duquel chacune de nos tendances est doublée de son contraire, de même que les notions y correspondant. Dans le domaine du symbolisme, le fait est bien connu et crée de réelles difficultés

AMBROISIE

Mets divin dont on ignore la nature mais qui procurait une impression délicieuse, donnait l'immortalité et la jeunesse, satis­faisait tous les sens à la fois. Les poètes la présentent tantôt comme un aliment et tantôt comme un breuvage (à l'instar du Nectar). Il s'agit, de toute évidence, d'un mythe dans• lequel les hommes ont projeté leur archétype du bien-être obtenu par les plaisirs d'un bon repas, de la joie lucide ou pseudo-lucide obtenue par l'alcool, et par extension de toute joie complète.

AME

Etymologiquement, l'âme est le principe animateur, le prin­cipe de la vie. Nous sommes habitués par la métaphysique chrétienne à dis­tinguer l'âme et le corps. Mais cette conception dualiste n'est pas universel­lement partagée. La Tradition orientale notamment distingue une âme du plan physique, une âme du plan vital, une âme du plan animique, une âme du plan mental, une âme morale, une âme causale, etc... L'âme ainsi conçue rend compte de beaucoup de faits inexplicables autrement, et Paracelse, notamment, invoque la présence dans l'être humain d'une série de plans ayant chacun leur principe animateur. On sait que les spirites placent entre l'esprit et le corps un corps astral, intermédiaire ; mais ils ne sont pas d'accord entre eux sur la situation de l'âme dans ce système. Dans la mesure où ils se réfèrent au bouddhisme, ils considèrent l'âme comme mortelle (selon Bouddha, l'âme meurt avec le corps) ; dans la mesure où le spiritisme s'inspire d'esprit christianisant ou subit l'influence de la culture chrétienne, il sauvegarde le principe d'une âme impérissable, dont les destinées morales vont rejoindre le problème traditionnel du Karma.

L'âme quittant le corps lors de la mort répond à la fois à une réalité et à une fiction. Son départ qu'on illustre sur les bas-reliefs égyptiens aussi bien que sur les gravures du Moyen Age par un oiseau blanc quittant le corps par les orifices naturels, la bouche généralement est une réalité, comme le prouvent des témoignages irréfutables de l'histoire, la tradition la plus solide (Livre des Morts égyptiens), les expériences de métapsychique les mieux conduites. Le départ de l'âme est aussi une fiction dans la mesure où la croyance populaire a voulu voir dans ce départ de l'âme vers Dieu une vacance du corps, risquant dès lors d'être habité par les démons. Dans le cérémonial de la mort des papes, une garde de chevaliers en armes, la fermeture des fenêtres, la flamme de cierges consacrés mettent la dépouille mortelle du pontife à l'abri de pareille aventure. Dans les coutumes locales des funérailles, on trouve encore en bien des pays le souvenir de précautions analogues. La flamme du cierge, qui brûle près des morts, protège sym­boliquement et magiquement le corps des Démons (qui ne supportent que l'obscurité) ; la veillée funèbre est une précaution du même ordre. La flamme, par ailleurs, aide l'âme à se dégager du corps et l'aide aussi dans son ascension.

Le Japon célèbre chaque année pendant deux jours la Fête des Ames. A la nuit, on illumine la ville, puis on se rend vers les cimetières. On invite les âmes à venir, et on ne néglige rien pour les recevoir dignement. Les hommes et les femmes s'entretiennent d'ailleurs à haute voix avec leurs défunts. Puis, le lendemain, on chasse les âmes vers les cimetières à grands coups de pierres, afin qu'aucune d'elles ne demeure dans la ville.

Au Tonkin, le premier jour de chaque semaine, on présente du riz cuit aux âmes de ceux qui sont morts de faim. On espère ainsi se rendre favo­rables les âmes les plus lucides (car le jeûne et la sobriété sont un gage de lucidité). Aux Indes, les insulaires des Molluques croient que les âmes, dans les premiers jours qui suivent la mort, reviennent hanter leur maison et s'attaquent violemment aux survivants qui ne pensent pas assez à eux, et aux jeunes enfants. Aussi continue-t-on à tenir leur lit prêt et à mettre leur couvert. Dans le Laos, on croit que les âmes des méchants sont anéanties et que celles des bons deviennent lumineuses, montent dans un paradis où elle se rassasient de plaisirs, puis redescendent sur terre s'unir à un corps. En Afrique, dans le Royaume du Loango, on croit que chaque famille a un certain nombre d'âmes, fixé une fois pour toutes ; celles des morts retournent aux enfants. On voit là qu'il y a toutes sortes de conceptions intermédiaires entre nos conceptions occidentales et la réincarnation, théorie selon laquelle les âmes désincarnées s'unissent de nouveau à un corps jusqu'à leur puri­fication totale .

Ce n'est pas ici l'endroit d'exposer, ni même de résumer les débats qui ont retenu l'attention des philosophes depuis les temps les plus reculés. Proposons seulement cette considération que l'existence de l'âme est un faux pro­blème pour cette seule raison que l'âme est une projection ou un attribut du moi individuel. Aussi consistante et durable que ce dernier, elle se mani­feste objectivement sous sa forme subtile et peut se manifester après la mort dans la même mesure où une rémanence du moi semble logique et probable. Toutefois, et parce que le moi est un accident par cristallisation d'angoisse au sein de la substance universelle, il ne faut accorder à l'âme que la valeur d'un phénomène et du fatras méta­physico-théologique qui entoure la notion d'âme que la valeur d'une mani­festation d'angoisse humaine.

AMEN

Mot magique dont la valeur kabbalistique est 99 et qui figure sous toutes sortes de formes sur les papyrus magiques arabes ou égyptiens. Bien que ce mot ait été emprunté par les Latins à l'hébreu et bien que l'hébreu lui donne le sens « Ainsi soit-il », on est obligé de penser que ce mot si court — plus court encore en hébreu archaïque — peut difficilement exprimer une idée aussi complexe, si ce n'est d'une façon convention­nelle. On est frappé aussi d'une certaine ressemblance avec le mantram hindou Alun et divers mantrams du même ordre. Le sens ésotérique « Que ta volonté soit faite » est d'ailleurs propre à la méditation selon les bonnes règles, et la consonance A'mn est non moins propre à éveiller les résonances convenables. Faute de documents suffisants sur cette question, nous nous bor­nons à la signaler.

AMNIOMACIE

Divination sur la coiffe ou membrane qui enveloppe quelquefois la tête des enfants  naissants, ainsi nommée de cette coiffe que les médecins appelaient en grec amnios Les sages –femmes prédisaient le sort futur du nouveau-né par l’inspection de cette coiffe ; elle annonçait d’heureuses destinées si elle était rouge, et des malheurs si elle présentait une couleur de plombée.

ANAPISAPTA

Sorte de talisman contre les maladies contagieu­ses, lequel consiste à porter sur soi ce mot écrit. Les kabbalistes y reconnaissent autant de mots que de lettres et l'expliquent ainsi : A, antidotum ; N, nazareni ; A, au f erat ; N, necem ; I, intoxicationis ; S, sancti f icat ; A, ali­menta ; P, pocula ; T, trinitas ; A, alma.

ANARETE

Nom donné par quelques auteurs à la plus mau­vaise planète d'un thème et plus particulièrement à celle qui a un mauvais rapport avec la maison de la mort. C'est une définition et une notion vides de sens, car toutes les planètes peuvent jouer ce rôle. Ce sont les aspects qui décident.

ANDHRIMMIR

Mythologie nordique, (Face-de-Suie) C'est le cuisinier Aesirien des Einherjars. Tous le soirs, il massacre le sanglier cosmique Sahrimnir et le cuisine dans son chaudron magique Eldhrimnir. Ce sanglier se regénére et est de nouveau tué pour le soir suivant. Le lait issu de la chévre Heidrun, qui se tient en haut de l'arbre Yggdrasil et mange ses feuilles, forme l'ingrédient de base pour le breuvage bu par les Aesirs.

ANDVARANAUT

Mythologie nordique, Un anneau enchanté, capable de trouver de l'or et qui fut la possession d'Andvari, jusqu'à ce que Loki s'en empare. Le Nain a épuisé l'anneau et lui a donné malchance et souffrance à ceux qui le porteraient. Loki donna l'anneau, ce qu'il regrette encore, à Hreidmar, Roi des Nains, comme réparation du meurtre d'Otter, accidentel. La méldiction frappa sous la forme de Fafnir qui s'enfuit avec aprés le meurtre de son pére...

ANDVARI

Mythologie nordique, « Gardien-du-souffle ? » (Alberich dans le Nibelungsaga). Andvari est un artisan Nain vivant sous une chute d'eau, ammassant une grande fortune à l'aide de son anneau Andvaranaut. Pour fuir ces nombreux ennemis, il est capable de se changer en poisson. Il perdit toutefois son anneau au profit de Loki; dieu du feu. De voyage à Midgard, Loki tua une loutre endormie avec une pierre.
Loki, Odin et Hoenir demandérent alors asile à un fermier, Hreidmar en échange de la loutre, celui-ci s'apercevant avec horreur qu'il s'agissait en fait de son propre fils, Otter ! Il lança alors un sort pour affaiblir les Dieux et, avec ses fils Fafnir et Regin, il les attacha. Odin clamant leur innonence, le fernier consentit à ce qu'une somme d'or soit versée, compensation de la taille de la peau de son fils, qui était sans fin !

C'est Loki qui fut envoyé sans ses "chaussures-ciel", demeurant en gages ainsi que ses amis. Armé du filet de Ran, il descendit le long d'un labyrinthe de tunnels ruisselants et atteignit un lac souterrain, capturant un brochet., qui se releva être Andvari. Forcé à donner tout son or, le Nain maudit l'anneau Andvaranaut.

Une fois la dette de sang payée, Hreidmar fut effectivement tué par son fils, Fafnir, se transformant alors en Dragon. Ce démon fut tué par Sigurd à la demande de son beau-pére, Regin. Mais ce dernier ne convoitait que l'anneau et fut exécuté par son beau-fils...et la malédiction continua.

