L'argent qui vient du diable est ordinairement de
mauvais aloi.
Delrio raconte qu'un homme ayant reçu du démon une bourse pleine
d'or, n'y trouva le lendemain que des charbons et du fumier.
Un inconnu,
passant par un village, rencontra un jeune homme de quinze ans, d'une figure
intéressante et d'un extéricui fort simple. Il lui demanda s'il voulait être
riche; le jeune homme ayant répondu qu'il le désirait, l'inconnu lui donna un
papier plié, et lui dit qu'il en pourrait faire sortir autant d'écus qu'il le
souhaiterait, tant qu'il ne le déplierait pas, et que s'il domptai sa
curiosité, il connaîtrait avant peu son bienfaiteur.
Le jeune homme rentra chez
lui, secoua son trésor mystérieux; il en tomba quelques pièces d'or...
Cependant, n'ayant pu résister à la tentation de l'ouvrir, il y vit des griffes
de chat, des ongles d'ours des pates de crapauds et d'autres figures si
horribles, qu'il jeta le papier au feu, où il fut une demi-heure sans pouvoir
se consumer. Les pièces d'or qu'il en avait tirées disparurent et il reconnut
qu'il avait eu affaire au diable.
Un avare, qui était extrêmement riche à force
d'usures, se sentant à l'article de la mort, pria sa femme de lui apporter sa
bourse, afin qu'il pût la voir encore avant de mourir. Quand il la tint, il la
serra tendrement sur son sein, et ordonna qu'on l'enterrât avec lui, parce
qu'il trouvait l'idée de s'en séparer tout-à-fait déchirante. On ne lui promit
rien précisément et il mourut en contemplant son or. Alors on lui arracha la
bourse des mains; ce qui ne se fit pas sans peine. Mais quelle fut la surprise
de la famille assemblée, lorsqu'en ouvrant le sac on trouva, non plus des pièces d'or, mais deux énormes
crapauds!... Le diable était venu, et en emportant l'âme de l'usurier, il avai
emporté son or, comme deux choses inséparables et qui n'en faisaient qu'une.
Il y aura sans doute des gens qui n'approuveront
pas la conduit du diable, parce qu'il frustrait la famille d'une bonne bourse
mais l'or qu'elle contenait était le fruit de l'usure et de la rapine et
d'ailleurs le diable exécutait la volonté du défunt, ce que le héritiers
n'eussent pas fait. Quant aux deux crapauds, qu'il eu la malice de laisser dans
la bourse, ce fait est plus grave. Mai si l'on ne peut l'excuser, on peut du
moins le rendre respectable en quelque sorte, puisque les saints mêmes ont fait
de choses de ce genre.
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