ANE

Les Anes sont deux étoiles de la constellation du Cancer. Quant à l'animal, il était sacrifié par les Perses à Mars ; ce peut n'être là qu'un rite de magie guerrière, car les Daces portaient dans les combats une tête d'âne en guise d'enseigne. D'emblème totémique ou symbolique, il se trouve que la tête d'âne a pris le sens de courage dans l'antiquité la plus reculée. En Grèce, par contre, l'âne était consacré à Priape, à qui on l'offrait en sacrifice — en souvenir, dit la légende, de ce que ce Dieu en avait tué un lors de l'expédition de Bacchus aux Indes. Pour les Egyptiens, l'âne était le symbole de Typhon. Ils traçaient son effigie sur les gâteaux offerts en sacrifice à ce Dieu du Mal.

La civilisation romaine, superstitieuse, avait peut-être conservé un souve­nir de cette dédicace, car la rencontre d'un âne était considérée à Rome comme un mauvais présage. Par contre, la mythologie nous montre l'âne sous un jour beaucoup plus instructif : Jupiter avait accordé la vertu de l'éternelle jeunesse aux hommes. Il chargea l'âne de Silène de nous apporter cet ines­timable trésor. Or, l'âne, fatigué, rencontra une source et voulut s'y désaltérer. A ce moment, le serpent, gardien des Eaux, lui signifia que pour en boire, il fallait lui céder le trésor. Le stupide animal troqua contre quelques gorgées d'eau une liqueur plus précieuse que le nectar. C'est depuis ce temps que les serpents ont la propriété de changer de peau et de reprendre tout l'éclat et la vigueur de la jeunesse.

Ce mythe rappelle avec évidence l'aventure d'Eve et du Serpent. L'ani­malité perd le don des Dieux par la tentation. Il est à noter que l'âne, dans nos expressions populaires, passe pour génésiquement puissant (monté comme, bander 'tomme, etc...), ce qui est dans l'axe de sa vocation au Dieu Priape ; mais il passe aussi pour sot et entêté (sot comme, têtu comme, etc...). Le rapport va plus loin et le bonnet d'âne symbolise la punition par retour à l'animalité. Dans le conte de Collodi, vulgarisé par le film : Les Aventures de Pinocchio, on voit le héros transporté dans une île où les enfants mé­chants sont voués à l'involution et où le premier symptôme de dégradation est l'allongement des oreilles. Dans le Tarot, les deux êtres humains enchaînés au socle du Diable ont des oreilles d'âne. De nombreux démons, dans toutes les mythologies, ont aussi cet attribut.

Par ailleurs et par un effet de l'ambivalence habituelle, l'âne a aussi un rôle sacré lorsqu'il est femelle. Balaam est prévenu par son ânesse de la présence du Seigneur, l'ânesse réchauffe Jésus nouveau-né — et l'allaite même selon certaine tradition. C'est sur une ânesse qu'a lieu la fuite en Egypte et sur une ânesse que le Christ entre à Jérusalem (il dit en substance d'aller chercher une ânesse allaitant son petit pour signifier qu'il s'agit bien de la femelle en période de vie génitale active). Là, on retrouve le côté sacré de la vie animale féminine, le mythe de la Déesse Mère, d'Isis, etc. Les utilisations qu'on peut faire de l'âne et de l'ânesse en magie opératoire dérivent des significations qui viennent d'être esquissées.

ANGERBODA

Mythologie nordique, ("la-Fauteuse-de-Mal" ou Angrboda) C'est une géante de la glace qui avec l'astucieux Loki engendra trois monstres : Le gigantesque loup Fenrir, le serpent de Midgard, Jormungandr et la déesse de la mort, Hel. Les Dieux les enlevérent dans son manoir quand ils apprirent la terrible menace qu'ils représentaient.

Odin bannit d'abord Hel au "monde sous les mondes" lui donnant la charge d'acceuillir les morts. Il lança ensuite le serpent dans l'océan, celui-ci en brisa la glace et s'enfonça dans les profondeurs. Fenrir fut d'abord gardé à Asgard puis lié par une chaine lorsque les Nornes prédirent qu'il tuerait Odin. D'ailleurs Odin aimait à répéter que "le loup gris observe les palais des Dieux".

ANNEAU

Tout anneau signifie précisément alliance. Les bagues purement décoratives ne traduisent qu'une signification dérivée de cette affec­tation fondamentale. Aussi en avons-nous traité au mot ALLIANCE. Quant aux anneaux portés à la cheville, au bras, aux oreilles ou dans le nez, ils ont une signification analogue — transposée seulement en fonction de l'endroit du corps où ils sont portés. Le bracelet au bras gauche traduit un enga­gement affectif, le bracelet au bras droit un engagement sur le plan de la vie sociale, le bracelet au pied une aliénation de liberté (danseuses du tem­ple, forçats, lesbiennes), l'anneau engagé dans le lobe percé de l'oreille traduit un assujettissement aux forces naturelles (gitanes, pirates, Bouddha — en des sens bien différents d'ailleurs), l'anneau dans le nez est une soumis­sion de personnalité sociale (négresses, esclaves, animaux fouisseurs domes­tiqués). Le collier a un sens plus social (chaîne et médaille de baptême, chaîne des huissiers, pectoral des prêtres ou des feld-gendarmes allemands, etc...). Ce symbolisme va à l'infini et les valeurs magiques qui s'y rattachent peuvent nous être indiquées par exemple par le Tarot.

ANTECHRIST

Entité opposée à celle du Christ et dont il est explicitement parlé dans les Ecritures, notamment l'Apocalypse de Jean. Il est prévu un règne de l'Antéchrist. Chaque époque le croit arrivé pour peu qu'elle souffre d'une hérésie ou d'un tyran. En fait, l'Antéchrist est à la fois un mythe et une réalité, mais sur le plan analogique ; c'est-à-dire que l'entité Antéchrist correspond à des noeuds de phases cycliques sur différents plans de l'Univers chrétien.

ANTHROPOMANCIE

Divination par l’inspection des entrailles d’hommes ou de femmes éventres. Cet horrible usage était très ancien Hérodote dit Ménélas , retenu en Egypte par les vents contraires ,sacrifia a sa barbe curiosité deux enfants du pays , et chercha a savoir ses destinées dans leurs entrailles .Héliogabale  pratiquait cette divination Julien l’Apostat , dans ses opérations magiques et dans ses sacrifices nocturne  faisait tuer dit ont un grands nombres d’enfants pour consulter leurs entrailles .Dans sa dernière expédition ,étant a Carra en Mésopotamie , il s’enferma dans le temple de la lune. ; et , après fait ce qu’il voulut avec les complices de son impiété , il scella les portes, et y  posa une garde qui ne devait être enlevée qu’ a son retour. Il fut tué dans la bataille qu’il livra au Perses, et ceux qui entrèrent dans le temple de Carra, sous le règne de Jovien, son successeur, y trouvèrent une femme pendue par les cheveux, les mains étendues, le ventre ouvert et le foie arraché.

ANTITEES

Génies malfaisants appartenant aux croyances de la haute antiquité grecque. Ces génies avaient pour fonction de tromper les hommes par des illusions. On démêle assez mal leur nature de celle des Entités (voir ce mot) invoquées par les mages aux époques plus récentes, encore que le rôle des unes soit spécialisé dans l'illusionnisme. Les recherches étymologiques induisent souvent en erreur dans de telles confrontations.

AOUT

D'Auguste. Il s'appela aussi Sextilis et fut consacré à Cé­rès. Les Anciens le figuraient par un homme nu buvant dans une large tasse, ayant un éventail fait de queues de paon, ou sous les traits de Cérès vêtue de blanc, ayant pour attributs son flambeau, sa gerbe et sa faucille, couron­née d'épis et de pavots. A ses pieds, sont la charrue, le joug et le fléau ; un chien l'accompagne.

APPLICATION

Terme désignant le fait que deux planètes sont sur le point de réaliser leur conjonction. Deux planètes voisines peuvent au contraire, dans un thème, être en voie de séparation, c'est-à-dire : être en train de s'éloigner l'une de l'autre (par exemple lorsque la plus rapide des deux est devant). On distingue l'application simple (deux planètes antéro­grades vont se rencontrer), l'application double (une planète antérograde va à la rencontre d'une planète rétrograde), l'application complète (une planète est en voie de passer devant l'autre), l'application incomplète (une planète va vers une autre, mais rétrogradera avant de l'avoir rejointe). Du point de vue de l'interprétation, la plupart des auteurs disent l'application double plus forte que la simple et donnent à l'application incomplète le sens d'une chose qui n'ira pas jusqu'à sa réalisation.

APTITUDES

A côté des procédés scientifiques ou qui veulent l'être (méthode des tests), les aptitudes peuvent être décelées par la typologie ou par l'astrologie. Toutefois, l'interprétation astrologique des aptitudes est très complexe. Il faut surtout se défier des nomenclatures simplistes qui font dépendre les dons artistiques de Vénus, les aptitudes commerciales de Mercure, etc... Les aspects et la position par rapport aux maisons constituent une approximation meilleure : mais en réalité, les aptitudes expriment une synthèse de la personnalité étudiée.

ARAIGNEE

L'araignée, à cause de sa forme tentaculaire, a toujours joué un rôle important dans les croyances populaires. Les Anciens considéraient comme un présage funeste le fait qu'une araignée tisse sa toile sur la statue des Dieux ou sur les enseignes militaires. De nos jours, la superstition s'est diversifiée, mais demeure universelle : on dit en Allema­gne : « Spinne am Morgen, bringt Leide und Sorgen », etc... comme on dit en France : « Araignée du matin, chagrin... du soir, espoir ». L'universalité de ce dicton procède d'un fait naturel, à savoir que l'araignée est (avec la pieuvre et le chat) la forme habituelle d'objectivation de l'angoisse. L'araignée du matin est l'angoisse matinale (symptôme de neurasthénie ou, en tout cas, d'asthénie). L'araignée de midi ne saurait être maléfique, parce que la vie est là et le soleil qui la symbolise ; il ne peut s'agir que des rythmes d'in-quiétude liés à l'action et au désir. Le soir était primitivement pris pour l'après-midi, période de repos et de réflexion. L'angoisse ne peut être liée qu'aux actions à entreprendre les jours suivants, c'est-à-dire inhérente aux es­poirs. L'heure des repas et des activités s'étant progressivement décalée au cours des temps, l'araignée du soir est devenue araignée de l'après-dîner, c'est-à-dire de la nuit. Pour les besoins de la cause, l'imagination populaire a intercalé « l'araignée du tantôt » qui annonce cadeau (c'est-à-dire quelque chose d'heureux, comme l'araignée de midi, et pour les mèmes raisons).

ARBRE DE VIE

L'Arbre de Vie figure, comme on le sait, dans l'Ancien Testament. Il se trouve au milieu d'un jardin d'où partent quatre fleuves, vers les quatre points cardinaux. Il porte textuellement le nom d«< Arbre qui est au milieu du jardin » et la tradition chrétienne, renouvelant la tradition rabbinique, l'appelle « Arbre de la Science du Bien et du Mal ». En fait, ce symbole traduit la connaissance, le fruit de l'arbre étant la mani­festation de cette connaissance dans l'homme. Il est l'objet d'un interdit pour les raisons qui sont exposées dans la première partie de ce livre. L'interven­tion de la femme doit s'interpréter comme la conjugaison nécessaire du principe masculin et du principe féminin dans la connaissance, le premier appor­tant au second la substance vivante alors que ce dernier n'est capable d'assumer que les structures. Quant au serpent, il a des significations sur plu-sieurs plans ; la plus intéressante est probablement celle qui s'apparente à la notion de Kundalini des Yogis hindous — la Kundalini étant traditionnelle-ment représentée comme identique à la force sexuelle, semblable à un serpent par sa forme, et provoquant par son ascension l'accès à la connaissance. Le serpent est, bien entendu, à la fois sacré et maudit.

On trouve aussi dans la mythologie gréco-latine une expression de la tentation par le serpent . Quant à l'arbre de vie, on en retrouve la réplique dans tous les folklores et toutes les mythologies, et aussi cette notion que le fruit de cet arbre est une pomme. Les pommes d'or du jardin des Hespérides en sont un exemple connu ; la pomme du paradis terrestre passe pour être un fruit ordinaire. Pour que le symbolisme soit homogène, il faut aussi que ce fruit porte un signe : or, ce signe apparaît lorsqu'on coupe une pomme selon son grand diamètre équatorial. Les pépins et l'ensemble de l'appareil reproducteur sont disposés très exactement selon une étoile à cinq branches .

Quant à l'arbre lui-même, il n'est nullement précisé qu'il soit un pom­mier. Certains ont voulu voir dans l'arbre, dont les branches se divisent dichotomiquement, le symbole de l'analyse ou de la dialectique. Il est cer­tain que l'analyse est à la fois un instrument utile et une occasion de chute et de destruction, comme la dialectique. Mais — et c'est là où la prédesti­nation de l'Homme est inscrite — le passage par l'étage dialectique est une dégradation nécessaire. Le fruit de l'arbre n'est pas un mal en soi. Le péché était seulement de l'avoir « croqué », c'est-à-dire d'avoir mutilé le tout vivant par curiosité, et de se l'être approprié ; c'est d'autant plus un péché que la mutilation le fait apparaître sous des dehors conceptuels alors que sa vraie nature est d'être intacte et intuitivement saisie dans son unité, par voie de participation. Ajoutons que mille autres interprétations ont été fournies qui se ramènent analogiquement à celle-là.

ARBRES

Dans la mythologie naturelle de l'espèce humaine, les arbres tiennent une place comparable à celle des animaux. Nous n'avons pas cru devoir faire une place aux attributs et particularités de chaque espèce végétale. L'article ANIMAUX du présent dictionnaire donne les idées direc­trices de ce genre de symbolisme.

L'arbre en soi relève d'un symbolisme très complexe. D'une part, élevé de la terre, il représente les forces évolutives par opposition aux forces d'en haut (l'arbre de vie, moyen d'élévation de l'homme, avec risque de chute). Par ailleurs, et en tant que projection anthropocentrique, il représente la vie végétative. Enfin, et par sa forme même, il est appelé à figurer tout ce qui est synthèse suivie d'analyse, dans le temps comme dans l'espace (arbre généalogique, arbre des dix Séphiroths, arbre du songe prophétique de Zoro­astre, de Booz, etc...).

Le principe vivant des arbres a toujours été largement mis à contribu­tion par la magie. A ce titre, chaque essence d'arbre a, bien entendu, sa vertu particulière. En magie des campagnes, on pratique encore couramment l'assumation par le chêne : lorsqu'un malade souffre d'une plaie suppurante, on perce un chêne jusqu'au coeur d'un trou assez large pour pouvoir y introduire un pansement souillé provenant de la plaie (il convient en outre de respecter, pour le moment de cette opération, les conditions astro­logiques convenables). On bouche le trou avec du bois et un onguent imper­méable. Le malade guérit, mais si l'on vient à abattre l'arbre, il risque des accidents généraux graves.

Sauf dans les conceptions philosophico-religieuses résolument anthropo­centriques (l'homme a seul une âme, etc...) il est à peu près universellement considéré que les arbres, comme les êtres vivants, ont un psychisme. Le Dr Fauveau de Courmelle a publié des photographies d'astral des plantes. Certains faits de biologie végétale, qu'on « explique » par les tropismes, rendent difficilement concevable qu'une plante supérieure soit privée au moins d'un système coordinateur des réactions. Toute la question est à reprendre et à étudier du point de vue scientifique ; mais il est évident que la science actuelle n'est pas encore assez débarrassée de ses interdits métaphysiques pour l'abor­der avec objectivité.

ARC DE VOYANCE

(ou de médiumnité). — Ligne de la main qui prend naissance à la racette, s'inscrivant en arc pour aboutir à la naissance du petit doigt, lieu où elle se confond avec la ligne d'intuition. Elle est soit d'une seule venue, soit morcelée, soit fragmentaire ; son sens varie selon ces différentes éventualités. Lorsqu'elle existe dans les deux mains, elle confirme une voyance efficace. Dans la main gauche seule, elle indique une potentialité de voyance non développée. Lorsque la main comporte par ailleurs les signes d'une forte cérébralité, cette voyance ne peut être utilisée qu'à l'état d'hypnose.

ARGENT

L'argent est un métal précieux qui fut fort répandu dans l'antiquité, qui ne connaissait pratiquement aucun métal blanc. L'analogie entre le soleil et la lune, l'or et l'argent, s'est présentée comme évidente. L'or et l'argent sont les deux « métaux » de la symbolique héraldique. Ils ont été les symboles des pièces principales masculine et féminine de toutes les mythologies et de toutes les religions — jusqu'à la religion chrétienne, qui associe l'or au Christ et l'argent à la Vierge. Comme autre analogie dérivant encore des précédentes, il faut signaler le jour et la nuit, la féconda­tion et la fécondité, le feu et l'eau, le chaud et le froid. Autrement dit, l'ar­gent participe à la fois de tout le symbolisme lunaire, de tout le symbolisme féminin, avec ce qu'il a de nocturne et de fécond. Les alchimistes ont largement développé les qualités magiques des deux métaux. Parmi maintes spéculations que nous ne pourrions pas faire suivre ici, il faut au moins signaler que certaines d'entre elles ne sont pas dépourvues d'intérêt, si on les interprète à la lumière de la science moderne. Il y a d'abord le fait que les sels d'argent sont, en majorité, noirs — tout au moins les sels à l'état natif ; d'ailleurs, il est vraisemblable que les alchimistes accordaient un intérêt privilégié aux sulfures et que, par surcroît, ils arrivaient peut-être difficilement à se débarrasser des traces de sulfure en préparant les autres sels. Bref, les sels d'argent ont eu le curieux privilège de prêter leur con-cours à la photographie — ce monde de l'image latente et de la lumière cachée dans l'obscurité.

Le langage nous offre une autre surprise, en colportant l'expression d'ar­gent liquide qui n'a pas son équivalent pour l'or, à qui on réserve les épi­thètes de flamboyant, étincelant, etc... Le mot Geld, qui correspond à notre mot argent, est une forme mineure ou féminine du mot Gold, qui signifie Or. Enfin, dans les croyances populaires, les pièces d'argent et les pièces d'or ont des emplois bien distincts et bien significatifs. Si le symbolisme de l'argent est un fait du hasard, il convient au moins de remarquer qu'il s'agit là d'un hasard universel dans son acception et parfaitement cohérent d'un plan à l'autre.

ARGENT ( DU DIABLE )

L'argent qui vient du diable est ordinairement de mauvais aloi. Delrio raconte qu'un homme ayant reçu du démon une bourse pleine d'or, n'y trouva le lendemain que des charbons et du fumier. Un inconnu, passant par un village, rencontra un jeune homme de quinze ans, d'une figure intéressante et d'un extéricui fort simple. Il lui demanda s'il voulait être riche; le jeune homme ayant répondu qu'il le désirait, l'inconnu lui donna un papier plié, et lui dit qu'il en pourrait faire sortir autant d'écus qu'il le souhaiterait, tant qu'il ne le déplierait pas, et que s'il domptai sa curiosité, il connaîtrait avant peu son bienfaiteur. Le jeune homme rentra chez lui, secoua son trésor mystérieux; il en tomba quelques pièces d'or... Cependant, n'ayant pu résister à la tentation de l'ouvrir, il y vit des griffes de chat, des ongles d'ours des pates de crapauds et d'autres figures si horribles, qu'il jeta le papier au feu, où il fut une demi-heure sans pouvoir se consumer. Les pièces d'or qu'il en avait tirées disparurent et il reconnut qu'il avait eu affaire au diable.

Un avare, qui était extrêmement riche à force d'usures, se sentant à l'article de la mort, pria sa femme de lui apporter sa bourse, afin qu'il pût la voir encore avant de mourir. Quand il la tint, il la serra tendrement sur son sein, et ordonna qu'on l'enterrât avec lui, parce qu'il trouvait l'idée de s'en séparer tout-à-fait déchirante. On ne lui promit rien précisément et il mourut en contemplant son or. Alors on lui arracha la bourse des mains; ce qui ne se fit pas sans peine. Mais quelle fut la surprise de la famille assemblée, lorsqu'en ouvrant le sac on trouva, non plus des pièces d'or, mais deux énormes crapauds!... Le diable était venu, et en emportant l'âme de l'usurier, il avai emporté son or, comme deux choses inséparables et qui n'en faisaient qu'une.

Il y aura sans doute des gens qui n'approuveront pas la conduit du diable, parce qu'il frustrait la famille d'une bonne bourse mais l'or qu'elle contenait était le fruit de l'usure et de la rapine et d'ailleurs le diable exécutait la volonté du défunt, ce que le héritiers n'eussent pas fait. Quant aux deux crapauds, qu'il eu la malice de laisser dans la bourse, ce fait est plus grave. Mai si l'on ne peut l'excuser, on peut du moins le rendre respectable en quelque sorte, puisque les saints mêmes ont fait de choses de ce genre.

ARITHMANCIE  OU ARITHMOMANCIE

Divination par les nombres. Elle se pratiquait et se pratique encore d'une multitude de manières. L'une d'elles, qui était en usage chez les Grecs, consistait à considérer le nombre et la valeur des lettres (on sait que, dans la plupart des langues orientales anciennes, les lettres de l'alphabet désignaient aussi des chiffres). De deux combattants, celui dont le nom correspondait au plus grand total obtenu devait avoir la victoire. C'est la raison pour laquelle, disait-on, Achille devait vaincre Hector. Une autre espèce d'arithmomancie, était connue des Chaldéens : ils partageaient leur alphabet en trois décades et changeaient en lettres numérales les noms de ceux qui les consultaient et rapportaient chaque lettre à quelque planète de laquelle ils tiraient des présages. On a dit que les platoniciens et les pythagoriciens étaient très adonnés à ce genre de divination, mais on ne dit pas quels platoniciens ni quels pythagoriciens. Du moins existe-t-il, quant à l'onomancie , des recherches infiniment plus sérieuses et correspondant à des techniques qui s'emploient encore aujourd'hui. Une forme fort intéressante d'arithmomancie dérive soit de la Kabbale, soit du Tarot : elle consiste à considérer les caractéristiques qualitatives des nombres — qui sont alors examinés selon des lois de combinaison tout à fait spéciales.

Par exemple, le nombre trois est apparenté aux petites choses (en maison III astrologique : les petits écrits, les petits déplacements ; en cartomancie à cinquante-deux cartes, comme en taromancie, les trois con-cernent des petites joies, des petits événements, etc.). Mais si, selon une règle quelconque de mancie, on a ensemble trois et cinq, on interprète selon une valeur symbolique dérivant qualitativement des précédents, et non quanti­tativement ; c'est-à-dire que ce ne sera ni le symbolisme de huit ni du cin­quante-trois, ni du trente-cinq. La valeur secrète représente par exemple un des modes de passages fort utilisé.

La géomancie arabe, outre l'aspect technique sous lequel nous l'avons présentée (voir ce mot), comporte un symbolisme numéral très savant, qui entre pour une part dans l'utilisation qu'en font les grands géomanciens. En Chine, le Ha-Do, que nous avons présenté surtout en fonction de ses cor­respondances philosophiques, sert aussi de système mantique. Les nombres y ont des valeurs symboliques tirées des Pa-Koi.

On peut voir un fondement de l'arithmomancie dans des phénomènes d'angoisse communs aux enfants proches de l'adolescence et aux psychasthé­niques. Qui n'a pas, à une époque de sa vie, mis toute son application à ne pas marcher sur les joints des bordures de trottoir ? et à y mettre aussitôt le pied droit après y avoir par inadvertance mis le pied gauche ? Le deux annule le maléfice du un, autrement dit, la symétrie rassure sur le plan des angoisses instinctives. Sur le plan de l'angoisse métaphysique, il y a inversion, et c'est le un qui est de bon présage (tous les as, l'unité divine, et tout le symbolisme de l'unité). Au contraire, le deux est un manque. Il est à la fois la négation de un, et à ce titre, diabolique (le bouc opposé à la licorne) et l'appel du trois (le deux crée l'équilibre instable, à l'inverse du trépied, les choses vont par trois puisque jamais deux sans trois, etc...). Deux est donc l'imperfection.

En un mot, c'est très profondément en nous et dans le symbolisme naturel qu'il faut chercher les règles de l'interprétation arithmomantique. Cela est si vrai que les nombres n'ont de signification que dans la mesure où ils cor­respondent pour nous à une notion vécue (l'unité, le couple, le trépied, les doigts de la main, etc...) : le nombre 1.354, dont nous n'avons aucune idée expérimentale, n'a pas de sens en soi. Pour les besoins de la mancie, on le ramène (par réduction théosophique, réduction secrète, etc...) à un nombre connu. Il est d'ailleurs typique de remarquer que tous les livres consacrés aux nombres partent d'un bon élan, puis ne savent plus très bien quoi dire à partir de quatorze ou quinze. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, dans ce dictionnaire, nous avons évité de consacrer des articles aux nombres qui n'ont pas de signification naturelle évidente.

On peut enfin compter, parmi les formes les plus populaires d'arithmo­mancie, la prédiction par les dés, les patiences et les réussites : on sait que, dans ces dernières, les cartes ne jouent pas selon leur valeur, mais leur caractère de quadruple suite ; la réussite pose des problèmes numériques d'arrangement comportant un nombre défini de compatibilités et d'incompa­tibilités, pour aboutir à une alternative. C'est une arithmomancie du un et deux.

ARITHMOSOPHIE

On lira aux mots NOMBRES, NUMEROLOGIE, NOMBRE D'OR, et aux différents articles consacrés aux pre­miers nombres entiers (un, deux, etc...) ce qui peut être dit et pensé à propos des nombres. Leurs vertus symboliques et représentatives sont si variées et si riches qu'on en a souvent fait la clef de voûte de la pensée et de la nature. En réalité, ils ne sont qu'un aspect de l'un et de l'autre. De nombreux phi­losophes, après avoir découvert la structure du monde en suivant la filière du symbolisme numéral, ont prolongé leurs études arithmologiques d'une arithmo­sophie — c'est-à-dire d'une clef de la sagesse par les nombres : nous dirions aujourd'hui une philosophie du nombre. Les grandes écoles arithmosophiques sont celles de Pythagore et la Kabbale moderne.

Nous croyons fermement qu'il ne convient pas de reprocher à Pythagore d'avoir ignoré le calcul intégral et nos découvertes modernes — pas plus qu'il ne convient de reprocher à la Kabbale juive de retrouver partout la présence de Jéhovah. Chacun emploie la langue et les connaissances de son temps ; s'il s'en sert convenablement, les conclusions restent valables. Mais on souhaiterait qu'à la lumière des connaissances contemporaines, l'arithmo­sophie se renouvelle. Certes, il ne manque pas d'arithmosophes ; mais il se passe dans ce domaine ce qui se passe dans celui de l'astrologie : les plus scientifiques oublient de faire table rase. Deux attitudes et deux seules sont possibles dans la recherche arithmosophique : ou bien on recherche dans la tradition les éléments les plus assurés et l'on reconstruit d'une façon critique en assumant des faits de plus en plus variés — ou bien on part des faits mathématiques centraux (le nombre r, les invariants, les nombres entiers, etc...). Entre les deux se situe l'océan des spéculations gratuites.

ARMEES PRODIGIEUSES

Apparition, dans le ciel ou les lointains, de troupes généralement nombreuses et bruyantes, composées, selon la Tradition, d'âmes errantes de soldats.

ARMOMANCIE

Divination qui se faisait par l’inspection des épaules. On juge encore aujourd’hui qu’un homme, qui a les épaules larges, est plus fort qu’un autre qui les a étroites.

ARNAUD DE VILLENNEUVE

Alchimiste et astrologue du X ème siècle. Fut accusé de magie.

ARSE VERSE

(De Averte ignem: détourne le feu). Inscription que les Anciens inscrivaient sur la porte de leur maison pour détourner l'incendie.

ART DES ESPRITS

Méthode d'invocation utilisée et définie par Swedenborg.

ARUSPICES

Ministres de la religion, chez les Romains, insti­tués, disait-on, par Romulus, et chargés spécialement d'examiner les entrail­les des victimes pour en tirer des présages. De tous les Italiens, les Etruriens étaient les plus savants aruspices. C'est de leur pays que les Romains fai­saient venir ceux dont ils se servaient et ils envoyaient même tous les ans en Etrurie un certain nombre de jeunes gens pour s'instruire dans cette science. De peur que cet art ne vînt à s'avilir par la qualité des personnes qui l'exer­çaient, on choisissait ces jeunes gens parmi les meilleures familles.

Les aruspices examinaient :

1 °) les victimes avant qu'on les ouvrît ;

2 °) les entrailles, après l'ouverture ;

3 °) la flamme qui s'élevait des chairs brûlées ;

4 °) la fleur de farine, l'encens, le vin et l'eau qui servaient aux sacrifices.

Et d'abord, ils devaient observer si les victimes étaient traînées de force aux autels, si elles échappaient de la main de leur conducteur, si elles éludaient le coup et bondissaient et mugissaient en le recevant, si leur agonie était lente et douloureuse tous pronostics sinistres comme les signes contraires étaient favorables. Lorsque l'animal était ouvert, ils exa­minaient la couleur des parties intérieures. Un double foie, un coeur petit et maigre, étaient de malheureux présages. Mais le plus funeste de tous était quand le coeur venait à manquer (?). Ainsi, le jour où César fut assassiné, on n'en trouva point dans les deux boeufs qu'on venait d'immoler. Les entrailles tombaient-elles de la main du prêtre, étaient-elles plus sanguinolentes qu'à l'ordinaire, ou la couleur en était-elle pâle et livide, ces signes indiquaient des désastres imminents et une ruine prochaine. Quant à la flamme, il fallait, pour que l'augure soit heureux, qu'elle s'élevât avec force et consumât promptement la victime, qu'elle fût claire, transparente, sans mélange de fumée, ni de couleur rouge ou noire ; qu'elle ne fût pas pétillante mais silencieuse et qu'elle affectât une forme pyramidale. Elle présageait au contraire les plus grands malheurs si elle avait de la peine à s'allumer, si au lieu de s'élever en droite ligne elle décrivait des lignes courbes, si, au lieu de saisir la vic­time, elle ne l'attaquait que graduellement, si elle venait à être dispersée par le vent ou éteinte par une pluie soudaine, ou si elle laissait quelque par­tie de la victime sans la consumer. Pour l'encens, etc..., leur devoir était d'observer si tous ces objets avaient la qualité, le goût et l'odeur requis. Le collège des aruspices avait, comme tous les autres, ses registres et ses mé­moires ; et son art formait une science nommée Aruspicina.

On peut sourire de l'Aruspicina ou de la crédulité des Romains. Du fait que les boeufs sacrifiés le jour de l'assassinat de César n'aient pas de coeur, on peut déduire que les aruspices faisaient les prédictions, autant que les entrailles des victimes. Par ailleurs, ces fonctions sanglantes pouvaient dé­clencher un état émotionnel intense, propice à une clairvoyance très entraî­née d'autre part. Enfin, comme nous l'avons dit dans notre première partie, tout peut être support de voyance. A supposer que les jeunes gens sortant de grandes familles romaines soient de piètres devins, il faut supposer que leur collège comportait quelque clairvoyant qui décrétait l'essentiel. Il_ serait en effet impensable qu'une telle institution ait pu se perpétuer plusieurs siècles de la façon la plus officielle si tous ses pronostics s'étaient révélés faux.

D'un point de vue plus général, il est intéressant de noter, selon une remarque de jean Carteret, que les Augures renseignaient sur l'événement visible (décisions tactiques dans une bataille, etc...). Les Aruspices, interro­geant les entrailles — c'est-à-dire le domaine végétatif caché — se mettaient analogiquement en rapport avec l'inconscient profond du peuple romain, Aussi leurs arrêts étaient-ils, le plus souvent, afférents aux mouvements invi­sibles de l'opinion et du destin de Rome.

ARZEL

Nom donné aux chevaux portant une marque blanche au pied arrière droit, et qui avaient la réputation d'avoir un sort malheureux dans les combats.

ASAD

Nom arabe de la planète Mercure.

ASCETISME

On ne peut mieux situer l'ascétisme qu'en rap­portant l'anecdote suivante attribuée au Bouddha, et que cite d'ailleurs Alexandra David-Neel dans son livre très objectif sur le Thibet : le Bouddha, traversant un jour une forêt, rencontra un yogi squelettique, vivant seul dans une hutte. Il s'approcha de l'anachorète et apprit qu'il pratiquait une ascèse austère depuis vingt-cinq années. « Quels résultats avez-vous tirés d'un aussi long et aussi dur effort ? » demanda le Bouddha. — « Je suis capable de marcher sur l'eau », répondit le yogi avec quelque fierté. — « Mon pauvre ami ! rétorqua le Bouddha ; que de temps perdu alors qu'il est si simple de prendre un bateau ! »

On sait que le Bouddha lui-même avait consacré des années à la pra­tique de l'ascétisme et qu'il était sorti de cette épreuve sans la renier, mais pour reprendre une vie normale. Faut-il entendre par là que l'ascétisme doit correspondre à une phase préliminaire de l'élévation spirituelle ? La ques­tion est grave. On sait que le christianisme prône les mortifications et que huit sur dix des autres religions du monde ont leurs ascètes. A notre avis, il faut distinguer, dans la question de l'ascétisme, un certain nombre de fac­teurs indépendants. En premier lieu, il est certain qu'un régime de haute nutrition et de large dépense sexuelle se prête mal au repos d'esprit qui est requis pour la culture intérieure ou psychique. Du moins en est-il ainsi pour celui qui vit comme nous vivons et conserve encore de multiples attaches in-conscientes et affectives avec le monde. Dans le premier temps d'une initiation, il est certainement recommandable, au nom du bon sens, d'être sobre et calme.

En deuxième lieu, l'ascétisme relatif ou total, recommandable pendant tout le temps où l'adepte se vide de ses attaches affectives, n'a plus aucun intérêt le jour où la participation s'accomplit sans remous, où la technique de maîtrise est assez développée pour que rien ne vienne plus mélanger ce qui est ceci et ce qui est cela, où le discernement est assez assuré pour ne pas donner à la satisfaction des besoins une importance qu'elle n'a pas.

En troisième lieu, les prétextes invoqués par les pêcheurs d'absolu, et qui consistent à dire que l'idéal serait de ne rien céder au corps matériel, procèdent d'un point de vue dangereusement abstrait, systématique et lou­foque. Pourquoi ne pas pousser la fantaisie jusqu'à cesser tout à fait de manger et de boire ? Et puisqu'il faut s'arrêter quelque part sur cette voie, pourquoi maintenir de force un taux d'existence aussi anormal?

En quatrième lieu, il faut absolument distinguer ce qui ressortit à un désir de domination de soi-même ou à une nécessité transitoire d'entraîne­ment, de ce qui procède de l'auto-punition. Il est hors de doute que le com­plexe de culpabilité fait le fond de beaucoup de comportements masochistes prenant bien gratuitement les apparences de la sainteté. Il est normal et né­cessaire que tous les courants de civilisation passent chacun à leur tour par une phase auto-punitive, castrative ; mais il ne faut pas confondre une con­tingence évolutive avec un principe métaphysique, éternel, intangible et uni­versel.

En cinquième lieu, il faut faire une distinction nette entre l'ascétisme sexuel et les autres formes d'ascétisme. On sait que le jeu des Interdits, composant ce que la psychanalyse appelle la morale archaïque, procède d'un ensemble de réflexes conditionnés datant des premiers âges de l'humanité et entretenus par le sur-moi. Les interdits n'ont pas tous la même valeur ni le même potentiel — et la place privilégiée du péché originel dans de nom­breuses religions le montre clairement. Dès lors, les interdits sexuels persis­tent alors même que les interdits des plaisirs profanes et de la nourriture sont levés depuis longtemps. Chaque religion a trouvé une explication à cette réalité de fait, mais personne ne semble l'avoir située sur son vrai plan. L'Inde a exprimé sous la forme la plus logique cette preuve apparente que la force de Kundalini devait être réservée afin que, privée d'exutoire, elle aille fleurir dans les sphères supérieures de l'être humain. Comme le principe de la conservation de l'énergie est, en fin de compte, un principe rationnel, notre conscience angoissée a sauté sur l'explication et fait de la chasteté un moyen d'évolution. Hélas ! les principes rationnels ont une valeur des plus contingentes, et l'axiomatique contemporaine le démontre avec éclat. Le feu ne s'amoindrit pas lorsqu'il se communique : il en tire au contraire plus d'ar­deur et de vitalité.

En sixième lieu, le développement des facultés psychiques en son début bénéficie du calme, c'est vrai, mais c'est transitoire, nous l'avons vu. Les pseudo-mages et mauvais psychistes qui cultivent l'ascétisme sans que per-sonne le leur demande font un double trafic : d'une part, ils cherchent à obtenir par l'inanition larvée et le refoulement sexuel des sensations supra-normales (qui ne sont banalement que des sensations anormales) ; d'autre part, ils profitent de ce paravent de leur philosophie pour satisfaire leurs complexes personnels. D'autres sont buveurs, d'autres morphinomanes et cela n'a plus d'intérêt.

En septième et dernier lieu, le goût du sacrifice n'est pas l'amour de Dieu ; il lui tourne le dos. La vraie manoeuvre est de se libérer suffisamment de son moi, pour pouvoir célébrer Dieu dans la Nature et dans sa Créature sans s'accrocher aux pièges de l'égotisme. Lorsqu'il n'est pas pratiqué à titre de méthode expérimentale, ou de phase transitoire d'entraînement, l'ascétisme est la signature d'une faiblesse.

Enfin, la psychanalyse nous explique que le voeu de chasteté prononcé avant que l'Amour de Dieu ait réalisé lui-même et spontanément une subli­mation totale, constitue un danger réel, même du point de vue de la vie mystique, appelée à donner de fallacieux résultats. Il est à remarquer d'ailleurs qu'au fur et à mesure que l'humanité se psychanalyse par le déroule-ment des événements, le respect des interdits diminue, la pratique de l'ascé­tisme pour lui-même perd de sa vogue. C'est le franchissement d'un pas important.

ASGARD

Mythologie nordique, (Enclos-des-Ases) La demeure des Dieux Ases et peut-être Asaheim également. C'est donc l'un des neuf Mondes de l'Univers, terre des Aesirs. Situé sur le plan le plus haut du cosmos, il est entouré par un haut mur de bloc de pierres trés compact. L'edification de cette place forte a été réalisé par Hrimthurs, un géant tailleur de pierre, qui demanda la main de Freyja ainsi que la Lune et le Soleil en échange de son travail. Odin, convaincu par Loki, accepta mais s'il terminait les travaux en six mois, ce qui était irréalisable. Pourtant, les Dieux acceptérent qu'il utilise son cheval, Svadilfari, ce qui lui permit d'achever son labeur à trois jours de l'ultimatum, seule une porte d'entrée restant à achever.
Loki se transforma alors en jument et déconcentra le cheval du tailleur de pierre qui ne put achever son oeuvre.
Se révélant alors être un Géant de la glace, Hrimthurs fut tué par le Dieu Thor à l'aide de son marteau.
Au centre d'Asgard s'étend la plaine d'Idavoll (ou Ida) où les Aesir se regroupe pour les décisions importantes. Ceux-ci se rassemblent également dans le Palais de Gladsheim et les Déesses dans celui de Vingolf. Les Dieux se rencontrent parfois prés du "Puits d'Urd", au-dessous des Racines d'Asgard reliant celles du Frêne Yggdrasil.
Au même niveau qu'Asgard se trouve les mondes d'Alfaheim, Vanaheim et le Valhalla. Un chemin aérien le relie à Midgard, ce pont arc-en-ciel se nommant Bifrost.

ASK

Mythologie nordique, Le premier homme. Aprés qu'Odin et ses frére, Ve et Vili, aient crée l'Univers et les Neuf Mondes, ils marchérent sur la plage trouvant deux rondins de bois échoués. Ils les sculptérent alors sous une forme humanoïde. Odin leur insuffla l'esprit de vie, Vili leur donna l'intelligence, le coeur et les sentiments tandis que Ve leur accorda les sens, les expressions et la parole. Plus tard, les fréres leur confectionnérent des habits et des noms. L'homme fut nommé Ask (fréne) et la femme Embla (Orme ou Aulne). Ils devinrent les géniteurs de la race humaine et Midgard leur fut donné comme résidence.

ASTRAGALOMANCIE

Divination qui se pratiquait à l'aide d'osselets marqués de lettres (dans l'antiquité grecque). Cette divination fut aussi employée à Rome, avant que la tradition s'en perde et que le jeu d'os­selets devienne un simple jeu d'adresse ou de hasard.

ASTROITE

Pierre dont il est question dans les oracles de Zo­roastre. Elle possède, disait-il, le pouvoir d'apaiser le démon terrestre si elle lui est offerte en sacrifice. On prétendait aussi qu'elle avait la vertu d'évoquer les génies et d'en obtenir les réponses qu'on souhaitait.

ASTROLOGIE        

Divination par les astres.

ASPIDOMANCIE

Divination peu connue qui se pratique aux Indes, selon quelques voyageurs. Delancre  dit que le devin ou sorcier trace un cercle, s’y campe assis sur un bouclier, marmotte des conjurations, devient hideux, et ne sort de sont extase que pour annoncer les choses  qu’on veut savoir, et que le diable vient de lui révéler.

ASTRONOMANCIE

Divination par les astres. C’est la même chose que l’astrologie.

ATHANORE

Matrice en forme d'oeuf où s'opère la transmu­tation des alchimistes. Par extension, on donne aussi le nom d'athanore au fourneau qui contenait le vase philosophique, c'est-à-dire l'Aludel . On emploie aussi quelquefois ce nom pour désigner le vase du Graal. La forme ovoïde de cette matrice n'a pas seulement un intérêt symbolique, mais aussi magique . Les formes ont des vertus propres, qui s'expliquent, d'une part, par l'analogie et, d'autre part, par les caractères propres des forces mises en jeu

ATKALLA ANDA OR LOPTER

Magie islandaise moderne permettant d'évoquer les esprits aériens.

AT SKILIA FUGLS ROEDD

Magie de la tradition moderne islandaise, réservée aux princes et aux rois, et basée sur l'interprétation du chant des oiseaux.

ATTRACTION

L'attraction qui peut s'exercer entre deux êtres est un phénomène plus complexe que l'antipathie et la sympathie. L'être humain est en effet complexe, et il évolue : une attraction physique peut s'accompagner d'une indifférence intellectuelle, une attraction affective peut s'accompagner d'une antipathie physique, etc... ; en outre, une attraction peut se muer en répulsion, etc... Dès lors, on voit qu'il est impossible de traiter globalement des lois qui déterminent une attraction. De cette première question celle d'une attraction profonde et durable entre deux êtres il faut distinguer tout ce qui relève de l'attraction passagère et artificielle telle que sont destinées à les produire les philtres d'amour et pantacles construits en vue d'un « retour d'affection » ou d'un charme polyvalent.

Au sens général, une attraction entre deux êtres est tributaire d'une répar­tition heureuse entre leurs ressemblances et leurs dissemblances. Elle procède donc à la fois d'identités et de complémentarités. Au surplus, elle peut être prolongée, sous des conditions toutes spéciales ; mais en règle générale et en soi, une attraction est passagère parce qu'elle existe entre des ensembles qui évoluent chacun pour leur compte. Par exemple, un homme et une femme ont, à l'âge de vingt ans, un jeu de ressemblances et de caractéristiques com­plémentaires qui crée entre eux un attrait solide. Sauf dans le cas où l'un d'eux se modèle de telle façon qu'il reste avec l'autre dans le même rapport de complémentarité ou encore dans le cas où l'un et l'autre, mus par un idéal commun, ont des évolutions exactement parallèles, il se trouve que les deux mêmes individus, à l'âge de quarante ans, ont des aspirations et des goûts assez divergents pour que l'attraction ait disparu. Elle peut être remplacée par la chaîne des habitudes, ce qui est le cas le plus courant.

Dans ces conditions, il est évident que la comparaison de deux thèmes astrologiques ne peut guère donner que des indications théoriques et extrê­mement peu valables dans la pratique si on ne prend pas la précaution d'envisager les caractéristiques des deux êtres considérés pour la période de leur rencontre. Par ailleurs, la technique courante, qui consiste à superposer deux thèmes et à juger des « bons » et des « mauvais » aspects existant entre les éléments de l'un et les éléments de l'autre, est à la fois simpliste et trompeuse. En effet, la question d'attraction se pose entre la synthèse de l'un et la synthèse de l'autre. Même si l'on veut avoir une idée de l'at­traction physique seule ou de l'attraction sentimentale seule, chacun de ces plans doit être considéré comme une synthèse et non comme une addition d'éléments indépendants. La question est d'autant plus délicate que, nous le répétons, l'attraction ne résulte pas seulement de ressemblances et de complé­mentarités, mais de l'interprétation des ressemblances et des complémenta­rités. Autrement dit, il faut, pour démêler ces recherches, être partiellement astrologue et essentiellement psychologue.

Quant aux philtres et pantacles destinés à accorder le don d'attraction, on y a mêlé beaucoup de faux philtres et de faux -pantacles agissant par suggestion ou auto-suggestion. Les vrais ne diffèrent pas des autres philtres et pantacles et ne relèvent pas, par conséquent, d'une étude spéciale.

AUBRY ( NICOLE )

Fameuse possédée de Laon au seizième siècle. Boulvèse, pro­fesseur d'hébreu au collége de Montaigu, a écrit l'histoire de cette possession qui fit le plus grand bruit en 1566. Nicole Aubry, de Vervins, fille d'un boucher et mariée à un tailleur, allait prier sur le tombeau de son grand-père, mort sans confession; elle crut le voir sortir du tombeau, et lui com­mander de faire dire des messes pour le repos de son âme, qui était dans le purgatoire. Cette jeune femme en tomba malade de frayeur. Comme la maladie ne diminuait pas, on s'imagina que le diable avait pris la forme de Vieilliot, grand-père de Nicole, et qu'elle était maléficiée. Claude Lautrichet, curé, et maître Guillaume Lourdet, maître d'école, conjurèrent l'esprit qui se voulait faire passer pour l'âme ou le bon ange du défunt; mais à ses paroles et à ses effets, dit l'auteur, il fut jugé ange de ténèbres et satanique. Pierre Delamotte, religieux jacobin et grand exorciste, fit avouer à l'esprit qu'il était Belzébut. On ordonna des prières, des jeûnes et des macérations. Un moine se fouetta publiquement pour obtenir l'expulsion du démon. Dans un exorcisme, on fit communier la possédée, et elle cessa de gambader. Un prêtre, transporté de joie, s'écria en parlant au diable : O maître Gonin, te voilà vaincu!... Mais quand une fois l'hostie fut digérée, Satan revint et paralysa les membres de Nicole; elle faillit même d'être emportée par le démon Baltazo. Vingt-neuf autres démons noirs, et sous la forme de chats, gros comme moutons, vinrent renforcer Belzébut. Vingt-six furent chassés à Notre-Dame-de-Liesse; un autre prit la fuite à Pierrepont : mais il déclara que le reste de la meute ne délogerait que devant messire Jean Debourg, évêque et duc de Laon.

Les moines qui étaient à Vervins avec la possédée, la condui­sirent à Laon. Un médecin protestant vint la visiter. L'évêque, redoutant ces visites, ordonna à Spifame, chevalier de Saint-Jean, de donner asile à Nicole Aubry. Peu de jours après, il exorcisa en personne, et chassa Astaroth, qui sortit sous la forme d'un porc, Cerberus sous la forme d'un chien, et enfin Belzébut sous la forme d'un taureau, lequel confessa la pré­sence réelle dans l'eucharistie; puis après il s'éleva une fumée; on entendit deux coups de tonnerre; un brouillard épais entoura les clochers; et le diable disparut dans ce brouillard.

Nicole Aubry étant presque morte, elle fut rendue à la santé par une oraison que saint Bernard avait composée, et que l'évêque récita sur sa tête. Après cela, pour se disposer à lui pendre au cou un papier préservatif, il jeûna toute la journée, suivant l'histoire, chose admirable pour un duc et pair ecclésiastique. Charles IX étant à Laon, le mardi 27 août 1566, se fit rendre compte de ces miracles. Il ordonna qu'on fît venir Nicole Aubry au parc de Marchais. Cette femme parut devant le roi et Caherine de Médicis. Le roi fit donner dix écus au mari de Nicole, et l'affaire n'eut pas d'autres résultats.

AUDUMBLA

Mythologie nordique, "Riche-Vache-à-Cornes" C'est la Vache primale qui nourrit de son lait le Géant Ymir. Elle fut crée du mélange de la glace et de l'aurore du temps dans le gouffre Ginnungagap (le-Gouffre-Béant). Quatres riviéres de lait coulent de ses pis, assez abondamment pour nourrir Ymir, le premier Géant de la glace et le premier être vivant.
Audhumbla survit en léchant le sel et le givre de la glace de Nifheim. Léchant toujours le même salant, elle forma petit à petit le corps entier d'un homme, Buri. Celui-ci eut un fils, Bor, qui épousa la fille d'un géant de la glace, Bestla.
Leurs fils fut les premiers Dieux, Odin, Vili et Ve qui tuérent Ymir se répandant alors en terrible inondation de sang qui noya tous ses enfants de glace hormis Bergelmir et sa femme qui s'enfuirent.

AUGURE

Nom donné à la fois aux présages (événements ou éléments de bon ou de mauvais augure) et aux devins interprétant ces pré-sages. Un augure constituait une sorte de divination qui se faisait par l'in­terprétation du vol des oiseaux et de la manière dont ils mangeaient, ou des météores ou des phénomènes qui apparaissaient dans le ciel. Cet art avait pris son origine chez les Chaldéens, d'où le tirèrent les Grecs et ensuite les Romains. Le Collège des Augures, à Rome, dont le chef s'appelait magister collegie, fut d'abord composé de trois, puis de quatre, puis enfin de neuf augures dont quatre patriciens et cinq plébéiens. La loi des Douze Tables défendait, sous peine de mort, de désobéir aux augures. Lorsqu'ils voulaient proclamer leurs observations, ils montaient sur une tour, se tournaient vers l'Orient, partageaient l'horizon en quatre parts à l'aide d'un bâton en forme de crosse, sacrifiant ensuite aux dieux en se voilant la tête de leurs vêtements.

De tous les météores qui servaient à prendre l'augure, les plus sûrs étaient le tonnerre et les éclairs — bénéfiques s'ils venaient de la gauche parce qu'ils partaient, disait-on, de la droite des Dieux. Les vents s'observaient aussi, mais on ignore lesquels étaient de bon ou de mauvais augure. Les oiseaux dont on observait le vol et le cri étaient l'aigle, le vautour, le milan, le cor-beau — sans oublier les poulets qui jouaient un rôle tout particulier.

Les Gaulois étaient aussi versés que les Romains dans la science augurale. Ils distinguaient Augurium Cceleste, l'augure que l'on tire de la foudre ; Au­gurium Coactum, celui qu'offraient des poulets affamés ; Augurium Imperati­vum, celui que l'on demandait aux Dieux ; Augurium Nauticum, celui que les matelots prenaient sur les oiseaux de la mer ; Augurium Oblativum, celui qui se présentait sans qu'on le demandât.

Dans les temps modernes, on retrouve en Orient comme en Occident une pratique des augures, moins variée d'ailleurs. Les Grecs modernes interprè­tent encore dans les campagnes le chant des oiseaux ; ils interprètent aussi les chants des pleureuses à gages. Pour le reste, c'est devenu une simple superstition, comme il en existe dans tous les pays. Ils évitent, par exemple, de rencontrer le matin un papas (prêtre) ou un moine, présage d'une chute de cheval. Ils détestent aussi, lorsqu'ils sont à jeun, entendre braire un âne, etc... A Madagascar, on consulte les augures grâce à un sable fin prélevé en des endroits spéciaux et qu'on conserve dans une petite calebasse. On répand le sable sur une planche et on y trace avec le doigt des signes divers. Ces signes s'inscrivent plus ou moins et s'effacent plus ou moins. On en tire toutes les déductions voulues.

Pratiquement, les augures ne diffèrent pas des autres procédés divina­toires. Pour se faire une opinion sur les augures, il faut penser que tout peut servir de sup­port de voyance ; que par surcroit, les augures pressentent en certains cas les modes scientifiques d'observation — la météorologie et surtout l'astro­météorologie nous remettant sur la voie des rapports qui unissent les météores aux événements (variations des taches solaires et variations concomitantes des événements politiques ou géographiques, etc...). Par ailleurs, il faut, dans un esprit de justice, ne pas être plus exigeant à l'égard des civilisations pas­sées qu'on ne l'est à l'égard de la nôtre. Ce que l'histoire nous rapporte des augures est un mélange de science et de superstition — tout comme chez nous, l'art de l'accoucheur raconté par les historiens de village paraîtrait un affreux mélange de vérité et de préjugés gratuits, de technique et de pratiques fantaisistes. Tout laisse croire notamment que les Grecs et les Romains, superstitieux de nature, n'en avaient pas moins la tête sur les épaules et savaient à quoi s'en tenir.

Ce qui doit retenir l'attention n'est pas le fait que nous soyons déconcer­tés par l'absence de rapport logique entre le signe et la chose signifiée, mais au contraire le fait que tel signe a toujours une correspondance analogique valable avec l'événement annoncé. A ce titre, la science augurale, les supersti­tions et présages constituent un livre ouvert dans lequel la science contem­poraine peut et doit lire le message et l'image de l'inconscient collectif et de l'inconscient cosmique.

AULI

Petite statuette ou image que font les Opanotates, prêtres de Madagascar, et qu'ils consultent comme des oracles.

AUPETIT ( PIERRE )

Prêtre sorcier, du village de Fossas, paroisse de Paias, près la ville de Chalu, en Limousin; exécuté comme noueur d'aiguillettes et magicien, à l'âge de cinquante ans, le 25 mai 1598. Il ne voulut pas d'abord répondre au juge civil; il en fut référé au parlement de Bordeaux, qui ordonna que le juge laïc connaî­trait de cette affaire, sauf à s'adjoindre un juge d'église. L'évêque de Limoges envoya un membre de l'officialité pour assister, avec le vi-sénéchal et le conseiller de Peyrat, à l'audi­tion du sorcier.

Interrogé s'il n'a pas été au sabbat de Menciras, s'il n'y a pas vu Antoine Dumons de Saint-Laurent, chargé de fournir des chandelles pour l'adoration du diable; si lui, Pierre Aupetit, n'a pas tenu le fusil pour les allumer; et s'il n'a pas demandé à Satan, entre autres choses, de pouvoir séduire femmes et filles : il a répondu que non, et qu'il priait Dieu de le garder de sa figure, ce qui signifie, au jugement de Delancre, qu'il était sorcier.

Interrogé s'il ne se servait pas de graisses, et si, après le sabbat, il n'avait pas lu dans un livre pour faire venir une troupe de cochons qui criaient et lui répondaient : « Tiran, tiran. » ramassien, ramassien, nous demandons cercles et cernes pour » faire l'assemblée que nous t'avons promise; » il a répondu qu'il ne savait ce qu'on lui demandait. Interrogé s'il ne sail pas embarrer ou désembarrer et se rendre invisible étant prisonnier, il répond que non. Interrogé s'il sait dire des messes pour obtenir la guérison des malades, il répond qu'il en sait dire seulement pour les riches; et ce, en l'honneur des cinc plaies de notre Seigneur et de monsieur saint Côme.

Par sentence du 15 juin 1598, du vi-sénéchal et présidiaux, il fut condamné à être brûlé tout vif, et, avant, à être dégradé; et pour ce, renvoyé à l'évêque de Limoges.

Pour tirer de lui la vérité, on l'appliqua à la question. Il avoue qu'il était allé au sabbat; qu'il lisait dans le grimoire; que h diable, en forme de mouton, plus noir que blanc, se faisai baiser le derrière; que Crapoulet, insigne sorcier, lui avai appris le secret d'embarrer, d'étancher et d'arrêter le sang; qui son démon, ou esprit familier, s'appelait Belzébut, et qu'il avai reçu en cadeau son petit doigt;... que ce diable lui avait appri comment il fallait faire pour jouir de telle femme ou fille qu'i voudrait, et de la manière qu'il voudrait. Il déclara qu'il avai dit la messe en l'honneur de Belzébut, et qu'il savait embarre en invoquant le nom du diable, et en mettant un liard dan une aiguillette; il dit, de plus que le diable parlait en langag vulgaire aux sorciers, et que, quand il voulait envoyer du ma à quelqu'un, il disait ces mots : « Vach, vech, stest, sty, stu!

Il persista jusqu'au supplice dans ces révélations.

AURA

On appelle aura l'apparence que prend le corps fluidique, ou quelquefois aussi le corps fluidique lui-même. Dans ce deuxième sens, on explique par exemple par l'existence de l'aura le fait que souvent, avant de rencontrer une personne, nous pensons à elle — alors que de toute évidence elle n'était pas encore en vue et que rien ne permettait de prévoir logique-ment sa rencontre. Cela laisserait supposer que l'aura peut entourer un être d'un halo de dimensions considérables. En métapsychique expérimentale, on admet plutôt que le corps astral se déforme et pousse des prolongements au loin, ce en quoi l'hypothèse ne dépasse pas la constatation des faits, puisque dans certaines conditions le corps astral est visible et qu'il peut, lorsqu'il se déplace loin du corps matériel, être relié à ce dernier par un cordon fluidique.

Au sens le plus courant, l'aura est un phénomène fluidique visible et coloré. Pour percevoir l'aura des êtres, l'obscurité n'est pas requise, mais un entraînement psychique est indispensable. Les êtres n'ont pas tous un aura de même couleur, les plus évolués ayant un aura tirant sur le bleu et les moins évolués un aura tirant sur le rouge. Cette traduction optique corres­pond à une constatation de fait, mais jusqu'alors inenregistrable photographi­quement. A l'oeil, on voit même des auras multicolores et on ne saurait appeler subjective cette constatation que plusieurs observateurs non prévenus et indépendants peuvent faire de manière identique.

L'être humain n'a pas le privilège de l'aura et les animaux semblent percevoir à la fois celles des autres animaux et celle de l'homme, ce qui constitue l'une des explications les plus solides du fait que certaines person­nes peuvent entrer sans risque dans la forêt vierge alors que le chasseur y est en danger. Viviane de Watteville, célèbre par sa grande connaissance de la forêt et sa culture psychique, raconte en un admirable livre toutes les constatations qu'elle a faites à ce point de vue.

Mais, contrairement au corps astral, qui est protéiforme et se présente comme une « matière », l'aura se présente comme un rayonnement ou une lueur. Il est hors de doute qu'il existe une relation entre ces deux choses. Le fait que le corps astral se dédouble lui-même, au cours de certaines expé­riences, en un corps blanc bleuâtre et une luminescence rougeâtre plus adhé­rente au corps matériel semble justifier une communauté d'origine ou de nature.

Bien entendu, il ne faut pas voir, dans le fait des diversités de coloration des auras, une preuve d'existence du plan moral en tant que tel. Cette attri­bution des couleurs bleuâtres et rougeâtres, si elle correspond à un fait optique objectif (il est possible que la rétine soit impressionnée par des éléments incolores ayant le pouvoir de faire vibrer tels filets nerveux plutôt que tels autres, sans qu'on puisse parler de couleurs), peut correspondre à un principe actif et à un principe passif selon le symbolisme du Yin et du Yang, sans que le principe du Bien et du Mal soit le moins du monde en cause. Que cette distinction, qui comporte toute une gamme intermédiaire, traduise une évolution psychique, c'est possible et probable. Mais il faut surtout se méfier de la métapsychique gratuite que les gens de bonne volonté ont ten­dance à placer au faîte des charpentes les plus anodines.

AUTOSCOPIE

Faculté de voir ce qui se passe à l'intérieur de son propre corps. On appelle aussi ce pouvoir andoscopie ou, plus justement, endoscopie. Mais cette dernière appellation s'emploie quelquefois pour la vision à l'intérieur du corps des autres. Il s'agit d'un phénomène de voyance et la pratique de l'endoscopie aussi bien que de l'hétéro-endoscopie est vieille comme le monde. L'histoire la plus reculée relate des consultations de guérisseurs au cours desquelles ce dernier décrit ce qu'il voit dans le corps du patient ou des déclarations de personnes se mettant soudain à décrire leurs propres organes.

Il est à remarquer que les descriptions ainsi relatées portent la marque de leur temps. Telle est l'anatomie connue d'une époque, tel est le cadre général des descriptions faites. Plus exactement encore : comme les visions avaient et ont lieu le plus souvent à l'occasion de consultations pour maladie, la description est fonction des connaissances médicales et anatomo-pathologiques de l'époque à laquelle elle est faite. Parallèlement, les voyants contem­porains pourvus de dons pour l'endoscopie ou l'hétéro-endoscopie voient le corps et les viscères tels qu'ils se les imaginent, c'est-à-dire selon leur culture médicale. C'est d'ailleurs un point intéressant d'étude que de comparer cette anatomie subjective à l'anatomie objective. Celle-ci comporte, par rapport à celle-là, des déformations quasi constantes (exagération du volume oc­cupé par les poumons, minimisation du volume du foie, déplacement de la situation du coeur, de l'estomac, etc.). En faisant la part de ces erreurs et la transposition correspondante, il faut par contre reconnaître que les diagnostics exprimés dans le langage médical propre à une époque sont souvent aussi rapides qu'indiscutables — même et surtout lorsque le patient ignore ses troubles ou anomalies.

A côté de ces faits de voyance, sujets à toutes les réserves et caracté­ristiques exposées ailleurs, il existe une forme d'autoscopie résultant d'un entraînement systématique faisant partie d'une des techniques du Yoga. Toutefois, l'étymo­logie d'autoscopie laisserait penser qu'il s'agit d'une vision spatialisée, c'est-à-dire d'une quasi-perception sensorielle visualisée, alors qu'il s'agit en fait d'une connaissance. Seule, l'imagination transpose (très rapidement d'ailleurs) la connaissance sur le plan des images ; mais c'est là un amoindrissement de la connaissance. Lorsque l'entraînement est poursuivi dans un but de progrès personnel, il faut précisément apprendre à dissocier le phénomène et à en rester au stade de la connaissance pure. A ce titre, précisons que la con-naissance du corps est un des points de culture intérieure qui doit s'entre-prendre dès le début de l'entraînement. Il y a à cela une raison évidente.

AVESTA

Livre sacré composé par Zoroastre (on l'appelle aussi le Zend-Avesta). Plus exactement, le Zend-Avesta est un recueil plusieurs fois perdu et reconstitué des différents textes de base de la religion maz­déenne.

AVRIL

D'aperire, ouvrir, parce que le sein de la terre s'ouvre alors. Ce mois est sous la protection de Vénus. Les Anciens le figuraient sous le signe d'un jeune homme couronné de myrtes, qui danse. Il a près de lui une cassolette d'où l'encens s'exhale, et le flambeau qui brûle dans sa main répand des odeurs aromatiques. On le représente parfois vêtu de vert, il tient le signe du Taureau couronné de fleurs, ou accompagné de Cy­bèle tenant une clef à la main et écartant légèrement son voile.

AXINOMANCIE

Divination par le moyen d’une hache ou cognée de bûcheron. Francois de Terre-Blanca, qui en parle, ne nous dit pas comment les devins maniaient la hache. Nous ne ferons connaître que les deux moyens employées ouvertement dans l’antiquité et pratiqué encore dans certains pays du Nord.

1/ Lorsqu’on veut découvrir un trésor, il faut se procurer une agate ronde, faire rougir au feu le fer de la hache, et la poser manière que le tranchant soit bien perpendiculairement en l’air .On place la pierre d’agate sur le tranchant. Si elle s’y tient, il n’y a pas de trésor ; si elle tombe, elle roule avec rapidité. On la replace trois fois, et si elle roule trois foi vers le même lie, c’est qu’il y a un trésor dans se lieu même ; si elle prend a chaque fois une route différente, on peut chercher ailleurs.

2/ Lorsqu’on veut découvrir des voleurs, on pose une hache a terre, le fer en bas et le bout du manche perpendiculairement en l’air ; on danse en rond a l’entour,jusqu'à ce que le bout du manche s’étende sur le sol : le bout du manche indique la direction qu’il faut prendre pour aller a la recherche des voleurs .Quelques-uns disent que pour cela il faut que le fer de la haches oit fiché en un pot rond :<Ce qui est absurde tout a fait , comme dit Delancre ; car quel moyen de ficher une cognée dans un pot rond, non plus que courbe ou rapiécer ce pot ,si la cognée l’avait une fois mise en pièces !

AYMAR ( JACQUES )

Paysan né à Saint-Véran, en Dauphiné, le 8 de septembre 1662, entre minuit et une heure. De maçon qu'il était il se rendit célèbre par l'usage de la baguette divinatoire. Quelques-uns ont attribué son rare talent à l'époque précise de sa naissance; car son frère, né dans le même mois, deux ans plus tard, ne pou­vait rien faire avec la baguette.

Jusqu'alors, on n'avait employé la baguette qu'à la recherche des métaux propres à l'alchimie. Mais à l'aide de la sienne, Jacques Aymar fit des merveilles. Il prétendait découvrir les eaux souterraines, les bornes déplacées, les maléfices, les voleurs et les assassins. Le bruit de ses talens s'étant répandu, il fut appelé à Lyon en 1692, pour dévoiler un mytère qui embar­rassait la justice. Le 5 juillet de cette même année, sur les dix heures du soir, un marchand de vin et sa femme avaient été égorgés à Lyon, enterrés dans leur cave, et tout leur argent avait été volé. Cela s'était fait si adroitement qu'on ne soupçonnait pas même les auteurs du crime. Un voisin fit venir Jacques Aymar. Le lieutenant criminel et le procureur du roi le conduisirent dans la cave. Il parut très-ému en y entrant; son pouls s'éleva comme dans une grosse fièvre; et sa baguette, qu'il tenait à la main, tourna rapidement dans les deux endroits où l'on avait trouvé les cadavres du mari et de la femme. Après quoi, guidé par sa baguette ou par un sentiment intérieur, il suivit les rues où les assassins avaient passé, entra dans la cour de l'archevêché, sortit de la ville par le pont du Rhône, et prit à main droite le long de ce fleuve.

Il fut éclairci du nombre des assassins, en arrivant à la maison d'un jardinier où il soutint opiniâtrement qu'ils étaient trois; qu'ils avaient entouré une table et vidé une bouteille sur laquelle la baguette tournait. Ces circonstances furent confirmées par l'aveu de deux enfans de neuf à dix ans, qui déclarèrent qu'en effet trois hommes de mauvaise mine étaient entrés à la mai-son, et avaient vidé la bouteille désignée par le paysan. On continua de poursuivre les meurtriers avec plus de confiance. La trace de leurs pas, indiquée sur le sable par la baguette, montra qu'ils s'étaient embarqués. Aymar les suivit par eau, s'arrêtant à tous les endroits où les scélérats avaient pris terre, reconnaissant les lits où ils avaient couché, les tables où ils s'étaient assis, et les vases où ils avaient bu.

Après avoir long-temps étonné ses guides, il s'arrêta enfin devant la prison de Beaucaire, et assura qu'il y avait là un des criminels. Parmi les prisonniers qu'on amena, un bossu qu'on venait d'enfermer ce jour même pour un petit larcin commis à la foire fut celui que la baguette désigna. On conduisit ce bossu dar tous les lieux qu'Aymar avait visités : partout il fut reconnu.

En arrivant à Bagnols, il finit par avouer que deux Provençaux l'avaient engagé, comme leur valet, à tremper dans ce crime; qu'il n'y avait pris aucune part; que ses deux bourgeois avaient fait le meurtre et le vol, et lui avaient donné six écu et demi.

Ce qui sembla plus étonnant encore, c'est que Jacques Aymé ne pouvait se trouver auprès du bossu sans éprouver de grand maux de coeur, et qu'il ne passait pas sur un lieu où il senta qu'un meurtre avait été commis, sans se sentir l'envie de vomir. Comme toutes les révélations du bossu confirmaient les découvertes d'Aymar, les uns admiraient son étoile, et criaient a prodige, tandis que d'autres publiaient qu'il était sorcier. Cependant on ne put trouver les deux assassins, et le bossu fut rompu vif. Dès lors plusieurs personnes furent douées du talent de Jacques Aymar; talent ignoré jusqu'à lui. Des femmes mêmes firent tourner la baguette. Elles avaient des convultions et des maux de coeur en passant sur un endroit où un meurtre avait été commis, et ce mal ne se dissipait qu'avec un verre de vin.

Aymar faisait tant de prodiges, qu'on publia bientôt des livres sur sa baguette et ses opérations. M. de Vagny, procureur du roi à Grenoble, fit imprimer une relation intitulée : Histoire merveilleuse d'un maçon qui, conduit par la baguette divinatoire, a suivi un meurtrier pendant quarante-cinq heures sur terre et plus de trente sur l'eau. Ce paysan devint le sujet de tous les entretiens. Des philosophes ne virent, dans les prodiges de la baguette, qu'un effet des émanations des corpuscules d'autres les attribuèrent à Satan. Le père Lebrun fut de ce nombre, et Mallebranche fut de son avis. Le père Lebrun surtout, dans son histoire des Pratiques superstitieuses, écrivit longuement sur la baguette.

Le fils du grand Condé, frappé du bruit de tant de merveille fit venir Aymar à Paris. On avait volé à mademoiselle de Condé deux petits flambeaux d'argent. Aymar parcourut quelques rues de Paris en faisant tourner sa baguette; il s'arrêta enfin à une boutique d'un orfèvre, qui nia le vol, et se trouva très-offencé de l'accusation. Mais le lendemain on remit à l'hôtel le prix du flambeau, et quelques personnes dirent que le paysan l’avait envoyé pour se donner du crédit.

Dans de nouvelles épreuves, la baguette prit des pierres pour de l'argent; elle indiqua de l'argent dans un lieu où il n'y en avait point. En un mot, elle opéra avec si peu de succès, qu'elle perdit bientôt son renom. Dans d'autres expériences la baguette resta immobile quand il lui fallait tourner. Aymar, un peu confondu, avoua enfin qu'il n'était qu'un imposteur adroit, que la baguette n'avait aucun pouvoir, et qu'il avait cherché à gagner de l'argent par ce petit charlatanisme...

 

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